Dans un contexte particulier, Covid-19 et conflits armés (guerre entre la Russie et l’Ukraine, entre autres), la nécessité de «chasser» les fake news et la vérification des sources sont primordiales (dixit le Pdg de l’Agence du développement des médias, Thierry Vallat).
Fait curieux : alors que la Cité respirait au rythme effréné des assises, le journaliste tunisien Khalifa Guesmi a été arrêté et placé en garde à vue sur décision du procureur de la République… pour avoir refusé de divulguer ses sources sur une affaire liée à un acte terroriste, selon nos informations. Intervenant avec audace, Amira Mohammed, la vice-présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens, a exprimé son inquiétude sur la situation de la liberté d’expression, en particulier en Tunisie. «Une liberté menacée», selon elle, tout en reprochant le «déclin de la liberté d’expression dans le journalisme aux autorités tunisiennes.»
En point de mire, «les deux gouvernements précédents et le gouvernement actuel…, le président de la République participe à la précarité du journalisme indépendant…».
Cette rencontre a été, aussi, le théâtre verbal entre journalistes marocains opposants au régime monarchiste, dont quelques-uns vivent en exil, comme Ali Lmrabet, Boubekeur Jamai, Hajar Raissouni (nièce de Slimane Raisssouni détenu dans une prison marocaine) et des membres du syndicat des journalistes marocains pro-makhzen, venus en force à Tunis. Les antagonistes se sont «abreuvés» d’insultes, ils ont failli en venir aux mains.
«Il existe une homogénéité à la Pravda par rapport au ton avec lequel on parle du roi dans les médias», a résumé le journaliste Jamai la situation de la presse dans son pays. Et de préciser : «Une grande partie des ressources des médias vient des publicitaires. Il devient alors facile de couper les vivres à toute publication récalcitrante, d’autant plus que le premier banquier marocain est Mohammed VI.»
Des pratiques similaires que vivent pratiquement les organes de presse indépendants au Maghreb. Jérôme Bouvier, président de l’association Journalisme et Citoyenneté, a tenu à rappeler : «En ce printemps 2022, la passion est intacte, mais elle ne peut masquer nos inquiétudes !
Par-delà la pandémie qui a durement touché nos sociétés, partout la liberté a reculé. Liberté d’aller et venir, liberté d’expression, liberté de la presse. Liberté tout court, avec de plus en plus de journalistes menacés, emprisonnés, au seul motif qu’ils/elles pratiquent leurs métiers avec exigence.»
Tunis
De notre envoyé spécial Chahreddine Berriah