Des Jeux méditerranéens festifs et colorés : Oran séduit ses invités

03/07/2022 mis à jour: 02:08
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Photo : D. R.

Festival du raï, celui de la chanson oranaise, du théâtre méditerranéen, fashion week, Salon du livre, festival «Musiqu’elles», tournois de jeux d’échecs, projection de films, divers concerts musicaux, spectacle de ventriloques dans les cafés, théâtre de rue… Tous les coins et recoins de la ville sont ces jours-ci animés, à la grande joie des Oranais et des visiteurs.

La tenue de la 19e édition des Jeux méditerranéens à Oran devra marquer d’une pierre blanche l’histoire de cette ville, et la propulser au rang de cité méditerranéenne digne de ce nom, au même titre qu’Athènes ou Barcelone.

«Il y a un bel été qui ne craint pas l’automne en Méditerranée», serions-nous tenté de dire en paraphrasant Georges Moustaki, un chanteur de surcroît intrinsèquement méditerranéen.

Les Oranais retrouvent leur sang chaud et font la fête du matin au soir, animant de facto la ville et l’égayant autant que faire se peut. Jeudi dernier par exemple, le front de mer, long de plusieurs kilomètres, débordait de noctambules joyeux, qui traînaient leurs guêtres en mangeant des glaces jusqu’aux heures les plus avancées de la nuit.

Il faut dire qu’en marge des différentes compétitions sportives, qui se tiennent un peu partout et drainent à chaque fois un public nombreux, la vie culturelle oranaise s’est également frayée son petit bonhomme de chemin, au point que les gens ne savent plus où donner de la tête.

Festival du raï, celui de la chanson oranaise, du théâtre méditerranéen, fashion week, Salon du livre, festival «Musiqu’elles», tournois de jeu d’échecs, projection de films, divers concerts musicaux, spectacles de ventriloques dans les cafés, théâtre de rue…

Tous les coins et recoins de la ville sont ces jours-ci animés, à la grande joie des Oranais et des visiteurs. «Le déroulement de cette 19e édition à Oran donnera un saut qualitatif aux Jeux méditerranéens, dira Aissa, habitant au centre-ville et rencontré dans un café. Avant cet événement sportif, Oran était pratiquement incolore et indolore.

Franchement, qui se souvient de la précédente édition qui a eu lieu à Tarragone, en Espagne, ou celle d’avant, qui s’est déroulée à Mersin, en Turquie ? Il s’était agi d’événements proprement locaux, qui n’ont eu pour seuls échos que la presse régionale de ces pays respectifs. A Oran, on a organisé une manifestation d’envergure. Gageons que les futures éditions, à commencer par la prochaine qui aura lieu à Tarrente, en Italie, susciteront davantage d’intérêt et connaîtront un plus grand engouement.»

Samira, rencontrée près de la gare d’Oran, attendait des amis qui venaient de Béjaïa spécialement pour les Jeux. Elle comptait les emmener le jour même à Saint-Hubert pour voir, à 18h, le match de tennis opposant, dans un double-jeu, les Portugaises M. Alves Campino et M. Fonte à leurs homologues algériennes I. Bekrar et I. Ibbou. «Je suis très contente qu’une ville méditerranéenne par excellence, en l’occurrence Oran, puisse être, le temps de ces Jeux, le joyau de la Méditerranée. C’est une ville qui est connue et reconnue pour son aspect joyeux. C’était vraiment la ville qu’il fallait choisir en Algérie pour recevoir de telles activités. En conclusion, c’est très positif pour les Oranais, que ce soit pour les jours présents ou les jours à venir», dit-elle.

Fethi, un manutentionnaire, est lui aussi content de cette ambiance qui prévaut en ce moment dans sa ville et cela malgré, dit-il «el hadra ez-zayda» (l’ergotage, ndlr) de certains «qui sont sourcilleux sur des détails». Travaillant en nocturne dans un dépôt d’usine, il nous dira avoir vu là-bas la cérémonie d’ouverture. «On était au travail et on l’a vue sur nos smartphones. On n’a pas raté l’inauguration tout en travaillant très durement. On était une vingtaine. Je compte bien, si j’ai le temps, aller voir quelques compétitions durant cette semaine.»

«Une opportunité pour la ville»

Hakim, lui, se veut plus nuancé. «Malgré un arrière-plan morose que vit le pays, l’événement en lui-même est une opportunité pour la ville. J’en suis très content. La ville manque cruellement de contact avec l’extérieur, j’aimerais qu’il y ait un nouveau départ et qu’Oran redevienne une ville cosmopolite», ajoutant qu’il s’attendait à ce que chacune des délégations étrangères vienne accompagnée de ses supporters, ce qui aurait fait d’Oran, fut-ce à titre provisoire, une destination touristique par excellence, qui n’aurait rien à envier à d’autres villes du bassin méditerranéen. Abdelhafid, lui, n’y va pas avec des pincettes, et nous divulgue, à propos des Jeux méditerranéens à Oran, le fond de sa pensée.

«Bien que j’ai pleinement conscience que ces JM n’ont pas la même envergure que les JO, ce que je trouve d’intéressant, c’est qu’ils apportent de la visibilité à Oran, au moins sur le plan méditerranéen. Mais encore, un événement pareil, en principe, ça devrait être bon pour le commerce avec le flux d’étrangers qui sont là. Normalement, nos artisans doivent en profiter, car c’est l’occasion ou jamais pour eux de vendre les produits du terroir.»

Il affirmera aussi que si avec un tel événement, la machine économique, avec ce que cela inclut de restauration, hôtellerie, etc., ne démarre pas, «c’est qu’on aura raté une occasion unique». Au-delà de cet aspect, le plus important à ses yeux, par la tenue d’une telle manifestation à Oran, est d’avoir gagné des infrastructures nouvelles et que les anciennes, à l’image du palais des sports, aient été retapées.

«C’est l’occasion pour les autorités, que ce soit la DJS, l’APC ou la wilaya, de mettre en place un système d’entretien. Je vois ces jours-ci plusieurs opérations de balayage au centre-ville, il faudrait que ce soit la règle à l’avenir. C’est l’occasion à saisir pour prendre de bonnes habitudes. Parce que notre malédiction et notre point faible, c’est le manque de considération qu’on donne au facteur ‘‘entretien’’. Pourquoi les infrastructures en Europe, bien qu’elles aient un demi-siècle, donnent l’impression qu’elles viennent d’être construites ? Parce qu’il y a l’entretien !»

Il dira aussi espérer que ces infrastructures, à l’image de la piscine de M’dina J’dida, soient utilisées en permanence après les Jeux. «J’espère qu’ils trouveront une solution pour que la piscine de M’dina J’dida redevienne publique et celle du complexe olympique soit dédiée aux entraînement des sportifs d’élite. En rouvrant, après les Jeux, la piscine de M’dina J’dida au public, les gens pourront aller faire trempette à deux pas du centre-ville. Il faut dire qu’on manque cruellement de ce genre d’infrastructures.»

Il soulignera que c’est l’occasion de repenser la façon de gérer, «quitte à établir une politique nationale de gestion et d’entretien de toutes les infrastructures et acquis de toutes sortes. Après cette quinzaine de Jeux, une fois que les lampions éteints, il faudra laisser des veilleuses. Ça consistera, au niveau du Village olympique, par son exploitation en organisant différents Salons, d’arts plastiques, artistiques où les gens pourront loger à moindre coût».

Pour lui, il faut non seulement entretenir ces acquis mais encore les exploiter à souhait et tout le long de l’année, car, conclut-il, «ne croyez pas qu’en fermant une infrastructure, vous allez la préserver, au contraire, elle s’effritera davantage !»

Hamida nous confie, elle, que son unique appréhension, est qu’on retrouve notre train-train quotidien une fois les Jeux terminés. «Il ne le faut pas ! Si nous nous targuons d’être une ville méditerranéenne digne de ce nom, il faut qu’on garde ce même rythme et cette même effervescence, non seulement tout l’été mais encore tout le reste de l’année. J’ai bon espoir pour cela !»

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