Défense des droits de l’homme : L’Algérie dénonce le double standard au CDH

06/04/2024 mis à jour: 02:30
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Le représentant algerien auprès de l’ONU a réaffirmé l’engagement constant de l’Algérie «à renforcer et à protéger les droits de l’homme» - Photo : D. R.

L’Algérie rejette «la politisation» du Conseil des droits de l’homme (CDH) et «l’instrumentalisation» des droits de l’homme à des «fins politiques». L’incapacité avérée du CDH à faire face aux atrocités dont sont victimes les populations de Ghaza «envoie un message inquiétant quant à son engagement en faveur de la justice, de l’impartialité et de l’égalité», estime son représentant permanent auprès du bureau de l’ONU, Rachid Bladehane.

L’Algérie s’est élevée contre le traitement sélectif de la question des droits de l’homme au sein des organes spécialisés des Nations unies.

Son représentant permanent auprès du bureau de l’ONU, Rachid Bladehane, a relevé le double standard appliqué dans le soulèvement des atteintes et des violations des droits de l’homme, en citant l’exemple du génocide à Ghaza, passé sous silence par le même groupe qui se soucie aujourd’hui de la situation des droits de l’homme en Syrie et en Iran.

«L’Algérie est profondément préoccupée par le double standard dans les orientations au sein du CDH, s’agissant des droits de l’homme, cette question étant soulevée concernant certains pays alors qu’aucune mesure crédible n’est prise pour mettre fin au génocide en cours contre les Palestiniens», a-t-il souligné dans son intervention, jeudi, à la 55e session du Conseil des droits de l’homme (CDH), qui s’est tenue à Genève du 26 février au 5 avril courant.

Le représentant de l’Algérie a affirmé que «la réponse disproportionnée au sein du Conseil soulève des inquiétudes légitimes quant à la sincérité et à la cohérence des positions de certains de ces pays dans la défense des droits de l’homme face aux violations à grande échelle perpétrées par l’occupation israélienne contre les Palestiniens, comme le confirment les rapports et appels des Nations unies».

Selon lui, l’incapacité avérée du CDH à faire face aux atrocités dont sont victimes les populations de Ghaza «envoie un message inquiétant quant à son engagement en faveur de la justice, de l’impartialité et de l’égalité».

M. Bladehane a exprimé dans ce sillage «l’inquiétude de l’Algérie quant à la prédominance des intérêts géopolitiques souvent au détriment des préoccupations liées aux droits de l’homme, ce qui révèle la nature sélective de la réaction de certains pays aux violations des droits de l’homme dans le monde, loin de toute position constante et engagée en faveur des principes et normes universels sans parti pris ni considérations géopolitiques».

M. Bladehane a qualifié de «frustrant» le fait d’observer cette «application sélective des principes des droits de l’homme au sein du CDH et le passage sous silence de la tragédie en cours en Palestine, où des dizaines de milliers d’innocents continuent d’être tués en violation flagrante du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme».

Il a cité comme exemple la tendance des initiateurs de ces résolutions «à activer les mécanismes de reddition de comptes pour les violations des droits de l’homme et à prendre des mesures pertinentes telles que l’interdiction de l’exportation d’armes dans certaines zones de conflit dans le monde tout en l’autorisant dans d’autres zones, pratiquant ainsi un double standard qui offre l’impunité aux auteurs de violations flagrantes des droits de l’homme».

Pour une approche non politisée

Il a mis en avant «l’importance de traiter les questions relatives aux droits de l’homme à l’échelle mondiale selon une approche constructive, globale, non politisée, non sélective et impartiale et de manière équitable, objective et crédible».

M. Bladehane a fait part des «réserves» de l’Algérie sur les résolutions qui n’ont pas eu l’approbation des pays concernés, comme c’est le cas de la résolution sur l’Iran. L’adoption unilatérale de cette résolution, a-t-il prévenu, «est susceptible de contribuer à éterniser les confrontations au lieu de promouvoir le dialogue et la coopération véritables».

Les mêmes réserves ont été exprimées par l’Algérie quant à une résolution sur la situation des droits de l’homme en Syrie. «Le projet de résolution présenté n’a pas le soutien du pays concerné, ce qui n’est pas de nature à renforcer la situation des droits de l’homme dans le pays.

Qui plus est, il omet nombre de points, dont les efforts du gouvernement syrien pour traiter les défis en matière de droits de l’homme dans leurs cadres juridiques et institutionnels», a souligné M. Bladehane.

Autre grief retenu contre cette résolution : le fait qu’elle traite des violations des droits de l’homme en Syrie «tout en ignorant la complexité et les défis plus larges auxquels fait face le gouvernement syrien, y compris la lutte contre le terrorisme et le maintien de la stabilité dans la région, sans parler des effets des mesures coercitives unilatérales et le passage sous silence des politiques et pratiques coloniales de peuplement dans le Golan syrien».

Le représentant de l’Algérie a relevé l’impérieuse nécessité de «respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du pays sans aucune ingérence extérieure, conformément aux dispositions de la Charte et des résolutions pertinentes des Nations unies».

Il a appelé à un dialogue constructif et à éviter la confrontation avec la Syrie. «C’est l’approche la plus efficace face aux inquiétudes liées aux droits de l’homme dans le pays, dans une perspective consensuelle», a-t-il soutenu.

«Pour toutes ces raisons, la délégation algérienne votera contre ce projet de résolution», a précisé M. Bladehane, qui a réitéré le rejet par l’Algérie de «la politisation» du CDH et «l’instrumentalisation» des droits de l’homme à des «fins politiques».

Cependant, il a réaffirmé l’engagement constant de l’Algérie «à renforcer et à protéger les droits de l’homme». M. Bladehane a conclu en affichant la disponibilité de l’Algérie à «contribuer de manière constructive aux efforts visant à promouvoir les droits de l’homme à l’échelle mondiale».

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