Création d’emplois dans la région MENA : La BM recommande une politique «volontariste»

12/03/2025 mis à jour: 23:03
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La bataille de l’emploi n’est pas gagnée dans la région MENA

Une stratégie combinant création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité, soutenue par un programme ambitieux pour l'emploi, offrirait une trajectoire plus viable pour les pays de la région MENA.» 

Il s’agit là d’une des conclusions à laquelle est arrivée une étude sur l’emploi dans la région MENA, publiée sur le site de la Banque mondiale le 27 février 2025. Tout en admettant qu’il y a lieu d’adapter le programme d’action sur l’emploi à la situation de chaque pays, l’étude en question affirme que «les pays en développement de la région MENA peuvent bénéficier d’''emplois plus nombreux'' et d’''emplois de meilleure qualité'' à des degrés similaires». 

Les experts de la BM soulignent, par exemple, que le fait de «combler l’écart de taux d'activité entre les sexes permettrait d’augmenter le ratio emploi/population de 1,7% par an, allégeant ainsi la pression sur la productivité, qui devrait croître de 2,1% par an jusqu'en 2050». 

«En Egypte, où la croissance démographique est estimée à 1,3% par an au cours des prochaines décennies, la réduction des disparités de participation entre hommes et femmes, a-t-on noté, pourrait faire progresser le ratio emploi/population de 2,1% par an. Avec une productivité en hausse de seulement 1,7% par an, l'Egypte pourrait ainsi atteindre l'objectif de croissance régionale.» 


Cette étude cite aussi l’exemple de l’Arabie Saoudite, qui, à l’inverse, s’appuie sur une large main-d’œuvre migrante. 

Le principal enjeu, pour ce pays, est «l'amélioration de la qualité des emplois». L’Algérie ? Bien qu’elle ne soit pas cité dans ce billet de la BM, celui-ci affirme en tout cas que «l'avenir de la région MENA repose sur la mise en œuvre d’un programme d’action volontariste pour l'emploi. 

Chaque pays devra adapter ses politiques à son propre contexte économique et démographique, en mettant l'accent soit sur la création d'emplois, soit sur leur qualité (…)». 

Croissance du PIB

En fait, ce texte souligne que la bataille de l’emploi n’est pas gagnée dans cette région du monde. «Au cours des 25 dernières années, affirme-t-on, la croissance démographique de la région MENA a contribué à la croissance du PIB à hauteur de 1,9 point de pourcentage par an. Comme la population en âge de travailler a augmenté plus rapidement que la population totale, la hausse du taux d’activité a ajouté 0,4 point, tandis que les gains de productivité ont représenté 1 point.» 

Comparaison avec d’autres économies. «En 2000, le PIB par habitant de la région MENA représentait seulement 26% de celui de la première économie mondiale. En 2023, il plafonne toujours autour de cette valeur. 

Ce constant est préoccupant, car les économistes s'attendent généralement à ce que les pays les plus pauvres enregistrent une croissance plus rapide, grâce à l’effet de convergence, qui repose sur un meilleur rendement des investissements lorsque le ratio capital/travail est initialement faible. Or, ce phénomène ne s'est manifestement pas produit dans la région MENA ces dernières décennies. Pis encore, avec l'évolution des dynamiques démographiques, les 25 prochaines années s’annoncent encore plus difficiles pour la région.» Ces projections sont loin d’être rassurantes.

La Banque se demande dans le même temps si la région MENA pourra atteindre «la moitié du niveau de l'économie de référence d'ici 2050». S’appuyant sur les dernières estimations du Bulletin d’information économique de la région, l’on arrive à la conclusion que «cela nécessiterait une croissance annuelle du PIB régional de 4,9%, soit environ 1,5 fois le taux observé par le passé». 

Et d’ajouter : «En outre, avec le ralentissement de la croissance démographique, la contribution de ce facteur se limiterait à 1,1 point de pourcentage. Le reste de la croissance économique reposera donc sur des politiques publiques.» Selon la même source, au cours des 25 prochaines années, la croissance de la population en âge de travailler de la région MENA devrait être «légèrement inférieure» à l’accroissement démographique. «En conséquence, a-t-on indiqué, le taux d'activité aura un impact limité sur la croissance – sa contribution sera même légèrement négative et négligeable.» 

Et de s’interroger : «Dès lors, d'où viendra la croissance ?»  La seule réponse possible, a-t-on conclu, réside dans «la productivité». «Pour que le PIB par habitant atteigne la moitié de celui de l’économie de référence, la productivité de la région MENA devrait augmenter de 3,8% par an au cours des prochaines décennies, soit près de quatre fois le taux atteint au cours des 25 dernières années», a-t-on souligné. 

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