L’Algérie et les Pays-Bas travaillent pour la consolidation des programmes de coopération dans le secteur agricole. A l’instar des semences de pomme de terre, des maraîchers, de l’élevage bovin et avicole, les deux pays se penchent actuellement sur le développement des cultures sous serres intelligentes pour la production des maraîchers en milieu urbain et suburbain.
Et ce, dans le cadre d’un projet de coopération entre l’Ecole nationale supérieure agronomique (ENSA) et l’Université agronomique de Wageningen, avec la contribution de l’ambassade des Pays-Bas en Algérie. Ce projet a fait l’objet hier d’une présentation détaillée à l’occasion d’un atelier sur «Un avenir durable pour l’agriculture algérienne», organisé à l’ENSA en présence de tous les acteurs qui gravitent autour des cultures maraîchères.
Le projet en question porte sur la conception de serres intelligentes destinées aux zones périurbaines du nord du pays, pour approvisionner les populations en produits maraîchers. Il sera présenté aujourd’hui au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour discuter de sa faisabilité, des modèles à adapter et des moyens de financements à mettre en œuvre.
Les villes du Nord sont en train de s’étaler sur le plan urbain. Il y a de moins en moins de terres cultivables autour puisque les meilleures terres sont en train d’être consommées par le béton du fait de l’urbanisation. Donc, il y a une concentration humaine tout autour des villes. «Ce qui engendre une augmentation de demande en produits agricoles», analyse le professeur Ali Daoudi pour expliquer l’idée de ce projet.
Si aujourd’hui, cette demande est en grande partie satisfaite à partir du Sud puisqu’on assiste au phénomène de la polarisation de l’offre et de la demande, avec une offre qui se positionne au Sud et une demande au Nord, un déséquilibre risque de surgir à long terme. «Cette polarisation fonctionne encore. Nous avons les infrastructures qui le permettent, mais cela a aussi des inconvénients avec les coûts de transport énormes, la pollution et le risque d’épuisement des nappes phréatiques au Sud. En plus, les crises, comme la Covid, nous rappellent que les chaînes logistiques ne sont pas infaillibles. Elles peuvent être perturbées par plusieurs phénomènes», relèvera M. Daoudi. Et de s’interroger : «A ce moment-là, que deviendrait les villes approvisionnées à partir du Sud ?» Mettant en exergue le risque de pénurie.
Ainsi, pour sécuriser l’approvisionnement des villes et réduire l’impact écologique, une couronne de serres intelligentes ultra performantes, qui utilisent moins d’eau et moins de ressources au sol, s’avère être la solution idoine à adopter. Et ce, d’autant qu’en matière de rendements, ces serres produisent en grandes quantités. Par exemple, pour la tomate, le rendement est de 40 kilogrammes au mètre carré (kg/m2) contre 20 kg/m2 dans les serres tunnels. Ce qui pourrait intéresser les investisseurs.
Actuellement, faut-il le noter les cultures sous serres sont conduite à travers 20 000 hectares, dont l’essentiel est implanté à Biskra. En somme, 3% de la superficie maraîchère produisent 16% des besoins dans cette filière culture maraîchère.
«Nous sommes en train de travailler avec les Hollandais sur un modèle technique. Il s’agit pour nous de voir quel type de serres et quelles technologies choisir», nous dit à ce sujet le professeur Daoudi. Des simulations sont d’ailleurs en cours. «Notre ambition en tant qu’Ecole, c’est passer la phase de conception et aller à la réalisation avec l’aide de la tutelle du prototype pour maîtriser la technologie et surtout l’ouvrir pour devenir une plateforme de formation dédiée aux agriculteurs», ajoutera le représentant de l’ENSA, pour qui, les investisseurs sont preneurs de toutes les innovations technologiques quand il s’agit d’améliorer les rendements.
Pour mettre en place ce prototype et produire des Data précises, l’ENSA a besoin d’une période allant de trois à quatre ans mais surtout d’appui de la tutelle. L’Ecole nationale polytechnique (ENP) travaille également sur un projet similaire et les deux établissements comptent coordonner leurs efforts sur ce dossier pour aller vers le top des technologies dans le domaine des cultures sous serres, qui verra l’émergence de plusieurs métiers avec la nécessité d’avoir des start-up maîtrisant l’aspect software et d’autres qui produisent les substrats nécessaires.
L’Algérie en a grandement besoin. Il s’agit, comme l’ont souligné les participants à l’atelier d’hier, de faire face à une demande alimentaire interne de plus en plus importante en affrontant la rareté croissante des ressources avec des conditions climatiques de plus en plus défavorables. Une situation qui appelle au développement et la maîtrise des innovations agricoles.