L ’Amérique, et avec elle le monde entier, retient son souffle pour le 5 novembre. Le pays a à choisir entre Donald Trump, du parti républicain, qui a déjà occupé la Maison-Blanche entre 2016 et 2021 avant d’en être évincé par Joe Biden, et la vice-présidente Kamala Harris, première femme noire à briguer ce poste.
Les deux candidats sont au coude-à-coude. Mais cette élection a la particularité d’avoir créé une scission du pays en 2 Amériques, l’une en faveur de Trump, un homme qui fait aussi bien peur aux Américains qu’au reste de la planète. Kamala Harris, elle, a la faveur de l’Amérique, bien pensante, des Blancs progressistes, des Hispaniques, des Noirs et de la minorité arabo-musulmane, heureuse de voir Biden hors course, car ce dernier s’est résolument engagé du côté d’Israël dans sa guerre contre les civils ghazaouis, la Cisjordanie et le Liban. Mme Harris, tout en soutenant le droit d’Israël à se défendre, est par contre horrifiée par les massacres de femmes et d’enfants palestiniens par l’armée israélienne.
Des massacres qualifiés de génocide par la Cour pénale internationale et par toutes les organisations de défense des droits de l’homme à travers le monde. Mais c’est surtout la personnalité de Donald Trump qui retient l’attention.
Voilà un homme qui s’est présenté à l’élection présidentielle de 2016 sans trop y croire, presque par défi, et c’est la grande surprise. Il n’a rien d’un homme politique classique, comme l’Amérique a l’habitude de voir. Avec son adversaire Hillary Clinton, il se montre vulgaire, discourtois, la traitant de «menteuse». Mais il a réussi à séduire les citoyens lambda avec ses discours sans envergure et sans profondeur.
Lui et le fair-play font deux. Battu par Biden en 2021, il ne reconnaît pas sa défaite, disant que l’élection a été truquée, un discours qu’il rabâche jusqu’à ce jour au point d’envoyer ses partisans occuper le Capitole. C’est un miracle si à l’époque, les Américains ont réussi à échapper à la guerre civile. Malheureusement, le spectre de la violence revient avec force pour le 5 novembre prochain. Trump annonce haut et fort qu’il sera vainqueur et que s’il est battu c’est parce qu’il y a fraude. Dans un tel cas, il ne reconnaîtra pas le résultat et mobilisera ses troupes pour pouvoir occuper la Maison-Blanche. D’ores et déjà, il a préparé une équipe spécialisée, formée de juristes, d’avocats et d’experts, pour être prête à s’attaquer aux résultats du vote s’ils sont en sa défaveur. D’ores et déjà, il y a des contestations sur la manière avec laquelle les citoyens vont voter.
Ce n’est que le début. Jamais les Etats-Unis ne se sont sentis aussi proches de la guerre civile. Ils constatent qu’ils ont affaire à un homme extrêmement dangereux et qui marcherait sur le corps de son père s’il le faut pour atteindre ses objectifs. Son ancien directeur de cabinet à la Maison-Blanche et ancien chef d’état-major des armées John Kelly dit de lui que c’est un homme d’extrême droite qui voue une profonde admiration aux dictateurs du monde entier. Trump n’a pas hésité à déclarer publiquement qu’il aimerait avoir les généraux comme ceux d’Hitler et qui lui soient loyaux. Son entourage essaye de recoller les morceaux mais le mal est fait. Kamala Harris et d’autres hommes politiques américains n’hésitent plus aujourd’hui à le traiter de «fasciste».
N’a-t-il pas déclaré qu’à son premier jour à la Maison-Blanche, il se comporterait en dictateur. Durant cette campagne électorale, il est resté fidèle à lui-même, manipulant l’insulte, les mensonges, traitant Kamala Harris de «mer…» et d’idiote et Mike Pence, son ancien vice-président qui a refusé d’invalider les résultats de 2021, de tous les noms d’oiseaux. Il rêve d’avoir des généraux à ses bottes pour l’aider à mater ces Américains de gauche qui, selon lui, ont détruit l’Amérique. Avec Trump, la première puissance du monde court un grand danger. Il a des supporters qui gobent tout ce qu’il raconte et qui sont prêts à aller au feu pour peu qu’il le leur dise. La guerre civile est aux portes de l’Amérique. On dit que Néron a brûlé Rome uniquement pour son plaisir personnel. Ce n’est qu’une légende.
Mais Trump mettant l’Amérique à feu et à sang pour assouvir ses pulsions criminelles, cela pourrait ne pas être de la fiction. Il l’a prouvé avec l’histoire du Capitole. Ce qui est sûr, c’est que s’il gagne, l’Amérique aura peur, s’il perd l’Amérique aura peur.