Le Pr Chaouch entend donner un nouveau souffle à la greffe rénale et tous les autres organes et surtout promouvoir le don sur cadavre.
Après de nombreux blocages et dysfonctionnements qui ont sérieusement affecté cette activité médicale et chirurgicale, la greffe rénale renoue avec son activité. 210 greffes rénales ont été réalisées au cours de l’année 2021, contre 100 greffes en 2020, malgré la pandémie de la Covid-19, selon les statistiques de l’Agence nationale de greffe d’organes.
«Nous avons continué à greffer tout au long de cette période. L’objectif annuel est non atteint pour des raisons que nous connaissons tous. Les principaux centres hospitaliers de transplantation ont été dédiés à la Covid-19 et le corps médical a été fortement touché par cette pandémie, comme c’était le cas également de certains patients qui attendaient une greffe. C’est la raison pour laquelle l’activité a connu un ralentissement entre les différentes vagues épidémiques. Il fallait donc réunir à chaque fois toutes les conditions pour pouvoir reprendre l’activité», explique le Pr Chaouch qui a déploré la perte de 400 patients dialysés décédés à cause de la Covid-19, alors qu’«il n’y a eu aucun décès des patients greffés», s’est-il félicité.
Le Pr Chaouch entend donner un nouveau souffle à la greffe rénale et tous les autres organes et surtout promouvoir le don sur cadavre. «L’Agence nationale de greffe travaille depuis deux ans sur un programme élargi à différents niveaux pour justement arriver à mettre en place tous les mécanismes nous permettant de promouvoir le don sur cadavre», a souligné le Pr Chaouch avant de préciser : «Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la Santé pour mettre à jour les dispositions réglementaires à travers la publication des textes d’application de la loi sanitaire pour la greffe sur donneur cadavérique. Nos collaborons également avec le ministère des Affaires religieuses pour sensibiliser la population au don d’organes.» Le directeur général de l’agence de la greffe a fait savoir que le registre des refus de don d’organes «est également lancé en attendant un complément de dispositions réglementaires». Pour lui, l’objectif de l’agence à moyen terme est d’arriver à réaliser un minimum de 30 greffes par an et par centre de transplantation.
«Nous avons un grand potentiel de chirurgiens et de néphrologues algériens qui ont acquis une grande expérience en la matière. Nous sommes prêts à faire plus et mieux», a-t-il soutenu. Et d’appeler au respect de l’éthique et de la déontologie au sein de la corporation. «L’activité de la greffe mérite tous les encouragements, que ce soit dans le secteur public ou privé, d’autant qu’un cadre réglementaire et juridique est aujourd’hui mis en place et personne ne peut passer outre», a-t-il ajouté.
Pour le Pr Ali Benziane, chef de service de néphrologie au CHU de Bab El Oued, les équipes médico-chirurgicales à travers le territoire national sont aujourd’hui prêtes : «Notre objectif est de redynamiser l’activité avec le renforcement des équipes, consolider les acquis. Nous sommes déterminés à assurer cette activité et surtout aller vers le don sur cadavre. Les médecins réanimateurs, les chirurgiens et les néphrologues accompagnés de l’Agence nationale de greffe sont mobilisés à aller de l’avant et redynamiser cette activité et soulager les centaines de patients en attente d’une greffe.»
Il affirme qu’il y a une volonté de fer à concrétiser l’objectif déjà fixé, notamment pour le projet de greffe de la cornée à partir du cadavre. «L’opération pilote sera lancée à partir du CHU Mustapha Bacha, conformément à la réglementation», a-t-il déclaré tout en espérant élargir l’activité de greffe à d’autres organes, notamment en chirurgie thoracique, en l’occurrence le poumon. Le Pr Benziane se dit confiant et optimiste pour l’avenir de la transplantation en Algérie.
Le Dr Abdelkrim Saaoui, chargé de la formation au sein de l’agence de greffe, s’inscrit dans la même dynamique que son collègue et assure que les équipes médico-chirurgicales ont acquis des compétences et une expertise. «Un référentiel en matière de transplantation est désormais mis en place et les équipes des différents centres d’Alger, Oran , Annaba, Batna, Constantine et Tlemcen s’y réfèrent pour une meilleure prise en charge des patients», a-t-il souligné.
Classé parmi les plus grands centres de greffe rénale avec 7 chirurgiens greffeurs actuellement, le service de chirurgie vasculaire et transplantation rénale au CNMS à Alger compte à son actif 602 greffes rénales depuis 2006, dont 530 adultes et 72 enfants.
«Notre centre a réalisé la première transplantation rénale pédiatrique chez un enfant de 3 ans à moins de 13 kilos», a indiqué le Pr Hamid Kanoun, chef de service de chirurgie vasculaire et de transplantation, tout en affirmant que l’activité chirurgicale est toujours en cours au sein de son service au rythme de 2 greffes par semaine en ces temps de pandémie. «6 greffes rénales ont été effectuées depuis le 22 février et nous tablons sur 70 greffes d’ici à la fin de l’année. Le centre a réalisé 22 greffes en 2021», a -il précisé.
Le Pr Kanoun appelle à la mobilisation de tous les acteurs et à plus de «sérénité» pour une relance rapide de la greffe rénale pérenne pour «mettre fin au calvaire que vivent les patients dialysés». Et de plaider pour la promotion du don et multidons d’organes, notamment à partir du cadavre, d’autant que 28 000 patients sont en hémodialyse et l’Algérie enregistre 3500 nouveaux cas par an d’insuffisants rénaux chroniques.