Cybercriminalité : Les enfants en grand danger

12/04/2023 mis à jour: 18:08
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Beaucoup de tabous et la peur freinent les victimes dans leur démarche devant les services de sécurité

Plusieurs enfants et jeunes adolescents sont victimes de cybercriminalité. Le constat des services de sécurité est effrayant. Des mineurs sont exploités et entraînés dans la délinquance via internet. Le service central de la lutte contre la cybercriminalité de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) révèle le traitement de 4720 affaires en 2022. 

Des affaires traitées suite  au dépôt de plainte des victimes (via les parents), selon Amine Belkhiri, commissaire de police au service de cybercriminalité. Le crime d’atteinte aux personnes vient en premier lieu avec 2046 affaires traitées. 65 enfants étaient victimes avec 52 autres inculpés, qui sont eux aussi… des mineurs ! Le nombre de victimes serait beaucoup plus important si le dépôt de plainte est systématique et sans crainte.

Beaucoup de tabous et de peur freinent les victimes dans leur démarche devant les services de sécurité. Mesurent la gravité de leur situation et rentrent dans une phase de honte et de culpabilité, les victimes ont peur de se confier à leurs parents et se résignent à répondre aux menaces et chantages des cyberprédateurs. 

Et pourtant, toutes les affaires traitées se font dans la plus grande discrétion, rassure le commissaire Belkhiri. Le dépôt de plainte peut se faire à n’importe quelle sûreté urbaine. Selon le témoignage du même responsable, la majorité des affaires traitées étaient fortuitement découvertes par les parents.

Cyberprédateurs mineurs !

Au signalement, la police a toute la logistique de pointe pour mettre hors d'état de nuire les cyberprédateurs qui sont aussi dans la plupart des cas des mineurs ! «Mais l’important c’est qu’ils soient (services de sécurité) saisis», note le commissaire de police.

Un danger virtuel mais bien réel d’où la campagne de sensibilisation aux dangers de la mauvaise utilisation d’internet par les enfants, en cours depuis le 3 avril dernier. Depuis dimanche, à la reprise de l’école, les enfants scolarisés, particulièrement les collégiens et les lycéens, sont la première cible de la DGSN. La campagne est organisée en coordination avec le commandement de la Gendarmerie nationale et la DGSN, une première. 

Organisée sous le slogan «Ensemble pour protéger nos enfants», elle s'inscrit dans le cadre de la coordination opérationnelle entre les différents services de sécurité. Devant s’étaler dans le temps, la campagne prévoit l’organisation d’activités visant essentiellement à sensibiliser les parents aux dangers de la mauvaise utilisation d’internet et des réseaux sociaux par les enfants. Ces derniers, très accros aux smartphones finissent par être une proie facile des cyberprédateurs, adultes ou mineurs. 

Statistiques inquiétantes 

Les chiffres de la cybercriminalité révèlent une forte recrudescence des cas. La courbe est toujours ascendante : 1055 affaires traitées en 2015, 2130 en 2017, 3522 en 2018 pour arriver à 4210 affaires en 2019. Les affaires ont explosé en période de confinement avec 5164 en 2020, puis 4400 en 2021. 

L’escroquerie vient en deuxième position, selon les données de la DGSN avec 16 enfants victimes. Des enfants sont également inculpés dans des affaires de vente via le Net de produits prohibés, comme des pilules d’avortement et les psychotropes. 

Les affaires liées à la publication des contenus malveillants ou d’actes à caractère pédophile sont estimées à 1085. Les enfants sont souvent victimes de ce genre de contenus. Tout commence toujours par l’instauration d’un rapport de confiance, puis par l’exercice d’une pression sur la victime par le chantage ou des menaces, en fonction des circonstances. 

Dans un second temps, les cyberprédateurs s’autorisent à demander avec beaucoup d’habileté et de ruse à leurs victimes des photos intimes. La majorité des enfants succombe ou cède au chantage de peur que les photos soient diffusées. 

Dans plusieurs cas, ce genre de chantage ne finit pas seulement par la demande de «rançon» mais par des répercussions psychologiques aboutissant parfois au suicide. Les parents sont interpellés pour faire preuve de plus de vigilance. 

 

 

Ce qu’il ne faut pas faire sur le net

Les services de sécurité avertissent contre certaines pratiques qui peuvent s’avérer très dangereuses aux enfants et adolescents sur le Net. Il est donc recommandé de ne jamais révéler l’adresse personnelle, le mot de passe ou des renseignements privés des parents. Ne jamais accepter de relations virtuelles à caractère sexuel. Ne pas accepter les faux profils et surtout ne pas remplir les renseignements dans les pages «phishing» («hameçonnage» ou escroquerie sur internet), utilisées généralement pour le piratage. Ne jamais transmettre ou échanger des photos personnelles avec des internautes, encore moins si elles sont de nature tendancieuse. Et aussi de faire attention à l’utilisation de la caméra sur le PC, dans la mesure où elle peut être activée à distance. 

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