Crise au Niger : Le ton monte entre Paris et Niamey

11/09/2023 mis à jour: 00:19
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Photo : D. R.

Le président français, Emmanuel Macron, a usé, hier, d’une rhétorique  belliqueuse et de menaces à peine voilées depuis New Delhi pour réfuter les accusations de Niamey qui a alerté quant à une imminente «agression militaire» ciblant le Niger pour «rétablir» le président Bazoum, renversé par un coup d’Etat le 26 juillet dernier.

Un éventuel redéploiement des forces françaises au Niger «ne sera décidé qu’à la demande de Bazoum», a indiqué le président français, réinstallant, du coup, le doute après des tractations officiellement assumées, côté français, pour l’évacuation des bases de l’armée française du Niger. «Si nous redéployons quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du  président Bazoum et en coordination avec lui.

Pas avec des responsables qui, aujourd’hui, prennent en otage un président», a déclaré M. Macron lors d’une conférence  de presse à l’issue du Sommet du G20 à New Delhi. Le chef d’Etat français va ainsi à contre-courant de la forte mobilisation de la population locale qui réclame, depuis des mois, le départ des forces armées françaises et la fermeture des bases militaires implantées sur le territoire nigérien.

Les putschistes de Niamey sont catégoriques : la France est en train de  «déployer ses forces» dans plusieurs pays ouest-africains, en vue d’une «agression» contre le Niger. Une affirmation que viennent appuyer de récentes informations faisant état de l’envoi de troupes françaises dans des pays  membres de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), favorables à une intervention militaire au Niger.

A Niamey, selon des médias occidentaux, le colonel-major Amadou Abdramane, porte-parole des putschistes, a déclaré  dans un communiqué lu samedi à la télévision nigérienne que la «France continue de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Cédéao, dans le cadre de préparatifs d’une  agression contre le Niger, qu’elle envisage en collaboration avec cette  organisation communautaire».

Selon le communiqué, les militaires à Niamey  ont constaté, depuis le 1er septembre, que «deux aéronefs de transport militaire type A400M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire», et que «deux hélicoptères multirôles type Super  Puma» et «une quarantaine de véhicules blindés» l’ont été «à Kandi et Malanville au Bénin». «Le 7 septembre 2023, un navire militaire français a accosté à Cotonou (Bénin, ndlr) avec, à son bord, du personnel et des moyens militaires», a ajouté  la même source.

Les putschistes ont également fait état d’«une centaine de rotations d’avions militaires cargo ayant permis de débarquer d’importantes quantités de matériel et d’équipements de guerre au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Bénin, pour ne citer que ceux-là».

Les militaires français démentent et affirment, selon des médias, que «rien de tout cela n’est ni en préparation ni en intention. Il n’y a pas d’intervention, d’attaque prévue contre le Niger». Depuis  août dernier, des milliers de Nigériens manifestent presque chaque jour aux abords de la base militaire abritant des soldats français pour réclamer leur départ.

L’initiative d’Alger

Le sentiment anti-français au Niger s’accentue, alors que les  Américains, plus pragmatiques, ont entamé «par précaution» un repositionnement de leurs troupes de la base 101 de Niamey à la base 201 d’Agadez (base abritant des drones), dans le centre du pays, selon  le département de la Défense des Etats-Unis.

Début septembre, les autorités françaises  ont confirmé  que des «échanges» étaient en cours entre les armées nigérienne et française pour «faciliter les mouvements de moyens militaires français». «La question du maintien de certaines de nos forces se pose», avait déclaré le ministère français des Armées.

C’est dans ce contexte que la diplomatie algérienne a amorcé une initiative en six étapes, mettant en avant l’option d’un règlement politique pacifique de la crise au Niger.

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a en effet souligné que cette initiative est un résumé des consultations et des contacts menés depuis le premier jour du coup d'Etat militaire au Niger.

L’initiative algérienne est, faut-il le rappeler, basée sur la restauration, dans un délai de six mois, de l’ordre constitutionnel avec la participation de toutes les parties, sans exclure personne.

Notons que l’initiative de l’Algérie a été acceptée tant au niveau régional que mondial. Attaf s’est d’ailleurs rendu au Nigeria, au Bénin et au Ghana, membres de la Cédéao, du 23 au 26 août, pour discuter de la crise au Niger.

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