L’Agence internationale de l’énergie emboîte le pas au groupe de producteurs de pétrole de l’OPEP et rejoint ses prévisions de hausse de la demande de pétrole en 2024. Même si les projections de l’OPEP sont de loin plus optimistes avec un niveau de 2,25 millions de barils par jour, l’AIE prévoit une augmentation de 1,24 million de barils par jour pour cette année.
Il s’agit de la troisième révision à la hausse consécutive établie par l’agence internationale, ce qui conforte, malgré elle, le prix de vente de pétrole. L’AIE ajoute toutefois dans ses projections, un grand optimisme quant au niveau croissant de l’offre de pétrole sur le marché, mais qui reste très fragile face à l’évolution des événements géopolitiques.
Dans sa dernière prévision précédent celle de ce mois de janvier, l’AIE tablait sur une hausse de la consommation de l’ordre de 180 000 b/j, mais c’était sans compter sur une amélioration de la croissance économique mondiale. «Les perspectives économiques consensuelles se sont quelque peu améliorées au cours des derniers mois, dans le sillage de l’infléchissement récent de la politique des banques centrales», soulignait jeudi l’AIE dans son rapport de janvier en notant que la baisse des prix du pétrole au quatrième trimestre 2023 représente un facteur de soutien supplémentaire.
Les prix du pétrole ont commencé l’année 2024 sur une note volatile en attendant plus de visibilité sur l’évolution du marché qui reste attentif aux tensions au Moyen-Orient et aux décisions futures de l’OPEP+. Le baril de Brent a clôturé l’avant-dernière semaine de janvier à 78,56 dollars, en légère hausse, et ce, en réaction à la montée des tensions au Moyen-Orient ainsi qu’aux prévisions de l’OPEP sur une hausse robuste de la demande annoncée mercredi dernier. L’OPEP anticipe également une hausse de la demande de 1,8 million de barils/j en 2025.
Si dans les pays de l’OCDE la demande n’augmenterait que de 0,1 million de barils par jour sur un an en 2025 avec un total de 46,13 millions de b/j, dans les pays non OCDE, la demande grimperait à 1,7 million b/j en dépassant la barre des 60 millions b/j. Dans son rapport mensuelle, l’AIE tente au lendemain de cette annonce, de «casser» l’optimisme de l’OPEP et calmer le marché, en relativisant le niveau de la hausse et en tablant aussi sur une hausse de l’offre de pétrole de 1,5 million de b/j.
A moins d’une perturbation importante des flux de pétrole, l’AIE estime que «le marché semble raisonnablement bien approvisionné en 2024». L’OPEP+ a pourtant entamé l’année avec l’entrée en vigueur d’une nouvelle réduction de l’offre sur le marché, et ce, pour le premier trimestre 2024.
Bien que ces réductions puissent entraîner un déficit du marché au début de l’année, l’AIE mise sur un excédent de production en provenance des Etats-Unis, du Brésil, du Canada et de la Guyane. Les prévisions «enthousiastes» de l’AIE sur la hausse, s’effaceraient devant les risques qui pointent à l’horizon. Selon le chef de l’agence, Fatih Birol, et même s’il prévoit un marché confortable durant l’année 2024, craint des perturbations liées à certains risques comme les élections américains et en Inde, ainsi que les tensions au Moyen-Orient, le climat et la transition vers des énergies propres.