Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, le Dr Lotfi Benbahmed, évoque dans son rapport les raisons exogène et endogène des ruptures de stock de médicaments.
Dans un rapport détaillé sur le marché du médicament et particulièrement sur le problème des ruptures de stock de certains produits adressé au Premier ministre, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a énuméré les différentes causes de ces perturbations sur un total de 50 médicaments qui sont, selon lui, «exogènes, accentuées par la pandémie de Covid-19, notamment en termes de disponibilité de matières premières, le délais de transport et l’augmentation des coûts de ces derniers», tout en revenant sur d’autres facteurs liés directement aux aspects réglementaires au niveau international ainsi que des contraintes endogènes administratives au niveau local, liées notamment aux délais de délivrance des documents administratifs.
La dernière date et l’exigence faite aux importateurs et aux producteurs par Algex, celle d’obtenir un certificat de respect auprès des DCP pour réaliser leurs opérations d’importation, qui «alourdit les procédures et peut avoir un impact négatif sur la disponibilité de certains produits parfois vitaux», signale le Dr Benbahmed en citant l’exemple d’un médicament largement utilisé par les asthmatiques, à savoir la Ventoline du laboratoire GSK, qui a connu une tension sur la disponibilité.
Comme il cite d’autres raisons, notamment des médicaments de marque déclarés en rupture alors qu’«ils ne figurent pas sur la liste des médicaments essentiels et qui ne sont plus importés et remboursés par la Sécurité sociale, des produits princeps, importés auparavant, sont souvent prescrits et recherchés par les patients, malgré l’existence de médicaments génériques ou biosimilaires fabriqués localement», a noté le ministre de l’Industrie pharmaceutique, qui plaide pour une approche organisée et multisectorielle afin d’instaurer une coordination entre les différents acteurs. Lotfi Benbahmed pointe du doigt également certains établissements pharmaceutiques qui «ne respectent pas leurs engagements relatifs à leurs programmes d’importation et de livraison».
Il cite l’exemple de l’insuline rapide Novorapid importée par Aldaph-Novo Nordisk, qui connaît une tension continue alors que «la quantité accordée sur le programme délivré est de 3 millions de boîtes et le laboratoire importe entre 100 000 à 200 000 boîtes par mois pour maintenir la tension sur le produit», a-t-il indiqué, ajoutant que «l’attitude négative de ce laboratoire est intervenue suite à la baisse de 20% imposée par les services du ministère de l’Industrie pharmaceutique à un ensemble d’insuline après Benchmark, et le constat de prix inférieurs de ces produits à l’international».
Le ministre de l’Industrie pharmaceutique accuse le laboratoire Novo Nordik «de mauvaise volonté flagrante dans sa lenteur à la concrétisation du projet de production de son insuline fabriquée localement avec le groupe Saidal», dont une joint-venture est en attente de signature pour faire démarrer l’usine de Boufarik.
Revenant sur le marché pharmaceutique dans sa globalité tout en mettant en exergue la politique engagée dans ce secteur depuis la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique en 2020, basée sur la mise en place d’un dispositif réglementaire visant à réguler et à rationaliser les dépenses et l’importation de produits pharmaceutiques et encourager la production locale, le Dr Lotfi Benbahmed a insisté dans son rapport sur la rationalisation de la facture de l’importation.
Il revient également sur les mesures prises par son département pour lutter contre des tensions causées par «les pratiques commerciales illégales de spéculation, de rétention ou de ventes concomitantes», telles que les inspections lancées en janvier dernier dans les établissements pharmaceutiques de médicaments.
Il fait également référence aux sanctions financières appliquées aux établissements pharmaceutiques défaillants. Une mesure coercitive qui se traduit par des sanctions financières imposables aux producteurs, importateurs et distributeurs défaillants à assurer la disponibilité de leurs produits et à communiquer les données relatives à la situation des stocks et de la distribution ainsi que les programmes prévisionnels de livraison et de production.
Cette mesure avait été proposée par le ministère de l’Industrie pharmaceutique pour le projet de loi de finances 2022 et a été renouvelée pour dans le cadre de l’avant-projet de la loi de finances complémentaire pour 2022, signale le rapport du ministère de l’Industrie pharmaceutique.
La PCH n’a pas encore intégré le dispositif de déclaration hebdomadaire des stocks
Concernant le marché hospitalier, notamment la liste commerciale de la PCH, dont 792 produits sont importés, le ministre de l’Industrie pharmaceutique fait observer que «la forte dépendance de l’importation qui expose la PCH aux fluctuations du marché international engendre régulièrement des tensions d’approvisionnement et des ruptures récurrentes à usage hospitalier comparativement au marché de ville».
Rappelant que «la PCH et l’Institut Pasteur d’Algérie sous tutelle du ministère de la Santé bénéficient d’un couloir vert mis en place par les services du ministère de l’Industrie pharmaceutique leur permettant d’obtenir les autorisations nécessaires pour l’approvisionnement en produits pharmaceutiques».
Il fait savoir également que le ministère de la Santé ainsi que la PCH sont associés dans tous les comités et commissions relevant du ministère de l’Industrie pharmaceutique dans le cadre de l’enregistrement des produits pharmaceutiques, la délivrance des programmes d’importation et la veille pour la disponibilité des produits pharmaceutiques.
Il relève, par ailleurs, que la PCH n’a pas encore intégré le dispositif de déclaration hebdomadaire des stocks mis en place à travers la plateforme numérique, «ce qui empêche les services du ministère de l’Industrie pharmaceutique d’avoir une visibilité sur la disponibilité continue des médicaments à usage hospitalier et ainsi d’assister la PCH à éviter les ruptures malgré les instructions répétées de monsieur le Premier ministre».
Le rapport fait référence également aux 32 médicaments biosimilaires et aux 31 génériques enregistrés par l’Agence nationale des produits pharmaceutiques et non retenus dans le dernier cahier des charges de la PCH. «Paradoxalement, les délais d’exploitation et la gestion de l’appel d’offres ont manifestement exacerbé la problématique des ruptures, l’incompréhension des praticiens et la détresse des malades», a encore déclaré le
Dr Lotfi Benbahmed.