Corne de l’Afrique : Le chef de l’ONU en visite en Somalie

12/04/2023 mis à jour: 00:25
AFP
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La Somalie est un pays ravagé par le terrorisme - Photo : D. R.

La Somalie a été frappée par une famine en 2011 qui a tué 260 000 personnes, dont plus de la moitié était des enfants de moins de 6 ans, en partie, parce que la communauté internationale n’a pas réagi assez vite.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a entamé hier à Mogadiscio une brève visite en Somalie, pays marqué par les conflits et les catastrophes naturelles.

M. Guterres a été accueilli à son arrivée à l’aéroport de la capitale somalienne par le ministre des Affaires étrangères, Abshir Omar Huruse, selon des images diffusées par ce dernier sur Twitter. Les autorités ont drastiquement renforcé la sécurité à Mogadiscio pour cette visite qui n’avait pas été annoncée.

La plupart des routes ont été fermées et les transports publics restreints. La venue de M. Guterres, qui s’était déjà rendu en Somalie en mars 2017, intervient alors que le pays est en proie à une sécheresse désastreuse qui a poussé de nombreux habitants au bord de la famine, et que le gouvernement est engagé dans une offensive majeure pour contrer une sanglante insurrection islamiste.

L’ONU a lancé un appel pour une aide humanitaire de 2,6 milliards de dollars pour ce pays troublé de la Corne de l’Afrique, mais il n’est actuellement financé qu’à hauteur de 13%.

Cinq saisons des pluies avortées consécutives dans certaines parties de la Somalie ainsi qu’au Kenya et en Ethiopie ont entraîné la pire sécheresse en quatre décennies, anéantissant le bétail et les cultures et forçant au moins 1,7 million de personnes à quitter leur foyer à la recherche de nourriture et d’eau.

Environ la moitié de la population aura besoin d’aide humanitaire cette année, avec 8,3 millions de personnes touchées par la sécheresse, selon les Nations unies. «La crise est loin d’être terminée - les besoins restent élevés et urgents», a déclaré le coordinateur de l’ONU pour la Somalie, Adam Abdelmoula, la semaine dernière à Genève.

«Certaines des zones les plus touchées continuent de faire face au risque de famine», a-t-il mis en garde. En mars, des inondations provoquées par les pluies saisonnières ont fait 21 morts et déplacé plus de 100 000 personnes, a-t-il ajouté. Selon lui, les précipitations risquent de ne pas être suffisantes pour améliorer les perspectives de sécurité alimentaire.

Offensive contre les shebab

La Somalie a déjà été frappée par une famine en 2011 qui a tué 260 000 personnes, dont plus de la moitié était des enfants de moins de 6 ans, en partie parce que la communauté internationale n’a pas réagi assez vite, selon l’ONU.

Selon une étude publiée en mars dernier par le ministère somalien de la Santé, l’Organisation mondiale de la santé et l’agence onusienne Unicef, entre 18 100 et 34 200 personnes pourraient mourir des conséquences de la sécheresse en Somalie au cours des six premiers mois de cette année.

La Somalie, l’un des pays les plus pauvres de la planète, est en outre ravagée par des décennies de guerre civile, de violence politique et par une insurrection sanglante des shebab, groupe djihadiste affilié à Al-Qaïda.

Le président Hassan Cheikh Mohamoud, revenu au pouvoir en mai 2022, a promis l’an dernier aux islamistes radicaux une «guerre totale» et a envoyé des troupes en septembre 2022 pour soutenir un soulèvement contre les shebab lancé par des milices claniques locales dans le centre du pays.

Ces derniers mois, l’armée et les milices connues sous le nom de Macawisley ont repris des pans de territoire, dans une opération appuyée par la force de l’Union africaine en Somalie (Atmis) et des frappes aériennes américaines.

Le gouvernement a affirmé fin mars que plus de 3000 combattants shebab avaient été tués depuis le début de l’offensive. Et selon le ministère de l’Information, 70 villes et villages ont été «libérés» des rebelles, qui combattent depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale.

Il n’a pas été possible de vérifier de manière indépendante ces affirmations. Les shebab ont fréquemment riposté à l’offensive par des attentats meurtriers, soulignant leur capacité à frapper au cœur des villes et des installations militaires somaliennes des cibles civiles, politiques et militaires malgré les avancées du gouvernement.

Dans un rapport au Conseil de sécurité de l’ONU en février, Antonio Guterres a indiqué que 2022 avait été l’année la plus meurtrière pour les civils en Somalie depuis 2017, en grande partie à cause des attaques des shebab.

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