Des ONG dénoncent les «abus systématiques» contre les détenus palestiniens

17/03/2024 mis à jour: 21:05
AFP
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Photo : D. R.

Sur fond de guerre à Ghaza, les prisons israéliennes comptent un nombre record de Palestiniens soumis à des «abus systématiques» et parfois à la torture, dénoncent des ONG israéliennes, appelant la communauté internationale à agir.

Les membres de ces organisations se sont rendus à Genève cette semaine pour alerter l’ONU sur une «crise» majeure dans les prisons du pays où, selon eux, neuf personnes seraient mortes depuis le 7 octobre. «Nous sommes extrêmement inquiets», a déclaré Tal Steiner, directrice exécutive du Comité public contre la torture en Israël, dans un entretien accordé à l’AFP.

«Nous sommes face à une crise», a-t-elle martelé, soulignant qu’«il y a près de 10 000 Palestiniens détenus par Israël, (...) une augmentation de 200% par rapport à une année normale».

Selon Mme Steiner, la situation s’est considérablement aggravée depuis la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas. Israël pilonne la bande de Ghaza depuis l’attaque sans précédent perpétrée sur son sol le 7 octobre par le Hamas, qui a fait environ 1160 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels.

Dans la bande de Ghaza, plus de 31 000 personnes ont été tuées dans les représailles israéliennes, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas.

«Généralisé et systémique»

Depuis le début de la guerre, «la crise dans les centres de détention et les prisons israéliens a été vraiment ignorée», estime Miriam Azem du centre juridique Adalah qui défend les droits des citoyens palestiniens d’Israël.

Elle affirme que son organisation a documenté «19 cas clairs» de torture au sein du système pénitentiaire israélien depuis le 7 octobre, dont des violences sexuelles. «Nous assistons à une utilisation généralisée et systématique de très nombreux moyens pour infliger des tortures et de mauvais traitements aux Palestiniens», a-t-elle déclaré.

L’administration pénitentiaire israélienne assure à l’AFP que «tous les prisonniers sont détenus conformément à la loi» et dit ne pas être au courant des accusations contre elle. Toute plainte déposée par les détenus «sera pleinement examinée», affirme-t-elle.

Les ONG sont aussi inquiètes des conditions de détention dans des installations militaires israéliennes. Au moins 27 Palestiniens seraient morts dans ces lieux de détention depuis octobre, affirme Mme Steiner, estimant que c’est «sans précédent».

Ni l’ONG ni les journalistes étrangers n’ont accès à ces camps et les informations reposent sur des témoignages d’anciens détenus. Selon ces informations, les prisonniers sont souvent enfermés «dans des cages en plein air» où «ils sont menottés, les yeux bandés 24 heures sur 24», rapporte Mme Steiner.

Combattants irréguliers

Les prisonniers doivent dormir à même le sol, battus et privés de soins médicaux, a ajouté Mme Steiner selon laquelle les prisonniers détenus à Ghaza – y compris des enfants – sont régis par la loi israélienne sur les combattants irréguliers, qui les prive de nombreux droits.

Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne explique que les détenus sont emmenés dans les centres de détention pour être interrogés et que «ceux qui ne sont pas liés à des activités terroristes sont relâchés dans la bande de Ghaza».

«Depuis le début de la guerre, un certain nombre de détenus dans les centres de détention sont morts, notamment ceux arrivés dans les centres avec des blessures ou souffrant d’un problème de santé complexe», ajoute l’armée, indiquant qu’à chaque décès, une enquête est menée dont les conclusions sont transmises à la justice militaire.

Il n’y a pas de chiffres officiels mais les ONG estiment qu’environ 1000 personnes sont détenues dans ces camps militaires et qu’environ 600 autres, arrêtées sur le sol israélien le 7 octobre, sont détenues dans le système pénitentiaire israélien.

Les deux responsables d’ONG, toutes deux citoyennes israéliennes, estiment que défendre les droits des Palestiniens est devenu de plus en plus difficile depuis le 7 octobre et affirment avoir subi menaces et injures.

Le traumatisme de l’attaque du Hamas et l’inquiétude pour les otages toujours détenus par le Hamas sont compréhensibles pour Mme Steiner mais «ce n’est pas une excuse pour torturer». «Si Israël peut montrer qu’il détient même ses pires ennemis dans des conditions humaines, ce sera un triomphe.» 

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