Les grévistes soulèvent le manque des moindres outils nécessaires pour leur formation, dont les consommables, mais aussi les fauteuils dentaires et la dégradation du peu qui existe, ainsi que le non-fonctionnement du simulateur dentaire.
Les étudiants du département de chirurgie dentaire, dépendant de la faculté de médecine de Constantine, lancent un cri de détresse et réclament une enquête ministérielle sur la gestion ainsi que sur le programme pédagogique adopté dans leur département.
En grève depuis le 9 janvier dernier, tout en boycottant les cours et les contrôles, les étudiants des 2e, 3e et 4e années dénoncent ce qu’ils qualifient de conditions pédagogiques déplorables et de graves dépassements de la part de l’administration depuis des années. «Ce problème ne date pas d’hier ou seulement depuis le début de cette année. Mais, il s’agit d’un cumul de problèmes signalés durant des années, aggravés durant la pandémie et qui n’ont jamais été pris en charge par l’administration.
Cette dernière continue d’omettre notre plateforme de revendications, en détournant nos propos et en exerçant des mesures répressives à l’encontre de nos représentants», a déclaré un des étudiants, estimant que la formation en médecine dentaire est au bord du gouffre. Parmi les problèmes soulevés par les grévistes, notons le manque des moindres outils nécessaires pour leur formation, dont les consommables, de scialytique, mais aussi les fauteuils dentaires et la dégradation du peu qui existe ainsi que le non-fonctionnement du simulateur dentaire.
Cela, affirment-ils, sans oublier l’absence d’une «vraie» formation pratique pour «un futur chirurgien dentaire». En plus de ces insuffisances, ils soutiennent que l’administration leur demande de débourser de leur propre argent pour s’approvisionner en moyens nécessaires pour leur formation. «Pour faire une extraction, on nous a demandé d’acheter avec nos propres moyens une tête de mouton et faire l’avulsion d’une seule dent. Sachant que c’est une pratique interdite à l’échelle internationale, mais malheureusement autorisée en Algérie.
Ce qui est sidérant, nous avons des fauteuils dotés de maquettes avec des dents artificielles, afin d’apprendre comment injecter l’anesthésie et autres. Mais pourquoi on nous cache ce matériel acquis pour notre formation ?» s’interroge une étudiante en 3e année. En grogne, notre interlocutrice poursuit qu’au lieu d’utiliser le plâtre dentaire pour leur pratique dont le kilo coûte 700 DA, ils apprennent avec celui que l’on utilise en maçonnerie acheté toujours avec leur propre argent. «Pis encore, pour faire un plombage dentaire pour un patient, nous sommes contraints de débourser entre 4000 et 5000 DA», ajoute-t-elle.
L’administration promet de prendre en charge les revendications
Les protestataires affirment également que la pratique fait défaut durant leur cursus, ce qui est inadmissible, selon eux. «La goutte qui a fait déborder le vase est l’état d’insalubrité et de dégradation signalés au sein de l’établissement en pleine pandémie», souligne Abdelaziz Mouataz, représentant des étudiants.
C’est la raison pour laquelle cette masse estudiantine interpelle le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, réclamant l’ouverture d’une enquête sur le budget et le programme pédagogique.
«Nous avons tenu des réunions avec les responsables concernés pour soulever toutes ces anomalies. Mais après affichage de chaque PV, on trouve des revendications que nous n’avons jamais réclamées. A cela s’ajoutent les menaces proférées à notre encontre de la part de l’administration», dénonce Abdelaziz Mouataz.
Afin d’avoir la version officielle des faits et la cause de ce blocage entre l’administration et les étudiants, nous avons contacté Ahmed Bouras, recteur de l’université Salah Boubnider Constantine 3.
Ce dernier a confirmé la tenue de deux réunions entre le doyen, le chef du département et les représentants des étudiants. «J’ai contacté à mon tour les étudiants pour une réunion afin de discuter de leurs revendications point par point. Je leur ai promis de prendre en charge une partie de leurs revendications qui sont du ressort du rectorat, à savoir l’augmentation du budget octroyé au département de la médecine dentaire pour s’approvisionner en outils et en matériel nécessaires pour les travaux pratiques. D’ailleurs, on vient de recevoir une notification pour le budget de 2022.
Pour ce qui est du volet pédagogique, cela me dépasse et ce n’est pas dans mes prérogatives, mais celles du comité pédagogique. Ce dernier est composé d’enseignants, de l’administration et des délégués d’étudiants. On s’est mis d’accord pour la reprise des cours, en attendant de régler tous les problèmes», a-t-il déclaré.
«Ces étudiants ont dépassé les limites de la déontologie universitaire, en pointant du doit le programme pédagogique établi par des enseignants spécialistes et réclamant une enquête sur la gestion», a-t-il estimé. Pour ce qui est du problème de l’hygiène, il a indiqué que c’est l’affaire de tout le monde, y compris les étudiants.