L’Algérie a célébré le 60e anniversaire de l’indépendance du pays en 2022. Elle a aussi commémoré le 70e anniversaire du déclenchement de la Révolution nationale en 2024. Et cette année, notre pays célèbre le 80e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945. Aussi, le président de la République ne cesse d’insister sur la nécessité de sauvegarder la mémoire nationale, en intensifiant les activités et événements pédago-historiques.
Malheureusement, toutes ces haltes ô combien représentatives de notre glorieux et long combat contre le joug colonial n’ont pas poussé les autorités locales de Blida de trouver une solution à l’un des clubs sportifs qui recèle le plus de martyrs à l’échelle nationale, en l’occurrence l’USM Blida.
Même pas un hommage, ce 18 février, Journée nationale du chahid, aux trente martyrs qui ont déserté les stades pour rejoindre le maquis, où ils ont quitté ce bas-monde en héros. Relégué au bas de l’échelle depuis plusieurs années, l’une des doyennes des équipes de football en Algérie (sa fondation officielle remonte à 1932) ne cesse de patauger dans des problèmes causés essentiellement par le manque de moyens.
La défendre et la prendre en charge, c’est forcément contribuer à la préservation de notre mémoire et d’inculquer à ses nombreux supporters les leçons de patriotisme et du respect de notre sacrée histoire.
Démission du président du CSA
L’USMB s’efface de plus en plus des podiums et n’offre plus cette visibilité auprès des Algériens. De moins en moins visible, c’est surtout l’histoire de ces joueurs qui sont tombés au champ d’honneur pour la libération du pays qui est bafouée. «Les autorités et les entreprises citoyennes auraient pu profiter du renom historique de l’USMB pour faire de la pédagogie et raconter l’histoire révolutionnaire de Blida à travers le football en ces temps où les jeunes fuient les livres», regrette un citoyen de Blida.
D’ailleurs, et à ce jour, aucune entreprise publique n’a accompagné cette équipe footballistique dans le cadre d’un sponsoring digne de ce nom, et ce, même lorsqu’elle jouait dans la première division. «Pourquoi des équipes de moindre importance et n’ayant pas forcément une dimension historique reçoivent des milliards, alors que l’USMB reçoit seulement des miettes à travers des subventions de l’APC, de la wilaya, de quelques industriels et des entrées d’argent liées à la billetterie ?», se demande un fervent supporter de l’USMB, triste de voir dans quel état se trouve une équipe qui a pourtant participé à la Révolution de Novembre 1954.
Le 16 février, Samir Aïmeur, le désormais ex- président du club sportif amateur (CSA) dont dépend l’équipe du football de l’USMB, jette l’éponge. Sa décision a été prise après l’insistance des supporters quant au départ de tout le bureau du CSA après des échecs récurrents. D’ailleurs, le 15 février, une marche accompagnée d’un sit- in devant le siège de la wilaya de Blida a eu lieu, où les protestataires ont interpellé le wali pour trouver une solution à leur club fétiche et qui semble avoir du mal à grimper dans les classements et disputant dans l’Inter-regions.
Là, le wali est sorti de son bureau et a promis les coléreux de répondre à leurs attentes. Le lendemain, une réunion a eu lieu au siège de la wilaya, présidée par le wali, en présence du président du CSA et de son bureau, d’un comité de supporters, d’élus et d’anciens joueurs.
Dans la foulée, le président du CSA dépose sa démission (avec le bureau) et reconnaît que la gestion du club de football reste difficile tant que les moyens financiers manquent cruellement et que le même club sombre dans les dettes laissées par ses prédécesseurs. «J’ai fait ce que j’ai pu, voire plus en sacrifiant beaucoup de mon temps au profit de l’équipe, mais la mission n’était guère facile face à un passif plein de dettes et le manque de moyens financiers pour se débarrasser du cumul et se projeter sur l’avenir», nous a-t-il déclaré.
Une tâche difficile donc pour le quadragénaire Samir Aïmeur en l’absence du nerf de la guerre, lui qui a pourtant un CV bien étoffé, diplômé d’universités européennes, manager de profession et de surcroît un ancien joueur et supporter de l’USMB. Et il a même joué dans une équipe zurichoise lorsqu’il menait ses études en Suisse. Comme quoi, la gestion et le football, c’est dans son âme.
Durant la même rencontre, le comité des supporters a été sollicité par le wali pour proposer des noms qui succéderont au bureau démissionnaire, et ce, afin d’arriver à organiser des élections. Enfin, le prochain bureau arrivera-t-il à faire monter l’USMB dans le classement en l’intégrant dans la première division ? La réponse semble déjà évidente. Ou du moins, cela reste impossible sans l’accompagnement, dans la durée et avec des montants conséquents, de la grande équipe des Martyrs.