Cyber-délits sexuels et nouvelles menaces sur les mineurs : 32 millions de cas signalés dans le monde

29/10/2023 mis à jour: 16:47
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Depuis 2019, le volume de signalements de matériels d’abus sexuels sur enfants a augmenté de 87%, portant les cas signalés à 32 millions dans le monde, fait ressortir, dans son édition 2023, le rapport de We Protect Global Alliance, un mouvement international dédié à l'action nationale et mondiale et visant à mettre fin à l'exploitation sexuelle des enfants.

 Pas que : documentant les risques auxquels les enfants sont exposés en ligne en 2023, ce 4e rapport intitulé «Evaluation mondiale de la menace» fait, en outre, état de la hausse, fort inquiétante, entre 2020 et 2022, de 360% des images à caractère sexuel auto-produites par les enfants eux-mêmes et dont l’âge oscille entre 7 et 10 ans. 

Signalant la propagation spectaculaire des cyber-délits sexuels à l’encontre des mineurs de par le monde avec le recours accru aux technologies numériques, l’organisation internationale WeProtect Global Alliance appelle à la mobilisation collective et a souligné le besoin de plus en plus grandissant et pressant de prévention contre les phénomènes les plus récents, tels que la sextorsion (extorsion sexuelle financière), le cybergrooming (sollicitation d’enfants à des fins sexuelles) ou live-streaming de pédopornographie (diffusion en temps réel d’actes d’ordre sexuel effectués par l’enfant lui-même ou par une personne tierce sur l’enfant).

 Les résultats de l’enquête menée par WeProtect Global Alliance ont révélé «l’impérieuse nécessité d’une approche concertée et à plusieurs niveaux pour protéger les enfants face à l’escalade des menaces, qui prennent des formes toujours plus variées et complexes».

 S’appuyant sur cette enquête, APO Groupe explique, pour sa part, dans un communiqué transmis à notre rédaction, que «de manière choquante, les conversations sur les plateformes sociales de jeux peuvent dégénérer en situations de sollicitations d’enfants à des fins sexuelles (grooming) à haut risque, en l'espace de 19 secondes seulement et au bout de 7 messages». 

En moyenne, y poursuit-on, «ces épisodes de grooming durent 45 minutes, durant lesquelles l’agresseur gagne la confiance de sa victime avant d’en abuser. Les plus longs épisodes peuvent durer jusqu’à 28 jours. Les environnements sociaux de jeux facilitant la rencontre entre adultes et enfants et l'échange de cadeaux virtuels accroissent considérablement ces risques. Mais les prédateurs ne sont pas forcément anonymes : dans 60% des cas, les abus sont perpétrés par des personnes connues de l’enfant». 

Est ainsi constaté «l’important décalage entre la perception du risque et les dangers effectivement encourus mais aussi la manière dont les agressions prennent forme» dont souffrent les enfants. L’extorsion financière, cette autre arme redoutable, aurait tendance à se répandre de manière virale auprès des cyber-prédateurs sexuels. En témoignent 139 cas en 2019, les signalements rapportés de prédateurs ayant fait chanter l’enfant suite à l’acquisition de matériel numérique de type sexuel, comme le fait de se procurer des photos osées d’un mineur au travers de réseaux sociaux, sont passés à 10. 000 en 2022.
 

Prédateurs en ligne

«Les auteurs de ce type d'extorsions préparent et manipulent les enfants pour qu'ils partagent des images et des vidéos sexuelles d'eux-mêmes, puis les extorquent en échange d'un gain pécuniaire». Les enquêteurs WeProtect Global Alliance, feront remarquer la différence criante dans la perception des risques entre fille et garçon. Moins conscients que les filles, ces derniers en sont les principales victimes. «De nombreux prédateurs en ligne se font passer pour des jeunes filles et approchent principalement des garçons âgés de 15 à 17 ans via les réseaux sociaux. 

Ces préjudices mènent à des séries de cas où des enfants mettent tragiquement fin à leurs jours, une situation terrible alors que les garçons ne cherchent pas forcément à demander de l’aide. Dans certaines cultures, les garçons ont du mal à se considérer et à être reconnus comme victimes d’agressions», préviennent-ils. 

Des faits et tant d’autres dangereusement exacerbés par les nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle (IA), qui font que le poids des menaces devient de plus en plus lourd pour les populations mineures. Depuis début 2023, «les prédateurs utilisant l'IA générative pour créer des supports d’abus sexuels sur enfants et exploiter les enfants sont toujours plus nombreux». Il a, en effet, été relevé que «si moins de 1% des fichiers d’abus proviennent d’images générées par ordinateur, leur volume a augmenté de façon alarmante depuis août 2022». 
appel à une mobilisation mondiale
 

En la matière, a-t-on souligné, «l'Australie fait figure de pionnière et exige des grandes entreprises technologiques (Microsoft, Meta, Apple, Whatsapp…) qu'elles prennent des mesures pour que l’IA ne soit pas utilisée pour générer de fausses images et fausses vidéos d'abus. C’est dire que des opportunités supplémentaires et des facilités inouïes, les nouvelles technologies et la sphère numérique, dans son ensemble, en ont profusément créées pour les prédateurs sexuels, dont la communauté ne cesse de gagner du terrain un peu partout dans le monde. 
 

D’autant que, tient-on à rappeler, «auparavant, à une personne malveillante, il fallait aller rôder près des écoles ou des places d’attraction ou aires de jeux pour chasser leurs proies. Alors qu’aujourd’hui, il suffit de rester chez elle derrière un écran pour entrer en contact avec des mineurs. Du fait de leur jeune âge, et parfois d’un manque de maturité, les enfants et les jeunes ne sont pas conscients et ne reconnaissent pas les dangers qu’ils peuvent rencontrer sur internet et les médias sociaux». 

D’où l’appel de Iain Drennan, directeur exécutif de WeProtect Global Alliance, à une mobilisation mondiale aux fins de voir plus clair tous ces phénomènes et mieux appréhender les nouvelles menaces à travers, notamment, le développement de politiques de lutte ciblées et plus performantes. Dit autrement apporter une réponse rapide et ambitieuse pour combattre efficacement cette escalade de dangers, tous azimuts. 

«L'exploitation et les abus sexuels sur enfants, facilités en ligne, et ce, dans le monde entier, requièrent toute notre attention et des actions immédiates. Les nouvelles capacités technologiques exacerbent les risques existants, et la situation ne diffère pas selon le pays. La sécurité des enfants n’est pas négociable. 

Pour éviter que davantage d'entre eux ne soient exposés au danger, les gouvernements, les fournisseurs de services en ligne, les organisations caritatives et les entreprises doivent redoubler d'efforts et travailler main dans la main pour protéger les enfants», insiste le responsable.
 

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