Coopération Algéro-Allemande : Le secteur économique sert de tremplin

28/03/2022 mis à jour: 04:16
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Nombreux sont les opérateurs allemands qui veulent investir en Algérie / Photo : B. Souhil

«L’Allemagne est prête à accompagner l’Algérie sur le chemin des réformes. Des réformes qui nous permettront de mettre davantage en valeur le potentiel des relations économiques entre l’Allemagne et l’Algérie, pour le bien de nos deux pays, leurs entreprises et leurs peuples», a indiqué l’ambassadrice d’Allemagne en Algérie.

Une rencontre dénommée «CEO business lunch», sous le thème «Le nouveau modèle de croissance», a réuni une quarantaine d’entreprises algériennes et allemandes hier à Alger, en présence de l’ambassadrice d’Allemagne, Elisabeth Wolbers, et de la directrice générale de l’AHK Algérie, le Dr Monika Erath.

Organisée par la Chambre algéro-allemande, la rencontre a été marquée par un riche débat sur le climat des affaires en Algérie ainsi que sur les perspectives de coopération algéro-allemande. Dans son allocution, l’ambassadrice a, de prime abord, indiqué que les 60 ans de relations entre l’Allemagne et l’Algérie indépendante sont une «histoire de réussites». «Les relations entre nos deux pays ont toujours été bonnes, amicales et fructueuses. Le secteur économique également a été un pilier fort de ces relations», dira Mme Wolbers.

Dès l’indépendance de l’Algérie, les entreprises allemandes ont contribué au développement et à la diversification de l’économie algérienne, à la formation professionnelle, au transfert du savoir-faire et à la création d’emplois, a-t-elle indiqué. Même si elle regrette le coup de frein donné par la pandémie à cette coopération et à certains projets communs, l’ambassadrice dira que les activités n’ont jamais complètement cessé, et reprennent même depuis quelques temps.

Et d’indiquer qu’en septembre dernier, les négociations gouvernementales sur la coopération au développement ont pu être mises en œuvre. Actualité oblige, l’ambassadrice n’a pas manqué de relever que «notre monde a fondamentalement changé depuis le 24 février» et que «les événements en Ukraine nous ont tous choqués et nous devons également nous préparer à ce que cette guerre provoque d’importantes perturbations économiques dans le monde».

Et dans ce contexte, indique-t-elle, l’Algérie a souligné le fait qu’elle a toujours été et qu’elle restera un fournisseur fiable d’hydrocarbures, non sans constater, en parallèle, «le potentiel» de l’Algérie pour les énergies renouvelables qui «attire un intérêt encore plus grand qu’auparavant», selon ses dires. Cet intérêt coïncide avec la volonté exprimée par le gouvernement algérien, depuis quelque temps déjà, de soutenir davantage le développement des énergies renouvelables.

L’appel d’offres lancé récemment de 1000 MW d’énergie solaire est un bon signe pour la mise en œuvre de cette volonté, dit-elle. Et de souligner que l’Allemagne est prête à accompagner l’Algérie sur le chemin des réformes. «Des réformes qui nous permettront de mettre davantage en valeur le potentiel des relations économiques entre l’Allemagne et l’Algérie, pour le bien de nos deux pays, leurs entreprises et leurs peuples», a-t-elle indiquée.

Lui succédant, Mohamed Chami, ex-directeur de la CACI et actuel président de l’Ecole des métiers du bâtiment, a eu à remplacer à la dernière minute M. Ould Moussa, professeur en économie, avant sa nomination récente par le chef de l’Etat, Abdemadjid Tebboune, au poste de conseiller économique auprès de la Présidence.

L’intervenant a fait une rétrospective des «modèles économiques» algériens depuis l’indépendance à ce jour. Les années 1960-80 ont été marquées, selon lui, par le «grand socialisme»  où, dit-il, l’entreprise privée a été combattue et durant  cette  période tous les investissements ont été l’œuvre de l’Etat. La croissance a été forte mais tirée uniquement par les investissements publics.

A l’époque déjà, M. Chami n’a pas omis de relever la coopération de l’Algérie avec «les deux Allemagne de l’époque : Est et Ouest». Après 1980 et la crise financière qui s’en est suivie, l’Algérie a tenté une ouverture vers le privé, non sans rappeler que la première privatisation opérée au début des années 1990 a été avec une entreprise allemande, Henkel. Mais le coup de massue aux privatisations a été, selon lui, porté par la loi de 2009, appelée la loi 49/51, régissant l’investissement étranger en Algérie.

«Un tel mauvais signal», selon ses dires, pour un pays qui ne cesse d’appeler les entreprises étrangères à venir investir en Algérie. Se défendant à chaque fois dans sa communication d’être le porte-parole du gouvernement, M. Chami s’est, en effet, posé plus de questions que n’a apporté de réponses aux différents responsables d’entreprises algériennes et allemandes.

Comme tout le monde, dit-il, il ne comprend pas certaines décisions, comme celle ayant trait à l’interdiction d’exportation des pâtes alimentaires, qu’il trouve «aberrante». Et de nuancer tout de même en soulignant que certaines décisions décriées ont été prises suite à des faits avérés de trafic de certains opérateurs économiques (loi 49/51).

La stabilité politique et juridique est essentielle à l’investissement, dira M. Chami, pour qui, «l’instabilité juridique est plus contraignante que l’instabilité sécuritaire». Lors des débats, des opérateurs allemands n’ont pas manqué de soulever certaines contraintes liées au climat des affaires algérien, mais sans toujours trouver les réponses adéquates.

Pourtant, il a été maintes fois réaffirmé, lors de cette rencontre, que le savoir-faire allemand peut jouer un rôle prépondérant durant cette période. «Notre modèle doit être tiré par les énergies propres et l’Allemagne est le partenaire idéal.»

Se voulant rassurant, l’ex-président de la CACI a indiqué que l’équipe dirigeante actuelle compte «mettre l’entreprise au cœur de la réforme et des préoccupations». Il citera, à ce titre, la prise en charge de certaines contraintes liées à l’investissement, décidées récemment par le Président, ainsi que la question du redressement de certaines entreprises. 

 

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