Covid-19 en Algérie : Une courbe ascendante et des interrogations

03/01/2022 mis à jour: 03:16
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L’avènement de l’Omicron en Algérie est «inquiétant» / Photo : D. R.

L’avènement du variant Omicron en Algérie est d’autant plus «inquiétant», que la campagne de vaccination tourne au ralenti et que les objectifs de l’année 2021 n’ont pas été atteints, affirme le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique chargé de la lutte et du suivi de la pandémie Covid-19.

A l’heure où la courbe des contaminations au coronavirus repart à la hausse, plusieurs interrogations subsistent : le travail de sensibilisation pour la campagne vaccinale est-il insuffisant ? Faut-il revoir la stratégie de gestion et de communication autour de la crise sanitaire en Algérie ? Dans quelle mesure faut-il s’inquiéter de l’apparition des premiers cas de l’Omicron en Algérie  ?

Le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique chargé de la lutte et du suivi de la pandémie Covid-19 considère qu’il y a certes une tendance haussière de la courbe des infections, mais que «la situation reste stable avec 4000 malades dans les établissements hospitaliers et une augmentation journalière de près de 350 à 280 cas par jour». Au total, l’Algérie compte 16 cas du nouveau variant Omicron ayant semé la panique dans le monde à cause de sa vitesse de propagation, plus élevée que celle du Delta.

C’est la première fois que des cas d’Omicron touchent des cas contacts en Algérie. L’avènement de l’Omicron en Algérie est d’autant plus «inquiétant», nous dit le Pr Mahyaoui, que la campagne de vaccination tourne au ralenti et que les objectifs de l’année 2021 n’ont pas été atteints. A ce jour, près de 13 millions d’Algériens se sont fait vacciner contre le coronavirus.

Moins de 40 000 personnes ont fait le rappel de la troisième dose. Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l’Ordre des médecins, estime que l’arrivée de l’Omicron était «inévitable». «Il s’agit d’un variant dont la transmission est très rapide. Nous savons aujourd’hui que sur le plan clinique, il est moins dangereux que le Delta.

A titre d’exemple, en Grande-Bretagne où l’infection à l’Omicron a atteint les 40%, il y a eu peu de morts. Il n’est cependant pas possible de faire des comparaisons dans la mesure où 80% de la population britannique est vaccinée. Nous ne savons pas comment ce variant réagira face à une population qui, dans sa grande majorité, n’a pas été vaccinée», nous explique-t-il. En Algérie, la grande majorité des contaminations sont liées au variant Delta. «C’est un variant que nous connaissons bien désormais», glisse le Pr Mahyaoui.

Abandon des mesures barrières !

L’autre inquiétude, selon le Pr Mahyaoui, concerne le fait qu’une majorité de la population algérienne donne l’impression d’avoir abandonné les mesures barrières. «Nous sentons que la population algérienne est fatiguée et qu’elle veut retrouver la vie d’avant. Aussi faut-il accélérer la campagne de vaccination», dit le Dr Bekkat. Et de plaider  : «Il est urgent de mettre en place un plan de communication agressif.

Que font les associations subventionnées par l’Etat ? Où sont les personnalités et les grands sportifs dont les voix sont entendues par les citoyens ? Où sont les autorités religieuses ? Les autorités se contentent de donner la mercuriale journalière, au demeurant fausse, elles font preuve d’une certaine frilosité pour exiger la vaccination, notamment pour certaines professions à l’instar des enseignants et des personnels de la santé.

Il est nécessaire de mettre en place des contraintes administratives pour les personnes qui refusent de se faire vacciner car nous sommes en état d’urgence sanitaire». Alors que certains spécialistes considèrent que l’Algérie est d’ores et déjà entrée dans la quatrième vague, il est à se demander si les leçons de la crise particulièrement meurtrière qu’a vécue l’Algérie l’été dernier ont été retenues ?

«On est prêts et motivés, le personnel médical est sur le pied de guerre, dit le Pr Mahyaoui. Nous avons maintenant acquis une certaine expérience dans la lutte contre la Covid. L’Algérie n’a pas eu les grandes catastrophes sanitaires vécues par certains pays». Et d’ajouter : «Un plan anti-Covid a été mis en place, qui prévoit notamment la réservation d’établissements hospitaliers entiers pour les malades de la Covid, mais tout peut changer en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique»

La 3e dose élargie à «toutes les personnes qui le désirent

  • La dose de rappel du vaccin anti-Covid-19 est désormais ouverte à toutes les personnes qui le désirent. Contacté par El Watan, le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité national de suivi de la pandémie de Covid-19 précise qu’avant l’apparition du variant Omicron, la troisième dose du vaccin était réservée à la population la plus vulnérable, à savoir les plus de 60 ans et les malades chroniques. «Elle est désormais élargie à toutes les personnes qui le désirent, car nous nous sommes rendu compte que cette troisième dose boostait l’immunité», affirme-t-il. R. S.
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