Les déchets plastiques ne connaissent pas de frontières et circulent au gré des courants marins dans tout le bassin méditerranéen.
Et selon les conclusions d’un rapport commandé par WWF, une ONG, qui lutte pour la protection de l’environnement, à des chercheurs de l’université de Newcastle, en Australie, «chaque semaine on ingère cinq grammes de plastique, ce qui correspond à une carte bancaire par personne».
C’est pourquoi mesurer cette pollution plastique devient urgent afin de pouvoir proposer des solutions communes et adaptatives avec les pays voisins pour réduire en amont l’arrivée des déchets en mer.
Il y a quelques semaines, une convention tripartite a été signée entre l’Agence nationale des déchets (AND), la fondation algérienne Probiom et l’association française Expédition Med et cela, afin d’organiser des opérations de sensibilisation et d’échanges scientifiques, dans le cadre de la lutte contre la pollution plastique en mer.
Qui plus est, cette coopération a pour objectif la réalisation de deux projets principaux qui portent sur l’échange de savoir-faire entre des experts nationaux et internationaux pour la standardisation des protocoles d’identification et d’évaluation des déchets plastiques en mer et sur terre, ainsi que sur la mise en place d’une caravane itinérante de sensibilisation.
Surtout que face aux défis majeurs que cette pollution pose pour l’avenir de la Méditerranée, il est urgent de coopérer et d’œuvrer ensemble pour protéger cet écosystème fragile.
Et depuis la signature de la convention, l’équipe de l’AND s’est attelée, selon Emir Berkane, président de la fondation Probiom pour la protection de la biodiversité marine, à la traduction et à «l’algerianisation» de l’exposition.
«Cela consiste en l’introduction des chiffres locaux tirés des études déjà menées par les équipes de l’Enssmal, particulièrement les travaux du Pr Boualem Hamid depuis 2014 avec des chiffres précis sur le plastique dans le sédiment et la colonne d’eau», explique-t-il.
Précisant que c’est avec l’école ENSSMAL, que l’équipe d’Expédition Med, via le réseau Probium, à entamé des discussions dès le lendemain de la signature de la convention en octobre et cela, au travers d’une première réunion avec son staff directeur pour l’élargissement de la convention tripartite à un accord quadripartite incluant la dynamique et la nouvelle équipe de l’Enssmal dirigée par le Professeur Boutekrabt.
Riche programme
En ce qui concerne le programme de navigation du voilier scientifique, M. Emir Berkane fait savoir que non seulement il transportera à son bord un laboratoire équipé, mais recevra aussi cet été des scientifiques algériens, des représentants de la société civile et une équipe de tournage selon un programme préétabli par Bruno Dumontet, fondateur et président d’Expédition Med et Dr Emir berkane, le président de la fondation Probium et représentant d’expédition Med en Algérie depuis 2012.
«Ce programme de navigation qui démarre en Italie puis passera en Sardaigne et aux Baléares fera une longue escale à Alger puis Annaba avant de repartir vers Bizerte en Tunisie puis Palerme en Sicile», précise M. Berkane. A noter que des Algériens avaient déjà embarqué sur le voilier de l’expédition Med.
En effet, selon M. Emir Berkane, «dès les débuts de l’aventure sur les campagnes en 2012, 2013 et 2014, l’exposition avait traversé la côte algérienne d’Ouest en Est. Et cela a eu un fort impact médiatique qui avait servi à faire connaître la problématique et enclenché les actions gouvernementales essentiellement avec le ministère des Pêches.»
Un programme d’activité, riche est ambitieux a donc été tracé par les partenaires à Alger, avec notamment un échange scientifique, l’embarquement de chercheurs algériens, l’inauguration de l’exposition itinérante à Alger qui devrait y passer l’été avant que celle-ci se pose pour trois mois à Annaba pour la récolte et l’étude d’échantillons de pollution plastique en mer.
A noter que depuis 2010, une zone autour de la Méditerranée est étudiée. En 2016, la campagne visait à étudier la distribution des microplastiques dans la colonne d’eau de la Réserve Pelagos et leur interaction avec le plancton.
Après la première campagne en 2017 sur la plasticosphère en mer Adriatique, les campagnes 2018 et 2019 ont poursuivi ces recherches sur les communautés microbiennes qui jouent un rôle dans les déchets plastiques et les dommages possibles aux cétacés pathogènes potentiels des dommages biologiques.
Et depuis 2020, les expéditions annuelles se poursuivent dans le cadre du programme «Vigieplastic Méditerranée» avec l’ajout du nouveau navire d’expédition MED Le Bonita.