Covid-19 : La wilaya de Constantine se dirige vers un plan B

16/01/2022 mis à jour: 04:27
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Tous les indices confirment que la situation n’est pas si rassurante dans la wilaya de Constantine qui se dirige vers l’application du plan «B», avec l’augmentation des lits d’hospitalisation. La vague mortelle de la propagation du variant Delta n’a pas encore servi de leçon, vu que tous les patients admis dans les hôpitaux sont des cas désaturés.

«Nous sommes toujours dans le plan A, où sur un total de 245 lits, seulement 106 sont actuellement occupés. Mais le risque d’augmentation du taux d’occupation des lits, surtout par les patients ayant des pathologies chroniques, se pose actuellement. Le problème réside également au niveau de la réanimation, où nous avons 14 lits occupés, dont la majorité est formée de cas non intubés.

Mais le risque y est, car aujourd’hui (hier, ndlr), nous avons enregistré 11 nouveaux cas à double oxygénation», a déclaré Abdelhamid Bouchelouche, directeur de la santé et de la population de la wilaya de Constantine (DSP). Et de rappeler que toutes les hospitalisations concernent les cas déclarés positifs au variant Delta, sachant que le variant Omicron est décelé chez 33% des contaminations à l’échelle nationale.

Par ailleurs, le personnel médical interrogé dans certaines infrastructures dédiées à la Covid a préféré tenir un ton alarmant. Plusieurs étaient du même avis, à savoir que les centres Covid puissent se remplir dans les prochains jours, si la hausse des contaminations persiste à ce rythme. Pour sa part, le Pr Assia Bensalem, directrice des activités pédagogiques et médicales (DAPM) et médecin-chef du service d’oncologie médicale à l’hôpital de Didouche Mourad, estime que l’établissement est aujourd’hui à terme des lits déployés.

«L’hôpital de Didouche Mourad a procédé à la mobilisation de 45 lits d’hospitalisation de cas Covid. Actuellement, nous sommes à l’occupation de 35 lits, mais beaucoup de malades sont branchés à double oxygénation. C’est-à-dire nous sommes dans un établissement ‘complet’. La preuve nous projetons de passer au plan B, avec l’augmentation de nos capacités d’hospitalisation.

Le plan B nécessite l’augmentation à 81 lits, tout comme les vagues précédentes», a-t-elle alerté. Et d’ajouter, vu que le séquençage se fait au niveau d’Alger et non pas à Constantine, le variant prédominant dans la wilaya reste inconnu et on ne peut pas savoir s’il s’agit uniquement de Delta ou d’Omicron aussi. Notre interlocutrice n’a pas caché sa crainte de la rencontre de ces deux variant mentionnés chez un seul patient ou la propagation d’un nouveau variant «Deltacron». Dans ce sillage, elle dira : «On prévoyait ça en réalité et il pourrait faire dans ce cas des ravages, surtout que la majorité de la population n’est pas vaccinée.»

90% des cas sont des non-vaccinés

Le Pr Assia Bensalem n’a pas manqué de noter que 90% des patients qui se présentent sont des non-vaccinés et toutes les hospitalisations concernent les formes très graves avec une atteinte très prononcée.

Les résultats des scanners précisent que ces gens sont atteints à plus de 70%. Ces cas admis, explique-t-elle, désaturés à moins de 80% d’atteinte nécessitent un branchement à des sources d’oxygène assez importantes.

Systématiquement, ces malades doivent être transférés vers le service de réanimation. Hélas ! Les lits de réanimation ne suffisent plus. «A chaque fois, nous demandons le transfert vers des lits de réanimation, nous ne trouverons plus de place. On nous dit qu’il n’y a plus de lits disponibles. Nous sommes arrivés à ne plus demander», a-t-elle souligné.

Et de soutenir que le problème d’oxygène ne se pose pas «encore», car il n’y a pas eu d’augmentation de lits d’hospitalisation, comme pour les pics de contamination écoulés. Tous les médecins interrogés ont estimé que le taux de vaccination reste très faible. Même l’inoculation d’une troisième dose est insignifiante, explique le Pr Bensalem, parce que les gens sont en train de développer des grippes saisonnières.

De son côté, le DSP estime que la population est dans sa bulle de minimiser le danger, particulièrement celui lié à l’Omicron, qualifié de moins dangereux que les souches précédentes. Cela se perçoit, d’après ses dires, dans le relâchement, les habitudes et les rassemblements de la population dans les fêtes et autres. Il ajoute que les citoyens parlent en se basant sur les avis des spécialistes étrangers, d’une fin de la pandémie amenée par ce nouveau variant.

«Mais il faut craindre le pire ! Car, la totalité des malades admis au service de réanimation est non vaccinée. Pourtant tous les types de vaccin sont disponibles, notamment le Sinovac, Sinopharm, Johnson & Johnson et Sputnik. Le dernier quota arrivé à Constantine est estimé 48 000 doses de Johnson, administré au secteur de l’éducation», a-t-il avancé.

Il a rappelé qu’un programme de vaccination a été prévu entre le 10 et le 25 janvier dans l’administration publique. Malheureusement, le taux est toujours bas. Parmi tout le personnel de l’éducation, seulement 124 personnes ont accepté la vaccination. Faut-il imposer le pass sanitaire ? «Certes le taux de vaccination estimé à 33% reste faible, mais tant qu’il n’y a pas une loi, on ne peut pas obliger les gens à adhérer», a-t-il conclu. 

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