Comme à l’accoutumée, l’approche du mois de Ramadhan déclenche une véritable fièvre des prix. Tous les produits de consommation connaissent une flambée des prix importante, loin de la portée du simple citoyen.
Une nouvelle donne s’ajoute, malheureusement, à cette triste tradition. Une tension touche nombre de denrées de base depuis plusieurs mois déjà. La jonction de ces deux paramètres à un moment de grande frénésie ménagère ne manquera pas d’exacerber la tension durant tout ce mois censé pourtant calmer, sinon contrôler les ardeurs et les excès en tous genres de la population.
La liste des griefs va de l’incompétence de l’équipe gouvernementale en passant par l’avidité des spéculateurs jusqu’à la ruse des producteurs préférant retarder les récoltes pour enclencher le cycle de la pénurie et, par conséquent, entraîner une flambée des prix incontrôlable.
Il est aisé dans ce schéma à chaque acteur de fuir ses responsabilités. Et c’est dans ce cadre qu’on assiste à des «descentes» d’officiels noyés dans une escorte des services de sécurité tancer maladroitement les propriétaires d’entrepôts qu’ils présentent à la vindicte populaire en gros plan des caméras de chaînes de télévision ravies de faire partie du cortège théâtral.
Par ces moments ubuesques, la tentation de faire diversion sur le rôle de l’Etat dans ses prérogatives régaliennes de contrôle échoue lamentablement sur le terrain, tant le dérèglement n’est pas jugulé et donc les prix restent, plus que jamais, prohibitifs.
Sans doute, le comportement irrationnel du consommateur algérien n’est pas de nature à faire infléchir la tendance haussière des prix sur le marché. La course au stockage est un réflexe qui colle au citoyen et qui traduit, au juste, sa méfiance viscérale vis-à-vis du discours officiel. La peur du lendemain ne laisse aucune place à l’esprit rationnel. Elle annihile toute faculté de discernement.
Les malintentionnés, mus par le profit, n’en demandent pas plus pour se saisir de ces proies. Les prix passent du simple au double à la moindre alerte ou même à l’approche d’un événement religieux. La longévité d’une telle absurdité ne peut être expliquée que par le souci des autorités politiques à assurer une paix sociale garante de sa propre stabilité et de sa pérennité. L’arsenal réglementaire, à chaque fois renforcé tambour battant, est loin d’être appliqué sur le terrain pour les mêmes raisons politiciennes.
Le mois de Ramadhan qui approche à grands pas constitue un véritable test aussi bien pour les décideurs censés réguler et contrôler le marché en assurant, bien sûr, la disponibilité de tous les produits, que pour les intervenants de respecter la réglementation en vigueur et la morale, sans oublier la part de responsabilité du consommateur, connu pour son gaspillage immodéré, particulièrement en ce mois d’abstinence.
Jusque-là, l’échec sonne comme une fatalité à moins d’un sursaut, tant espéré, pour rompre avec ce cycle infernal.