Crise Libyenne : Khaled Mechri perd la présidence du Haut Conseil de l’Etat

09/08/2023 mis à jour: 00:07
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Khaled Mechri

C’est la non-reconduction de Khaled Mechri à la tête du Conseil supérieur de l’Etat en Libye qui a créé satisfaction dans le camp du chef du gouvernement, Abdelhamid Dbeiba. Mechri a fait alliance avec le Parlement de Aguila Salah pour écarter Dbeiba du traçage de la feuille de route des prochaines élections, via le marathon des réunions de la commission 6+6 au Maroc, entre le Parlement et le Conseil supérieur de l’Etat. 

La communauté internationale et les Libyens s’interrogent aujourd’hui sur les intentions de Takala, notamment concernant les résolutions déjà validées de la commission 6+6 et le modèle d’élections proposé aux Libyens. Nul ne saurait ignorer le fait que Takala a gagné par la maigre différence de cinq voix (67 à 62) aux dépens de Mechri ; les voix des sympathisants de Dbeiba étaient certes déterminantes dans l’issue de ce scrutin, mais ces derniers sont déjà satisfaits par le départ de Mechri et au-delà des positions de Takala. 

Le chef du gouvernement d’Union nationale, Abdelhamid Dbeiba, a multiplié les signaux vers le nouveau président du Conseil de l’Etat, Mohamed Takala, suite à son élection. Dans son message de félicitations via son compte twitter, Dbeiba lui a souhaité réussir pour que «le Conseil, sous votre présidence, aura un rôle en synchronie avec la volonté des Libyens de tenir des élections et mettre fin aux phases intermédiaires». 

Dbeiba est déjà satisfait de l’acquis du départ de Mechri, un frère musulman notoire, qui a été régulièrement opposé à la politique du gouvernement de l’Unité nationale. Dbeiba ne peut pas, pour le moment, compter sur le nouvel élu, Mohamed Takala, puisqu’il a soufflé à son encontre aussi bien la pluie que le beau temps. D’un côté, Takala a voté en faveur de Dbeiba à Genève le 5 février 2021. De l’autre, il a voté en 2022 pour l’investiture de Fathi Bach Agha, lorsqu’il a été décidé de détrôner Dbeiba, de connivence avec le Parlement. L’orientation de Mohamed Takala n’est donc pas claire, jusque-là.
 

Perspectives

Le clan Dbeiba est, jusque-là, insatisfait des actions de la commission 6+6, formée par le Parlement et le Conseil de l’Etat, puisqu’elle a écarté le gouvernement Dbeiba de ses concertations, ne le considérant pas acteur de la transition, mais, juste une émanation des institutions libyennes élues. Or, ni Dbeiba, ni la délégation spéciale de l’ONU et, encore moins, plusieurs puissances internationales appellent à l’élargissement des concertations aux autres acteurs de la scène libyenne. 

Tous les observateurs attendent donc la réaction de Takala dans sa nouvelle position de président du Conseil de l’Etat. Sous Mechri, le conseil a composé avec le Parlement de Toubrouk de Aguila Salah pour arriver aux accords de la commission 6+6 concernant les conditions des prochaines élections. Tout le monde s’interroge si le Conseil supérieur de l’Etat, sous Takala, va continuer dans la perspective d’installer un mini-gouvernement d’Union nationale dont la principale mission sera la préparation des prochaines élections. 

Cette proposition de changement de gouvernement, émanant de la commission 6+6, est rejetée par la délégation spéciale de l’ONU et les puissances occidentales, comme cela a été énoncé dans le communiqué émanant des Etats-Unis, Grande-Bretagne, Italie, France et Allemagne, ainsi qu’à travers les déclarations de Abdallah Batili. 

Ces acteurs insistent sur la tenue d’élections avant le changement du gouvernement et ne veulent pas installer une nouvelle phase intermédiaire. Par contre, l’Egypte et la Turquie s’attachent au rôle des institutions libyennes élues. Face à ces tergiversations des acteurs classiques, locaux et internationaux, une nouvelle position commence à émerger, rejetant les instances existantes.

 Elle est ouvertement véhiculée par les Emirats et elle fait des appels du pied à Abdelhamid Dbeiba et au clan Haftar. Elle appelle à un rapprochement entre Haftar et Dbeiba, les deux hommes forts sur le terrain. «La décision revient à ceux qui ont le pouvoir et il n’y a que Haftar et Dbeiba à le détenir vraiment ; plus besoin des institutions bidon», explique le politologue Ezzeddine Aguila, reprenant des analyses du Crisis Group. 

La conclusion claire de cette situation floue c’est que «la solution de la crise libyenne n’est pas pour demain», selon le juge libyen Jamel Bennour. 
 

Tunis
De notre correspondant  Mourad Sellami  

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