Aujourd’hui, le défi pour toute algérienne et tout algérien est la construction d’un Etat de droit et des institutions démocratiques au service des citoyens(es).
C’est résoudre le problème de l’organisation et le fonctionnement du pouvoir et les relations institutions-citoyens.
C’est répondre également au comment extraire la population des contrariétés, résultats d’une mauvaise gouvernance qui s’éternise, tout cela est-il possible face à des enjeux difficiles et complexes à résoudre tels que :
- Une crise morale et de confiance,
- Une population en croissance rapide et une inégale répartition spatiale
- La mauvaise valorisation et la protection des ressources naturelles et l’emploi judicieux et ciblé des ressources financières
- Une économie reposant sur des facteurs exogènes : climat, prix du baril de pétrole et parité du dollar, etc.
Afin de dépasser ces enjeux et réduire les vulnérabilités, les élus en général, les élus locaux en particulier doivent être les vecteurs d’une gestion citoyenne et participative des affaires locales, matrice d’une bonne gouvernance locale, légitime, démocratique et efficace.
La bonne gouvernance est possible, notamment avec la participation, la transparence et la responsabilité. Elle favorise la primauté du droit.
La gouvernance est un principe qui s’adresse à l’Etat, au marché du travail et à la société civile, selon le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement).
L’Etat crée un environnement politique et juridique favorable, le marché crée de l’emploi et produit des revenus, la société civile facilite l’interaction politique et sociale en incitant les groupes à participer aux activités économiques, sociales et politiques. C’est l’interaction entre ces trois composantes qui doit déboucher sur une bonne gouvernance.
Dans ce contexte les assemblées élues constituent l’échelon d’action publique le plus proche des citoyens.
Par ailleurs, les institutions locales peuvent exprimer les valeurs fondamentales de la société et servir de relais auprès des institutions nationales, pour qu’une grande priorité soit accordée à la réduction de la précarité et les inégalités. L’urgence est comment réfléchir tous ensemble à la manière et aux actions concrètes à mener afin d’ancrer véritablement la démocratie locale, car les citoyens sont fondamentalement concernés par la démocratie dans leur vie quotidienne.
La démocratie locale ou «démocratie de proximité» contribue par la participation à la gestion de la cité, à mieux satisfaire les besoins essentiels des populations concernées.
Par la participation dans les instances communales et sa traduction dans le budget participatif.
L’Assemblée communale doit s’engager à associer les citoyens à la gestion de la commune.
Cette participation ne doit pas se limiter à faire assister les citoyens à titre d’observateurs aux débats du conseil communal.
La population doit être consultée effectivement sur les décisions touchant ses conditions de vie. Cette consultation doit notamment trouver son expression lors de l’élaboration du budget communal fixant les affectations des dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les Assemblées élues doivent être le lieu spontané de concertation sociale, de participation citoyenne et d’action politique.
Elles doivent manifester aussi un souci de transparence, voire de légitimation de la décision publique dans un contexte d’affaiblissement de la politique conséquence d’une dépolitisation programmée.
Tout cela exige plus de décentralisation. Car partout dans le monde, la gestion centralisée a montré ses limites, aucun segment de la société ne trouve réellement son compte.
La centralisation de l’Etat renforce la gestion de la société et de la rente.
La décentralisation, au contraire, permettra aux collectivités locales de disposer d’une certaine liberté de décision pour définir les normes de leurs actions et les modalités de leurs interventions. Elle traduit donc un nouvel équilibre dans la répartition des pouvoirs. Il s’agit d’une décentralisation des responsabilités et des moyens qui renforcera l’approche de démocratie dans la gestion des Assemblés élues avec l’association des citoyens à la gestion municipale.
Les comités de village, de quartier et des organisations professionnelles participeront aux décisions des exécutifs communaux relatives à la politique de la jeunesse, de l’éducation, de l’environnement, de la santé, de la distribution de l’eau et de l’assainissement, etc.
Tout cela suscitera aussi la création de conseils consultatifs.
Il est vrai que rien n’est modélisable en matière de participation des citoyens à la gestion des affaires locales. Impulser une nouvelle dynamique suppose des moyens humains et financiers, mais il s’agit avant tout d’un état d’esprit, d’une volonté, d’une nouvelle pratique civique, voire d’une culture politique à inventer.
Si la démocratie participative se nourrit et se justifie de la crise du politique délégitimé conséquence d’une dépolitisation de la société, elle traduit aussi un approfondissement de la citoyenneté.
Cependant si la démocratie participative offre au citoyen la possibilité d’être partie prenante de la chose publique, elle n’a pas vocation à se substituer au mode de représentation en place.
Ce sont toujours les instances politiques légitimées par le suffrage universel qui tranchent en dernier lieu.
La gestion et le développement sont une œuvre collective, portée, défendue par des hommes garants d’un intérêt collectif et d’une vision partagée et discutée en faveur d’un bien commun, voire d’un destin commun.
Parler de la gouvernance, c’est parler des droits de l’homme, de la lutte contre la précarité, la démocratie, la transparence, la concertation, la paix et le développement durable.
La relation entre la société civile et la gouvernance a comme finalité la dignité humaine, le renforcement de l’Etat de droit et le respect des valeurs démocratiques.
La société civile signifie tout ce qui est en dehors de l’Etat.
Le système sociétal comprend fondamentalement deux acteurs qui sont : l’Etat et la société.
Les associations constituent le noyau dur de la société civile, du moins dans tous les pays démocratiques.
Le champ principalement investi par la société civile est celui de la citoyenneté et de la démocratisation par la diffusion de la culture citoyenne avec les valeurs de civisme, du respect du citoyen, de la loi et de l’Etat, d’égalité, d’intérêt général et de solidarité.
Par ailleurs, la citoyenneté plus que la démocratie est à construire en Algérie.
La démocratie participative et le développement concerté demeurent des pratiques à promouvoir avec le concours de tous nos élus afin de mettre les jalons d’une citoyenneté active.
Aujourd’hui, il faut exclure la dialectique du perdant et du gagnant, c’est la cohérence de l’action collective de tout un chacun et chacune pour faire prévaloir l’intérêt général sur l’intérêt particulier ou partisan, qui doit être à l’ordre du jour.
C’est convaincre qui importe et non vaincre.
Il est nécessaire d’être au service du peuple qui est réellement le seul détenteur du pouvoir.
Les instances administratives ne peuvent concevoir et solutionner les contradictions politiques, économiques et sociales sans au préalable comprendre ce que vraiment annoncent et dénoncent des pans entiers de la société, surtout la jeunesse, il faut bien comprendre la complexité du réel sans le mutiler ou le réduire.
C’est justement dans cette problématique que la participation directe des citoyens à la gestion des Assemblées élues, à travers des délibérations permanentes et leur apport dans les commissions ouvertes où ils peuvent faire valoir leurs idées et faire confronter leur point de vue avec les élus (es).
Le citoyen, faut-il le rappeler, n’est pas un sujet coupé de son environnement économique, politique et social c’est un être social, disait un sociologue.
Ensemble nous mettrons en œuvre une philosophie délibérative qui développera une ingénierie participative et offrira incontestablement les meilleures conditions d’un développement intégré.
Cela nécessite aussi plusieurs actions collectives et une obligation sociale de solidarité. Quelles que soient les divergences d’opinion, c’est la jonction des différents acteurs économiques, politiques et associatifs structurés dans des organisations publiques ou privées, individuelles ou collectives qui fait l’émergence de la bonne gouvernance, ainsi que la construction du bien-être du citoyen et du destin commun. Gérer librement et autrement, permettra de rattraper le retard de développement.
L’échec de tout gouvernement est lié à sa mauvaise gouvernance du pays, à son programme économique et social qui ne prends pas en considération la priorité de la démocratie qui ne se limite pas uniquement à rédiger des constitutions, à concevoir de nouvelles procédures électorales ou à organiser des élections ponctuelles.
La démocratie est un art de vivre, c’est un long processus de réorganisation des institutions de la société civile.
Le défi à relever pour notre pays consiste à identifier des options pratiques et pragmatiques, le meilleur moyen d’y arriver consiste à libérer l’esprit d’entreprise des citoyens, c’est-à-dire prendre des risques, se lancer sur le terrain de la concurrence, innover, adapter, réformer, déterminer la direction et le rythme de développement.
- Convaincu, qu’il ne peut y avoir d’ordre et de sécurité ou règne l’injustice
- L’amour de la patrie et l’attachement à la démocratie, deux valeurs qui prendront le pas sur les conflits
- L’intelligence, l’expérience, et le dévouement de tout un chacun et chacune vont incontestablement relever les défis à venir.
Par Dr Moussa Tamadartaza
Médecin
Ancien P/APW, Ancien Sénateur