Des associations appellent à la «criminalisation» du phénomène : Inquiétante hausse des féminicides

16/09/2024 mis à jour: 01:33
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Selon les spécialistes, «près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime» - Photo : D. R.

Depuis le début de l’année, la page «Féminicides Algérie» a recensé une série de féminicides témoignant d’une violence insistante à l’égard des femmes dans le pays. 34 femmes ont été assassinées et ces agressions ont été perpétrées par un membre de leur famille ou un proche du cercle familial.

Le phénomène des féminicides prend de l’ampleur en Algérie. Chaque semaine, au moins une femme est assassinée. Ces crimes abominables sont commis contre des femmes, jeunes, moins jeunes, épouses, sœurs ou mère. Depuis le début de l’année en cours, 34 femmes ont été assassinées et ces agressions, sont perpétrées par un membre de leur famille ou un proche du cercle familial.

En 2023, pas moins de 33 féminicides ont été répertoriés par la cellule de veille indépendante du collectif «Féminicides Algérie». Selon ce collectif, plus de 228 femmes ont succombé ces trois dernières années à des mauvais traitements infligés par un parent, mari, ex-mari ou un inconnu.

Ces cas de féminicides ne représentent qu’une fraction de la réalité, car de nombreux autres incidents restent non signalés ou non recensés. «Le nombre réel de femmes tuées dans de telle circonstance est bien plus élevé», déplore Wiam Awres, cofondatrice du collectif Féminicide Algérie, mettant en lumière la nécessité urgente d’actions concrètes pour lutter contre cette violence à l’égard des femmes.

Le collectif composé de militantes féministes algériennes se fixe comme objectif «d’alerter la société et les institutions face aux féminicides dans notre société et leur banalisation».

Dans sa fiche de présentation, Féminicides Algérie tient à préciser que «les femmes assassinées ne sont pas que des chiffres, elles avaient des noms et des vies, parfois des enfants. Nous ne voulons pas qu’elles tombent dans l’oubli ni que leur assassinat soit un fait divers, car derrière ce qui est présenté comme un fait divers existe un fait social».

Ces dernières années, des associations féminines ne cessent d’alerter contre le cycle infernal des violences contre les femmes, appelant à la criminalisation de ces féminicides. D’après le rapport «sur les meurtres des femmes et des filles 2019-2022» rendu public par le collectif, ces assassinats surviennent souvent après des années, voire des décennies de violences et de menaces et dans certains cas de tentatives de féminicide.

71% de ces meurtres ont lieu dans des espaces clos, dans la majorité des cas au domicile conjugal ou familial. Une arme (couteau, arme à feu pour les plus employées) a été utilisée dans 65% des cas et les victimes sont âgées de 5 ans à 85 ans. Les raisons souvent invoquées par les meurtriers sont la jalousie, de supposés crimes d’honneur et des troubles mentaux.

«Il est temps de briser le silence»

«Près de 80% des féminicides sont commis par un membre de la famille de la victime. Dans 60% des cas, il s’agit du conjoint», est-il souligné dans le rapport. Notons que depuis le début de l’année, la page «Féminicides Algérie» a recensé une série de féminicides témoignant d’une violence insistante à l’égard des femmes dans le pays.

Ces actes abjects ont coûté la vie à plusieurs femmes, laissant dans leur sillage des familles inconsolables. Le 2 septembre du mois courant, Djamila Dj., résidante à Ouargla, a été poignardée par son frère ; à Constantine une sexagénaire a été assassinée par son fils âgé de 26 ans, alors que le 7 juillet dernier Razika M., 46 ans, a été tuée par son conjoint. Il l’a égorgée avec un couteau.

Cette femme originaire de la wilaya de Bouira subissait des violences continues et répétées de la part de l’assassin. Une autre à Djelfa a été assassinée par son fils de 19 ans. Il l’a étranglée. Agée de 45 ans, elle était mère de 5 enfants.

A Sétif, un nouveau cran dans l’horreur a été franchi : une femme âgée de 32 ans a été sauvagement assassinée par son mari le 27e jour du mois sacré de Ramadhan dans la localité de Douar Draa Halima, dans la commune de Ouled Sabor. Le mari de la victime a tenté par la suite de dissimuler ce crime en incinérant le corps de sa femme.

Ce meurtre, qui a fait le tour des réseaux sociaux, était le deuxième du genre en l’espace de deux semaines. Le scénario produit par le mari est digne d’un film d’horreur. Il a pris le soin d’envelopper le corps de sa femme dans de la laine avant de procéder à son incinération.

Cet acte atroce et abominable a été découvert par un agriculteur. Ces chiffres doivent nous interpeller sur l’ampleur de ce phénomène. «Il est temps de briser le silence et d’analyser de manière scientifique les causes de ces actes», estime le collectif Féminicides Algérie.
 

 

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