Demande de pétrole : «Aucune chute brutale n'est à prévoir», selon Aramco

22/10/2024 mis à jour: 00:01
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Les déclarations du patron d’Aramco semblent être notamment une réponse à l'AIE, qui ne cesse de revoir à la baisse ses prévisions de la demande pétrolière - Photo : D. R.

«Les pays du Sud, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, devraient connaître une croissance significative de la demande de pétrole pendant une longue période», a indiqué le PDG de Saudi Aramco.

Il est peu probable que la demande mondiale de pétrole connaisse une chute brutale dans les années à venir, selon le PDG de Saudi Aramco, Amin Nasser, qui souligne que la demande de brut resterait toujours au-dessus de 100 millions de b/j d’ici 2050. «La demande de pétrole est à un niveau record.

La demande de gaz a également augmenté de près de 70% depuis 2000. Donc plutôt que de transition énergétique, nous parlons en réalité d’un apport d’énergie», a souligné Amin Nasser lors d’un discours prononcé à l’occasion de la Semaine internationale de l’énergie de Singapour. Il estime, en outre, que si la croissance de la demande de pétrole avait atteint un plateau dans quelques économies matures, comme l’UE, les Etats-Unis et le Japon, ces pays consomment encore de grandes quantités de pétrole.

«Les pays du Sud, en Asie, en Afrique et en Amérique latine, devraient connaître une croissance significative de la demande de pétrole pendant une longue période, à mesure que les économies nationales se développent et que le niveau de vie s’élève, tout comme les pays développés en ont profité pendant des décennies», a encore ajouté le chef d’Aramco. 
Pour ce qui est de la transition énergétique, Amin Nasser a déclaré qu’il y avait déjà un écart considérable entre les prévisions et la réalité, malgré les milliards de dollars investis.

«La transition progresse beaucoup plus lentement, beaucoup moins équitablement», déclare le patron d’Aramco, ajoutant que l’énergie n’était pas abordable et que les progrès de la transition énergétique étaient loin d’être réalisés.  Les déclarations du patron d’Aramco semblent être notamment une réponse à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui ne cesse de revoir à la baisse ses prévisions de la demande pétrolière, suggérant un «imminent pic pétrolier».

L’Agence a ainsi prédit, dans son dernier rapport mensuel, que «la demande en combustibles fossiles devant culminer d’ici la fin de la décennie». Des prévisions contredites par les estimations plus optimistes de l’Opep et de l’Agence d’information de l’énergie américaine (Energy Information Administration ou EIA), dont les dernières estimations se rapprochent de celles de l’Organisation des pays producteurs, basée à Vienne, en Autriche.

«Offre excédentaire en 2025» ?

Les experts en matières premières Standard Chartere ont, par exemple, souligné récemment que le marché a été impacté par les estimations pessimistes de l’AIE, ainsi que par l’écart considérable entre les estimations de l’AIE et celles du secrétariat de l’OPEP concernant la croissance de la demande. Peu d’attention a été cependant accordée, relèvent-ils, selon Oil Price, «aux différences encore plus importantes» entre les estimations de l’AIE et de l’EIA des Etats-Unis.

«La prévision de l'AIE d'une offre excédentaire en 2025 est en grande partie responsable du sentiment actuel de marché ultrabaissier, ce qui signifie que l'excédent de 2025, qui a conduit à une baisse des prix en 2024, pourrait être principalement constitué de barils fantômes, plutôt que réels», affirme StanChart, qui indique que les différences considérables dans les estimations de l’offre et de la demande des principales agences énergétiques ont également une incidence sur la politique de production de l’OPEP.

Par exemple, selon l’EIA, les Emirats arabes unis n’ont produit que 18 000 b/j au-dessus de l’objectif en septembre, tandis que l’AIE estime que le dépassement est substantiel, de 348 000 b/j.  L’Agence internationale de l’énergie  a abaissé ses prévisions de croissance de la demande de pétrole pour 2024 pour le troisième mois consécutif à 862 000 barils par jour, contre 903 000 barils par jour auparavant. L’AIE a également révisé son estimation de la croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2025 à 998 000 barils par jour.

Brent à près de 74 dollars lundi à Londres

Les cours du pétrole montaient lundi, poussés par les développements de la situation au Moyen-Orient. Hier matin, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, a pris 1,05%, à 73,83 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en novembre, a gagné 1,26%, à 70,09 dollars.

Le marché suit attentivement les développements de la situation au Moyen-Orient et leurs conséquences sur l’approvisionnement en pétrole, indiquent des analystes.

Le prix de l’or noir reste ainsi lundi largement inférieur au niveau atteint au début du mois en cours. Le cours du baril de Brent s’était alors hissé au-dessus de 80 dollars. Structurellement, la baisse des prix est due, essentiellement, aux prévisions de demande plus faibles et au ralentissement de la croissance économique en Chine, selon les analystes.

 

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