Des embouteillages à longueur de journée : Alger suffoque !

21/12/2024 mis à jour: 09:05
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Photo : D. R.

Des embouteillages à longueur de journée. Des automobilistes contraints de passer des heures au volant. Un stress au quotidien pour ces automobilistes «obligés» d’utiliser leurs véhicules pour se rendre au travail, déposer leurs enfants à l’école ou pour tout autre déplacement. Les solutions adoptées jusque-là pour décongestionner le trafic routier n’ont pas donné les résultats escomptés. Mise en place des feux tricolores, nouveaux axes routiers et nouvelles lignes de transport urbain sont parmi les mesures mises en œuvre. Mais la capitale suffoque toujours !

Temps perdu, attentes déprimantes, coûts de carburants élevés et atteintes à l’environnement, les embouteillages constituent un véritable «fléau» dans les grandes villes. Alger en est l’exemple édifiant avec ces routes bouchonnées à longueur de journée. Même les voies du tramway ne sont pas épargnées. Avec 300 000 véhicules en circulation par jour, sur la rocade sud (Tipasa-Réghaïa) et près de 200 000 véhicules/jour sur l’autoroute Est, la capitale étouffe.

Elle suffoque ! En l’absence de statistiques exactes et d’autres alternatives pour assurer une meilleure mobilité des Algérois, plusieurs affirment que les trajets domicile-travail s’effectuent en voiture. Les conséquences sont là : des bouchons interminables dès les premières heures de la journée. Si auparavant la fluidité était de retour en dehors des heures de pointe, ce n’est pas le cas actuellement. En effet, le site Info trafic Algérie qui donne des détails sur le trafic automobile en temps réel n’enregistre plus de créneaux fluides, à l’exception de quelques tranches horaires nocturnes.

Un flux important, avec une tendance qui s’accentue. «Je passe au minimum 4 heures par jour quotidiennement en aller-retour, alors qu’il s’agit d’un trajet qui peut être fait en 28 minutes !», témoigne Karima qui travaille pour une compagnie d’assurance à Dély Ibrahim et qui habite à Alger-Centre. Sa collègue Imène vient de Bordj El Kiffan. Un cauchemar au quotidien. «J’arrive au bureau exténuée. Une deuxième journée qui commence pour moi avant d’entamer une troisième pour chercher les meilleures alternatives de retour.» C’est normal donc de combiner notre retour selon le trafic de manière à quitter le bureau avant l’heure, témoigne Souhil, expert-comptable à Chéraga.

Pour éviter les «mauvaises surprises», certains préfèrent alors scolariser leurs enfants à côté des lieux de travail. Ce qui complique davantage la situation ! Les retards sont quotidiennement signalés à l’école. Mercredi 4 décembre en pleine période des compositions, par exemple, plusieurs écoles à Baba Hacen ont vu retarder leurs compositions du matin. Motif : transport scolaire coincé dans l’embouteillage à cause d’un accident de la circulation à Ben Aknoun.

25 projets à Alger

En Algérie, il n’existe pas d’analyse de données de circulation automobile pour mesurer l’ampleur des conséquences, soit le temps perdu en route. Plusieurs espérèrent des solutions, toujours en chantier. Pour alléger cette pression, trois niveaux d’intervention sont établis par le ministère des Travaux publics. D’abord, la finalisation du réseau routier de base en reliant toutes les routes pour répartir la densité du trafic et offrir plusieurs options aux usagers. Puis l’élimination des points noirs en modifiant certaines sections de routes ou intersections sujettes à de fortes congestions, à travers des corrections géométriques ou la construction d’échangeurs ou d’ouvrages d’art.

Enfin, l’élargissement des axes routiers dans les zones à forte densité démographique et les pôles urbains en vue d’augmenter leur capacité. En détails, il existe au total 25 projets à Alger, dont certains viennent d’être livrés, d’autres en cours de réalisation, alors que plusieurs autres réflexions sont lancées et en cours d’étude. Ce qui peut d’abord désengorger essentiellement la partie ouest d’Alger est l’évitement d’El Achour, reliant l’Ecole de la sécurité sociale au niveau de 5 Juillet à Khrassia au niveau de la deuxième rocade.

Le tronçon de 10 km sera livré au premier trimestre de 2025, selon Hamou Harfouche, subdivisionnaire des grands projets de la direction des travaux publics (DTP) d’Alger. Un tronçon, une fois livré dans sa totalité, peut réduire la durée de trajet à 20 minutes entre  Birtouta et le centre-ville d’Alger.  Ce tronçon autoroutier, très attendu par les usagers,  de deux voies x 3 réduira le trajet entra Baba Hacen et le stade 5 Juillet. L’axe dont les travaux sont avancés à plus de 80% rendra la circulation plus fluide entre Khraïssia et Boufarik notamment. Vient ensuite le projet qui sera livré au même échéancier reliant Staouéli à Sidi Fredj.

C’est toute la zone industrielle avec le dédoublement de la RN11 et la RN48 qui sera désengorgée. Sur 15 km, il contient 9 ouvrages d’art dont 7 sont déjà achevés. Durant la saison estivale, si les usagers mettent deux heures entre Azur Plage et Palm Beach, soit 5 km seulement, ce nouveau tronçon leur facilitera davantage la circulation. L’échangeur Birkhadem-Saoula sur 2,7 km, aussi en réalisation, rendra aussi la circulation plus fluide. Les travaux sont à 50%.

Le même projet se croisera aussi avec un autre évitement de la ville de Saoula dont les travaux sont à 80%, selon toujours Hamou Harfouche de la DTP d’Alger.  Ce dernier tronçon sera également lié au nouveau dédoublement du chemin wilayal 111. Ces trois derniers projets constitueront une boucle autour de Saoula et Draria. Chéraga, l’un des points noirs d’Alger, sera également désengorgé avec la finalisation prochaine de dédoublement du CW111 reliant cette ville à Aïn Benian sur 5,6 km. Les travaux sont sur le point d’être finalisés, sachant que la DTP n’attend pas la finalisation entière des projets pour leur ouverture à la circulation.

Nouveaux axes

«Nous ouvrons les nouveaux tronçons au fur et à mesure de leur achèvement», explique le même responsable. En février 2025, le dédoublement de la RN38 sur 9 km entre Gué de Constantine et El Harrach sera ouvert à la circulation. Plusieurs axes sont en chantier pour le dédoublement comme Ouled Fayet-Souidania-Staouéli. En attendant la finalisation à Bir Mourad Raïs du projet de la gare routière multimodale (parking de véhicules privé, la gare d’autobus et de taxis, et la zone commerciale occupée par les piétons), parallèlement des travaux d’achèvement de l’échangeur à l’intersection de la RN1 et de la rocade sud, promettant d’améliorer la circulation sur l’axe El Madania-Ben Aknoun.

Dans le même objectif, un tunnel en projet aux Eucalyptus, au croisement des RN8, RN61 et CW59 permettra de fluidifier le flux de véhicules. Coté est d’Alger, c’est l’élargissement de l’autoroute de l’Est, Alger-Dar El Beïda sur 10 km qui pourra aussi désengorger la capitale. Un début d’élargissement s’est déjà effectué à l’occasion des festivités du 70e anniversaire de la Révolution algérienne pour faciliter les manœuvres de la parade militaire.

Un élargissement sera aussi effectué entre les Anassers et l’aéroport international Houari Boumediène. Sur 15 km, la route côtière entre  El Harrach et Tamantfoust sera également doublée avec deux voix X4. «Nous gagnerons sur la mer et nous rapprochons la route à la mer pour double objectif : protection de la côte et surtout la volonté de créer une promenade, soit une corniche», note Hamou Harfouche. Avec la réalisation de ce projet dont les travaux sont déjà avancés, en 15 minutes, les usagers peuvent parcourir le trajet Aïn Taya-El Harach. Après le tronçon Jolie-Vue-- Sidi M’barek, livré en 2023, le tronçon Safsafa-l’ancien Aïn Naâdja et Djenane Sfari est avancé de 90%. Il peut être livré avant 2025.

Dans le même projet, soit la pénétrante Sud, une troisième tranche est en étude pour relier directement Sidi M’barek à Safsafa. D’autres projets sont à l’étude aussi, comme un tronçon reliant Bab El Oued à Bouzaréah, Réghaïa et El Hamiz, Birtouta à Baba Ali. A Alger, environs 60 km d’axes routiers sont en chantier pour dédoublement. La DTP, faut-il le noter, ne dispose plus de terrain pour l’extension de routes et l’implantation d’ouvrages d’art, d’où la nécessité de réfléchir aux moyens de transport en commun, surtout que le problème d’expropriation se pose avec acuité.

Plus de 6,5 millions de véhicules

Le parc automobile de l’Algérie comptait plus de 6,5 millions de véhicules à la fin de l’année 2019, contre plus de 6,4 millions en 2018, soit une hausse de 2,47%, selon les dernières données de l’Office national des statistiques (ONS). Les cinq premières wilayas qui ont enregistré le plus grand nombre d’immatriculations et de ré-immatriculations sont  Alger au premier lieu avec plus de 11% (97 624 véhicules), suivie de Blida, Constantine, M’sila et Sétif. N. O.

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