Coopération entre l’Algérie et l’Union européenne : Le chantage de Bruxelles

10/09/2023 mis à jour: 18:17
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Photo : D. R.

Déplorant le «blocage» que connaissent les relations de partenariat avec l’UE, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, 
espère voir la Hongrie «jouer un rôle afin de surmonter cette situation qui porte atteinte aux intérêts des deux parties».

Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a déploré, vendredi à Budapest, l’«impasse» dans laquelle se trouvent actuellement les relations de partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne (UE). Il a souhaité que la Hongrie joue un rôle afin de «surmonter» cette situation de «blocage» et de «stagnation» qui «porte atteinte aux intérêts des deux parties».

L’Algérie entretient des relations d’amitié avec la Hongrie qui accèdera à la présidence tournante de l’UE en juillet 2024, pour une durée de six mois. C’est pour cette raison que le chef de la diplomatie algérienne a espéré avoir l’aide de ce pays «ami» pour débloquer la situation et permettre aux relations de partenariat avec l’UE de reprendre leur cours normal. 

L’une des principales tâches de la présidence tournante, c’est de présider les réunions à tous les niveaux au sein du Conseil européen, contribuant ainsi à assurer la continuité des travaux de l’UE. Ce qui donne un poids important au pays qui exerce cette présidence tournante. La Hongrie pourrait donc, durant son mandat, plaider la cause de l’Algérie au sein des institutions de l’UE.

Actuellement, c’est l’Espagne, un pays en crise diplomatique avec l’Algérie, qui assure la présidence de l’UE. Et selon toute vraisemblance, le blocage que connaissent les relations de partenariat entre l’Algérie et l’UE est dû à cette brouille avec l’Espagne qui est loin d’être terminée, puisque le gouvernement de Pedro Sanchez s’arc-boute sur sa nouvelle position sur le Sahara occidental qui est complètement alignée sur celle du Maroc.

«Parti pris»

En effet, en mars 2022, le gouvernement Sanchez a décidé, à la surprise générale, de soutenir le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, rompant ainsi avec la neutralité historique de son pays sur ce dossier.

Le revirement du gouvernement Sanchez a provoqué la colère d’Alger, car l’Espagne demeure la puissance administrante du territoire du Sahara occidental, et ce, jusqu’à l’aboutissement du processus de décolonisation parrainé par l’ONU.

L’Algérie a ainsi décidé, en juin 2020, de geler le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne. Le gouvernement Sanchez s’est plaint auprès de l’Union européenne dont Joseph Borell, homme d’Etat espagnol, est à la fois vice-président de la Commission européenne et haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères.

Ce dernier a, d’ailleurs, tenté en juin 2020 de faire pression sur l’Algérie à travers un communiqué qu’il a cosigné avec le vice-président exécutif de la Commission européenne et commissaire en charge du commerce de l’UE, Valdis Dombrovskis.

Dans ce communiqué, l’UE a menacé l’Algérie de «mesures de rétorsion» si aucune solution n’est trouvée pour régler son contentieux avec l’Espagne, précisant qu’elle «est prête à s’opposer à tout type de mesures coercitives appliquées à l’encontre d’un Etat membre».

L’Algérie a réagi en dénonçant le «parti pris» et la «précipitation» de l’UE. «L’Algérie déplore et rejette les déclarations hâtives et infondées faites, vendredi, au nom de l’Union européenne à la suite de la décision, souveraine, de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération la liant à l’Espagne», a souligné un communiqué du ministère des Affaires étrangères, relevant ainsi «le caractère inapproprié» du contenu de la déclaration l’UE qui traitait d’«un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’UE et ne nécessitant, par voie de conséquence, nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective».

Pour l’Algérie, «cette intrusion malencontreuse est le fait d’une personnalité manifestement commise à l’amplification des thèses de sa diplomatie nationale au détriment de la préservation des intérêts bien compris de l’UE au sein de laquelle l’Algérie s’honore de compter de nombreux amis et partenaires fiables et responsables».

«Tout accord doit être mutuellement bénéfique»

En visite, en Algérie, en mars dernier, Joseph Borell a, encore une fois, évoqué ce qu’il a qualifié d’«entraves introduites depuis juin 2022 aux échanges commerciaux avec l’Espagne qui doivent, selon lui, trouver une solution».

Aujourd’hui, Madrid semble utiliser sa position à la tête de la présidence de l’UE pour régler ses comptes avec Alger.

C’est ainsi que la réunion périodique des membres du Conseil d’association Algérie-UE ne s’est toujours pas tenue, alors qu’il s’agit d’un rendez-vous d’une extrême importance pour la poursuite du partenariat entre les deux parties.

Cette réunion permet de faire le point sur l’application des décisions relatives à l’Accord d’association mais aussi de préparer le plan de charge pour la période de 2023-2027.

L’Algérie, faut-il le rappeler, a déjà demandé la révision de l’accord d’association de sorte qu’il soit «mutuellement bénéfique». «Je pense que l’accord d'association avec l’UE est le résultat d’une faiblesse de l’Etat algérien. L’accord d’association avec cette communauté est nécessaire pour de nombreuses raisons. Néanmoins, tout accord économique doit être mutuellement bénéfique», a déclaré, en novembre 2021, le président Abdelmadjid Tebboune lors d’une entrevue avec des représentants de la presse nationale.

Cette révision, l’Algérie la veut «clause par clause», selon «une vision souveraine et une approche gagnant-gagnant», a-t-il soutenu.

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