Défis agricoles et changement climatique : Plaidoyer pour des entreprises résilientes et à croissance verte

02/10/2023 mis à jour: 03:25
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Photo : D. R.

Pour soutenir les objectifs de l’alimentation et de l’agriculture du XXIe siècle, il faut créer de la valeur foncière au-delà des cultures, alimenter la bio-révolution, manger de manière durable, transparence et responsabilité ESG et éliminer les déchets, selon une enquête du cabinet de conseil McKinsey.

Ces dernières années, le secteur de l’alimentation et de l’agriculture a constamment été confronté à des défis pour répondre aux besoins alimentaires mondiaux. La croissance démographique a considérablement augmenté la demande mondiale de nutrition, alors que les phénomènes météorologiques violents, résultant du changement climatique, sont venus compliquer davantage la production alimentaire dans le monde.

Des experts dans le domaine s’attendent d’ailleurs à des perturbations importantes tout au long de la chaîne de valeur agricole au cours des deux prochaines années.

Des perturbations qui se traduiront, de leurs points de vue, par de nouvelles opportunités de création et de développement d’entreprises résilientes et à croissance verte. Selon bon nombre d’experts, dirigeants d’entreprises et des sociétés capital risque (CR) interrogés dans le cadre de l’enquête réalisée par le cabinet conseil McKinsey, des changements importants dans les systèmes alimentaires mondiaux sont nécessaires pour répondre à la demande mondiale de nourriture, de carburant et de fibres sans nuire à la planète, et l’innovation à grande échelle est essentielle, selon eux.

Les résultats de l’enquête ont permis d’identifier 11 concepts d’entreprise alimentaire et agricole qui émergent pour soutenir l’avenir de l’agriculture et relever les défis du secteur en matière de durabilité pour un avenir vert et résilient, indique la même source.

Ainsi, et même si les participants à la chaîne de valeur alimentaire, y compris les agriculteurs, les agro-entreprises, les transformateurs et les distributeurs, ont fait de grands progrès dans l’augmentation de la disponibilité calorique globale par habitant, cependant, ils n’ont pas encore surmonté les défis environnementaux associés à l’alimentation et à l’agriculture, souligne-t-on.

Et d’indiquer qu’en 2019, les systèmes agroalimentaires mondiaux représentaient environ 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine, «ce qui en fait un objectif essentiel pour atteindre des objectifs climatiques de plus en plus audacieux». Une occasion d’atteindre les objectifs climatiques tout en ajoutant de nouveaux revenus dans l’agriculture est d’éliminer le carbone grâce à des pratiques agricoles régénératrices, telles que la plantation de cultures de couverture.

Selon les sondés de McKinsey, pour soutenir les objectifs de l’alimentation et de l’agriculture du XXIe siècle, il faut créer de la valeur foncière au-delà des cultures, alimenter la bio-révolution, manger de manière durable, transparence et responsabilité ESG et éliminer les déchets.

L’importance des terres cultivées s’étend au-delà de la production agricole conventionnelle en reconnaissance du rôle vital que l’agriculture intelligente face au climat peut jouer pour soutenir à la fois les parties prenantes et la décarbonisation. Les pratiques qui séquestrent le carbone et réduisent la perte de biodiversité peuvent créer des avantages, tels que la préservation des sols pour les agriculteurs, et de nouvelles sources de revenus, telles que des crédits carbone, pour les propriétaires fonciers, les agriculteurs et les investisseurs.

Accroître la valeur des terres au-delà des cultures

Les nouvelles entreprises peuvent évaluer la pleine valeur économique des terres pour inclure les avantages naturels et sociétaux, tels que l’eau douce, le contrôle des inondations et les produits forestiers, afin que les parties prenantes puissent tirer partie des avantages écosystémiques et des flux de revenus de crédits de carbone.

Et afin de réduire la perte de biodiversité et la pollution par les nutriments, de nouvelles entreprises peuvent développer des techniques pour réduire le coût du déploiement de l’agroforesterie. Selon les estimations de l’enquête, cela pourrait réduire les coûts d’environ 10% à 180 dollars par hectare d’ici 2050, selon les pratiques utilisées.

Par ailleurs, l’agronomie régénératrice soutient le déploiement de l’agriculture régénératrice, qui peut aider à séquestrer le carbone, à réduire la perte de biodiversité, à réduire l’utilisation de l’eau douce et à diminuer la pollution par les nutriments. Selon toujours les résultats de l’enquête, les nouvelles entreprises peuvent développer de nouvelles technologies et atteindre une transparence des données suffisante pour soutenir les objectifs ESG des titulaires et des investisseurs.

Ces deux facteurs peuvent aider les agriculteurs à tirer partie de la transformation de la durabilité par le biais de primes à la consommation, d’incitations gouvernementales et de marchés volontaires du carbone. Les modèles de services peuvent aider les petits exploitants agricoles à passer d’une agriculture extensive à faible productivité à une agriculture intensive à haute productivité, intelligente face au climat.

Plus des trois quarts des agriculteurs dans le monde vivent sur moins de deux hectares, ce qui signifie que des millions d’agriculteurs ne produisent pas assez pour gagner un revenu suffisant ou utiliser efficacement leurs terres.

Et afin de réduire la volatilité induite par le climat, les nouvelles entreprises peuvent investir dans des technologies adaptées au climat, telles que des semences résistantes aux ravageurs, des enrobages d’engrais et des biostimulants, ainsi que dans des techniques agricoles économes en eau, telles que des semences optimisées et économes en eau, recommande-t-on.

Et même si on ne peut énumérer toutes les recommandations des sondés et experts du cabinet conseil McKinsey, il y a lieu tout de citer les plus pertinentes. A ce titre, il est recommandé de transformer le fumier en carburant et en engrais car, indique-t-on, et d’ici 2030, le monde devrait produire près de cinq milliards de tonnes de fumier chaque année.

D’une part, ce volume est un problème environnemental potentiel qui pourrait affecter la qualité de l’air et de l’eau en raison des émissions d’oxyde nitreux et de méthane. D’autre part, le fumier pourrait potentiellement répondre aux besoins de fertilité des cultures, améliorer la qualité des sols et fournir des quantités importantes d’énergie, suffisamment pour contribuer à 5,5% de la production nationale d’énergie d’ici 2050.

Le bioraffinage est aussi une solution recommandée pour certains secteurs, comme celui des transports, en particulier l’aviation. Un certain nombre de technologies prometteuses se profilent à l’horizon, telles que le vol à hydrogène, mais la plupart sont à une décennie ou plus de la mise à l’échelle.

Pour répondre à nos besoins croissants en carburant, il faudra probablement moderniser les technologies existantes en matière de biocarburants et mettre à l’échelle les approches technologiques naissantes, telles que la conversion des résidus de cultures et de forêts en carburants durables grâce à la pyrolyse avancée. 

 

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