L’histoire footballistique garde en mémoire des souvenirs amères et de multiples actes de violence, d’incivilité et de dégradation de biens publics dans et à l’extérieur de nos stades.
Les plus récents, qui s’ajoutent au palmarès macabre de la violence, se sont déroulés lors de la rencontre de Coupe d’Algérie samedi à Constantine avec une dégradation considérable des équipements des tribunes et également durant celles qui ont eu lieu durant le mois sacré de Ramadhan, notamment, en catégorie Espoirs à Béchar, dans le cadre de la Coupe de la ligue , marquée par des agressions physiques dont a été victime un dirigeant du club CSC.
Le sang a encore une fois coulé. Doit-t-on admettre, désormais, que les stades de football, de façon structurelle, ont tendance à devenir des coupe-gorges et des lieux d’incertitude le jour des matchs pour les acteurs, tous corps ,toutes catégories d’âges et toutes divisions confondus. Le sport-roi est devenu alors le sport Effroi. En effet, c’est ce que semblent imposer ces groupes de pseudo-supporters, jeunes en majorité et très souvent mineurs, qui ont accaparé les espaces à l’intérieur des stades pour en faire leurs territoires et agir librement et inverser le système par l ’ultra violence spectacle plutôt que le football spectacle.
Par conséquent, et face à la recrudescence de l’hyper violence dans nos stades, il faut sortir des atermoiements et un plan calamité pour mettre un terme à ces comportements criminels qui doit impérativement être instaurés, en vue de reconquérir les espaces et rétablir l’ordre à travers une action coordonnée entre l’ensemble des secteurs concernés, afin d’enrayer ce fléau de grand banditisme. Les clubs qui reçoivent un soutien public sont tenus obligatoirement de prévenir et de lutter contre la violence qui se manifeste généralement, en raison de négligence des organisateurs d’évènements sportifs.
L’article 246 de la loi 13/05 complétée prévoit des sanctions et l’obligation de dédommagements lorsque les organisateurs n’ont pas pris les mesures prévues par la loi en matière de prévention et de lutte contre la violence lorsqu’il est établi que ces actes sont le fait de leur encadrement, de leurs joueurs ainsi que de leurs supporters. Aussi, dès lors qu’il s’agit de supporters auteurs d’actes de violence et d’incivilité, et parmi tout l’arsenal juridique en vigueur existant, figure l’obligation de leur prise en charge par l’ensemble des structures d’organisation et d’animation sportive, qui est prévu à travers la promulgation de l’arrêté du 23 /12/2014 déterminant les conditions et modalités d’organisation et de fonctionnement des comités de supporters .
Ces derniers étant des structures créées au sein du club amateur ou professionnel, sont chargés, particulièrement, en relation avec les structures habilités, d’encadrer et d’organiser leurs supporters dans et à l’extérieur du stade et de participer à toutes mesures facilitant l’accueil et la sécurité d’équipes sportives visiteuses et de leurs supporters durant les matchs et à l’extérieur des enceintes sportives. En somme, ces comités, dont la mise en place est, rappelons-le, obligatoire, ont pour principale mission de séparer le bon grain de l’ivraie, identifier et neutraliser les fauteurs de troubles en appui du dispositif d’ordre public, également via les réseaux sociaux (lieux de propagations des appels à la violence) et les rassemblements réguliers de leurs représentants élus par leurs supporters au niveau de chaque commune et ou circonscription administrative de leur wilaya.
Dans ce contexte, certaines organismes ont réellement un rôle à jouer et peuvent être d’un apport certain pour enrayer ce crédo de la violence, telles que les mosquées, les parents, les médias , l’école et ce, par des actions permanentes de publicités et ou de sensibilisation et de promotion de l’éthique sportive et du fair-play, dans le but de traiter ce phénomène en amont. Le sport , et tout particulièrement le football, doit redevenir un exutoire sain et constructif des passions humaines et doit impérativement retrouver ses lettres de noblesse, à même de permettre de se rendre au stade avec un esprit de civisme et de détente et pour garder son caractère festif et éducatif. Pour cela, les parties concernées sont plus que jamais appelées à agir et prendre en charge ce dossier prioritaire et le traiter sous le sceau de l’urgence signalée et absolue.
Par Abdelmadjid Djebbab
Ex-DG des sports MJS