Le Credit Suisse a versé 32 milliards de francs suisses (33,2 milliards d’euros) en bonus durant la dernière décennie avant son rachat en catastrophe par sa rivale UBS, alors que la banque était dans le rouge, affirmait hier l’hebdomadaire SonntagsZeitung.
A deux jours du premier anniversaire mardi du sauvetage in extremis de la deuxième banque de suisse, l’hebdomadaire s’appuie sur le rapport des avocats d’UBS dans le cadre des poursuites lancées par des investisseurs en colère.
Ainsi, la banque aujourd’hui absorbée par UBS, a versé chaque année environ 1 million de francs à chacun de ses 1.557 gestionnaires de risques sur cette période, quel que soit l’état des finances de la banque, affirme l’hebdomadaire. «Une autre constante était le versement de dividendes par le Credit Suisse.
Eux aussi étaient payés en touchant au cœur financier de la banque puisqu’il n’y avait pas de bénéfice au total», souligne-t-il. Ce n’est qu’au printemps 2023, que les autorités fédérales ont interdit à la banque de verser un dividende, comme les dirigeants en avaient l’intention alors que l’établissement était déjà au cœur d’une tempête qui allait finalement l’emporter.
Pour financer tout cela, les dirigeants du Credit Suisse ont procédé à des montages financiers pour trouver l’argent servant à financer les largesses aux actionnaires. Credit Suisse a d’abord puisé l’argent dans les filiales, en particulier la branche suisse, qui est restée jusqu’au bout le joyau de la couronne.
Sur la période 2016 - 2020, ce sont ainsi 3,4 milliards de francs qui ont été pompés de la filiale suisse de la banque vers la holding qui versait les dividendes sous formes de prêt à court terme connus sous le nom de «Short term intercompany debt».
Et c’est ensuite que les dirigeants ont eu l’idée de faire appel à des obligations AT1, devenues fameuses, parce que l’autorité de surveillance des marchés financiers Finma a déclaré le jour du rachat, sans valeur ces titres à risques de Credit Suisse, pour un montant de près de 16 milliards de francs.
Ces obligations portaient des taux d’intérêt très élevés, note l’hebdomadaire et le montage n’était donc pas viable au regard des performances du groupe bancaire. Au printemps 2021, Credit Suisse est victime coup sur coup de deux naufrages financiers (Greensill et Archegos) qui lui coûtent des milliards.
C’est le début de la crise de confiance qui a finalement coulé l’entreprise. «La question est de savoir si tout cela était réellement légal», s’interroge la SonntagsZeitung. «Le ministère des Finances dit depuis un an que cela est en train d’être clarifié. Cela n’est toujours pas arrivé», souligne l’hebdomadaire.