Couper la main de la bureaucratie

19/05/2022 mis à jour: 16:03
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C’est aujourd’hui que doit se tenir un Conseil des ministres entièrement consacré à l’avant-projet du code des investissements. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’avait renvoyé, au moins à cinq reprises, à la correction.

L’attente a été longue pour le monde de l’entreprise, les investisseurs nationaux et étrangers, et l’économie nationale. Plus de deux années de tergiversations sur un texte aussi important, voire vital pour l’économie nationale, c’est trop. L’incompréhension des opérateurs économiques, aussi bien nationaux qu’étrangers, est légitime.

Aucune gouvernance n’aurait toléré les multiples ajournements du code des investissements. Notre économie, qui a perdu beaucoup de temps dans un contexte international favorable aux délocalisations, va-t-elle enfin réussir à sortir de la congélation ? Si le gouvernement pouvait mettre au point une loi libératrice, les «dieux» de l’économie l’absoudraient de tous ses travers.

A présent, il faudrait se concentrer sur l’essentiel, à savoir l’élaboration d’un contenu de la loi qui donnerait de la visibilité pour l’économie nationale et l’affranchirait des blocages qui empêchent son développement. La relance économique n’est pas possible sans investissements, seul facteur générateur de richesse et d’emplois.

Les pays qui ont émergé sont ceux qui se sont construits en libérant l’acte d’investir. Mais pas seulement. Ils ont aussi prospéré en mettant en place des écosystèmes qui ont impacté positivement le climat des affaires. Que peut, en fait, une loi si on continue à tolérer l’existence d’une économie souterraine échappant à tout contrôle ?

La Banque mondiale avait estimé autour de 30% le niveau de l’informel dans l’économie algérienne entre 2010 et 2020. Par rapport au Produit intérieur brut (PIB) de l’année 2020 qui était, selon la même source, de l’ordre de 145,2 milliards de dollars, «la part générée par les pratiques économiques et commerciales informelles avait atteint pas moins de 43,6 milliards de dollars».

Aucune entreprise n’est capable d’assurer sa propre viabilité dans une compétition déloyale face à des acteurs économiques qui activent au noir, refusant de payer les redevances (impôts et autres taxes) à l’Etat. En réalité, l’investissement exige garanties et sécurité que la gangrène de l’informel ne permet pas aujourd’hui.

C’est pourquoi la relance de l’économie nationale a besoin urgemment d’un kit complet de réformes qui toucherait aussi bien le système financier qui peine à se départir de ses archaïsmes, le goulot fiscal qui étouffe l’entreprise, que l’architecture institutionnelle chargée de lever la main de l’administration qui leste lourdement le décollage de la relance économique.

Le Conseil des ministres réussira-t-il à gagner ce pari ? Les défis de développement qui se posent à l’Algérie sont aussi énormes que les richesses qu’elle recèle.

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