L’année 2021 a été marquée par deux faits diamétralement opposés, en l’occurrence l’accentuation de la répression contre les acteurs politiques et les activistes du hirak, d’un côté, et, de l’autre, la poursuite de la mise en œuvre de l’agenda du pouvoir enclenchée deux ans auparavant.
Une année chargée de difficultés vient de s’achever. Un nouvel an arrive charriant avec lui d’innombrables défis pour l’Algérie et les Algériens. Des défis, mais aussi des attentes et des craintes, sur tous les plans, plus particulièrement, politique.
En effet, l’année 2021 a été marquée par deux faits diamétralement opposés, en l’occurrence l’accentuation de la répression contre les acteurs politiques et les activistes du hirak, d’un côté, et, de l’autre, la poursuite de la mise en œuvre de l’agenda du pouvoir enclenchée deux ans auparavant. Pour ce faire, le pouvoir, contrarié par un rejet massif de ses rendez-vous électoraux organisés vers la fin de l’année 2020, a adopté la stratégie du «tout-répressif» – comme l’affirment les acteurs politiques et les défenseurs des droits de l’homme. Et la machine judiciaire n’a épargné aucune catégorie : hommes politiques, avocats, journalistes, militants, activistes…
Ainsi, l’année 2021 s’est soldée par un sombre bilan sur le plan des libertés. Rien qu’en 2021, plus de 310 détenus politiques et d’opinion croupissent toujours dans les prisons à travers le territoire national. Leur unique tort, selon les avocats qui ont eu accès à leurs dossiers, est d’avoir osé penser autrement ou d’avoir diffusé leurs opinions sur les réseaux sociaux.
Des centaines d’autres sont sous le coup de poursuites et en attente d’un procès. C’est dans ce contexte marqué par la mise en sursis des libertés individuelles et collectives que se présente la nouvelle année. Et des interrogations fusent chez la majorité des Algériens. Au-delà des vœux habituels, ils se posent des questions sur l’avenir politique du pays.
La politique répressive prendra-t-elle fin ? Le soleil de la démocratie, tel que voulu par le mouvement populaire du 22 février 2019, se lèvera-t-il enfin ? Attendons pour voir. Même si du côté des autorités publiques, aucun signe ne vient pour le moment indiquer une changement dans sa façon de gérer le dossier.
Un camp médiatique fermé
Le pouvoir politique, qui estime avoir «réussi les échéances politiques», malgré la désaffection populaire historique, s’apprête à clôturer les «réformes politiques» et l’«édification institutionnelle», avec l’organisation, dans un mois, de la dernière joute, à savoir les sénatoriales. Même si cette élection, programmée pour le 5 février prochain, reste sans enjeux, elle est censée être la dernière étape de l’agenda politique du pouvoir, qui vient d’installer à deux jours de la fin de l’année en cours le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et l’observatoire de la «société civile».
Pour la nouvelle année, les attentes d’une grande partie des Algériens sont autres. Il y a, bien entendu, la libération de ces centaines de détenus d’opinion et la fin du calvaire que subissent leurs familles, l’ouverture du champ politique et la cessation de la répression ciblant des acteurs politiques autonomes. Mais pas seulement.
Ayant toujours dénoncé la mise au pas de la presse, les Algériens ont été surpris de voir les médias, en dépit des exigences du hirak, totalement soumis au pouvoir politique. Les voix opposantes et discordantes n’ont plus droit de cité dans ces centaines de titres, devenus de simples courroies de transmission du discours officiel. Et cela souvent en contradiction avec la Constitution et les exigences des systèmes démocratiques très regardants sur le respect de la libre expression des avis contradictoires…