L’état actuel du sport national laisse apparaître certains atouts indéniables, mais des faiblesses persistantes et criantes, avec des dysfonctionnements évidents qui expliquent une certaine déliquescence dans son organisation et dans sa gestion, malgré le soutien multiforme et considérable de l’Etat visant le développement et la promotion des activités physiques et sportives comme facteur indéniable de promotion et d’épanouissement de la jeunesse et de renforcement de la cohésion sociale.
L’incompréhension, évidente, de la logique publique définie par l’article 5 de la loi 13/05 du 23 juillet 2013 et la logique du mouvement associatif ont engendré entre autres un taux de pratique sportive faible, notamment féminine, des performances de haut niveau peu probantes dans la majorité des sports malgré le soutien indéfectible et les moyens considérables déployés par l’Etat.
Ce portrait sportif déprécié, que les succès récents historiques de nos athlètes olympiques et paralympiques aux JO de Paris 2024 sont venus atténuer au grand bonheur des Algériens, tranche avec l’ampleur des efforts consentis par l’Etat. Force est donc de constater que notre système sportif dans son organisation actuelle semble avoir atteint ses limites, dès lors qu’il ne parvient plus à faire émerger son riche potentiel de jeunes sportifs talentueux et prometteurs.
Quelques aspects peuvent expliquer cette situation, entre autres, un taux de pratique notoirement faible tant au niveau des clubs civils (communaux), en milieux d’éducation et de formation (sport scolaire), la carence managériale et un affaissement de la gouvernance des structures sportives associatives du fait d’un sous-encadrement et d’une sous-administration, le manque flagrant d’intérêt accordé à la formation des jeunes talents sportifs, avec parfois utilisation des subventions qui leurs sont destinées privilégiant la logique du résultat immédiat et à court terme, entraînant un grave déclin de la formation et induisant un reflux de la haute performance.
Il y va, également, du système de financement des structures sportives caractérisé par une opacité dans la gestion des subventions publiques qui nécessite davantage de rigueur dans le contrôle du respect des clauses contractuelles et les principes de bonne gouvernance.
La marginalisation des compétences qualifiées et avérées, principalement lors du renouvellement des instances des structures sportives, fédérations, ligues et clubs, faisant perdurer la logique de la gestion approximative et l’improvisation absolue. Il faut rappeler, dans ce sens, que c’est dans le but de susciter des réponses à cette situation qu’a été édictée la loi 13/05 du 23 juillet 2013, laquelle avait tracé une feuille de route dont les lignes d’orientation sont pertinentes et saines, lesquelles à la lumière du diagnostic stratégique sur le terrain doivent faire l’objet d’un lifting de leur contenu ainsi que de leur modalités pratiques d’application sur le terrain, à travers une traçabilité opérationnelle associée à une vision, à partir desquelles seront déclinées les actions prioritaires essentielles, de mise en œuvre effective de l’action publique en vue de la rénovation et de la relance du sport national. Il s’agit d’inverser les tendances négatives, notamment une meilleure gouvernance fondée sur le partage des responsabilités entre tous les acteurs concernés dans le cadre d’un partenariat positif respectueux des règles, des statuts, des prérogatives, de la législation et des valeurs reconnues.
La priorité est de traiter des programmes structurants du système sportif national, considérés comme essentiels pour la relance du système sportif et d’y apporter les réajustements nécessaires. Il y va de l’enrichissement de la loi 13/05 et du parachèvement de l’instrumentation juridique et réglementaire avec la promulgation des textes manquant subséquents à la loi précitée, de la mise en place d’une cellule opérationnelle placée directement sous l’autorité des pouvoirs publics qui sera chargée de la gestion des sportifs d’élite et de haut niveau ciblés pour les performances olympiques et mondiales, de la révision du mode de financement des activités sportives par la promulgation du texte réglementaire y afférent faisant valoir, avec plus de clarté, la corrélation devant exister entre les engagements financiers de l’Etat et les obligations de service public mises à la charge des structures sportives bénéficiaires ainsi que du COSA, de la nécessité de relancer les activités de recherche scientifique et l’expertise de la performance et de l’excellence sportive, de conditionner le bénéfice de subventions publiques au degré de réalisation des missions de service public liées au caractère d’intérêt général accordé aux structures d’animation sportives, de la mise à niveau des personnels d’encadrement administratif et technique des structures sportives, de la mise en œuvre d’une réelle dynamique du sport scolaire à travers une pratique sportive volontaire régulière et compétitive dans un sport choisi par l’élève au sein d’associations sportives scolaires, de la promotion du sport professionnel en situant les principaux enjeux économiques des clubs professionnels par la maîtrise des dépenses, notamment la masse salariale, la recherche de nouveaux investisseurs, le statut économique du joueur professionnel, de l’élaboration d’une loi contre la violence dans les enceintes sportives et impulser une dynamique de soutien au comité des supporters et programmes de sensibilisation, du renforcement des mécanismes de prévention et de lutte contre le dopage.
Enfin, ces actions constituent d’ores et déjà un cadre pertinent en attendant éventuellement leur enrichissement pour engager le processus de mise à jour du système sportif national.
Par Abdelmadjid Djebbab
Ex-DG des sports au MJS