Endommagé après le tremblement de terre de mars 2021 (5,9 sur l’échelle de Richter), le TRB était fermé pour réhabilitation. Des travaux qui ont pris du retard. Il a finalement rouvert, jeudi 12 octobre, avec un spectacle de théâtre, un défilé de costumes de scène et une exposition sous le titre «Taht eroudm» (Sous les décombres).
La 12e édition du FITB, qui se poursuit jusqu’au 21 octobre, est la première grande manifestation culturelle organisée au sein du TRB, actuellement sous la direction de la comédienne Nidhal El Djazairi. Le commissariat du festival, dirigé par le dramaturge, metteur en scène et comédien Slimane Benaïssa, a décidé d’annuler l’animation artistique d’ouverture, le dîner d’accueil avec musique, les one man show, les chants et musiques et le gala de clôture, après la décision du ministère de la Culture et des Arts «de suspendre toutes les activités festives sur le territoire national, en signe de solidarité avec le peuple palestinien».
«Les représentations théâtrales internationales et nationales au TRB et à la Maison de culture sont maintenues, ainsi que dans les salles de spectacles des communes retenues pour accueillir des pièces de théâtre», est-il précisé dans un communiqué. «Malheureusement, c’est avec tristesse et le cœur lourd d’une colère contre l’injustice que subit le peuple palestinien depuis des décennies que nous inaugurons notre festival. Tous les conflits, qui se déroulent actuellement à travers le monde, ont des fondements culturels, ne serait-ce que dans la manière de les justifier. Quel art mieux que le théâtre pour expliquer et clarifier ces conflits et pour élever le niveau culturel des sociétés et de leur donner les véritables moyens de construire la paix», a déclaré Slimane Benaïssa, lors de l’allocution d’ouverture.
Un monde complexe et turbulent
«Nous les artistes avons une conviction fondamentale, celle de respecter nos martyrs pour qu’ils échappent à l’oubli et de travailler pour les vivants pour qu’ils aient en mémoire nos martyrs», a-t-il ajouté. La cérémonie d’ouverture du festival a été marquée par la présence des ambassadeurs de Cuba et de Côte d’Ivoire. Absent, le wali de Béjaïa, Kamel Eddine Kharbouche, a délégué un responsable pour le représenter. Mohamed Yahiaoui, directeur du Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi, a pris la parole, au nom de la ministre de la Culture et des Arts Soraya Mouloudji, absente en raison «d’engagements professionnels» avec le gouvernement.
Soraya Mouloudji a évoqué la hausse sensible de la production théâtrale en Algérie, grâce notamment au soutien financier que son département accorde aux troupes. Elle a parlé aussi des pièces produites à la faveur de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Armando Vergara Bueno, ambassadeur de Cuba à Alger, a rappelé que l’Algérie et Cuba célèbrent, le 17 octobre, le 61e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre eux.
«Dans le monde complexe et turbulent dans lequel nous vivons, le rôle de la culture et des manifestations artistiques, parmi lesquelles celui du théâtre, en tant que gardien d’une relation particulière et personnelle entre les artistes et le public, revêt une importance croissante dans le rapprochement entre les peuples et les cultures, d’où la pertinence d’un festival comme celui-ci, auquel participent des troupes de théâtre de plusieurs continents», a-t-il dit.
Un plaidoyer écologique
Grise (Gris) de la troupe cubaine Teatro Tuyo, une comédie silencieuse interprétée par trois personnages déguisés en clowns, a été le premier spectacle présenté au festival. Il s’agit d’un plaidoyer écologique soigneusement élaboré sans recours aux paroles. Seuls le mime, la musique, la chorégraphie et l’acrobatie permettent aux personnages de s’exprimer et de capter l’attention du public. Trois clowns, venus de nulle part, trouvent une boîte dorée.
Chacun veut l’avoir. Dès que l’un d’eux l’ouvre, ils entendent le bruit du vent ou de la mer, sentent le passage des saisons. Grise dénonce les atteintes graves et répétées à la nature avec la pollution des océans, l’arrachage des arbres, les feux de forêt, le gaspillage de l’eau, la pollution atmosphérique... Le gris pourrait remplacer le vert et le bleu et le monde n’aura aucune beauté. Un monde sans saisons. Le spectacle a été beaucoup applaudi par le public nombreux venu assister à l’ouverture du FITB. D’autres pièces sont prévues au TRB (chaque jour à 19h) représentant l’Italie, l’Egypte, la Tunisie, le Sénégal, le Congo-Brazzaville et la Syrie. Des pièces algériennes sont au programme au niveau de la maison de la culture de Béjaïa (chaque jour à 16h).
Un public de 7 à 70 ans
«Avec l’aide du ministère de la Culture et des Arts, de la wilaya et des présidents des APW et des APC, nous avons élargi la programmation du festival. L’idée est d’entrer en contact avec un public dont l’âge va de 7 à 70 ans. Des conteurs seront présents dans les écoles pour les enfants. Et des masters class sont prévus sur l’actorat, la mise en scène et l’écriture dramatique pour les jeunes», a précisé Slimane Benaïssa.
En collaboration avec le Centre de recherche en langue et culture amazighes, le FITB organise, les 18 et 19 octobre (à partir de 9h), un colloque intitulé «Théâtre et résistances», avec la participation de plusieurs universitaires et chercheurs, dont Ahmed Cheniki, Mourad Yelles, Leïla Benaïcha, Zoulikha Moulai et Asma Hambli.
Béjaïa
De notre envoyé spécial Fayçal Métaoui