Le Japon a déclaré hier avoir imposé des sanctions supplémentaires contre la Russie. Elles comprennent le gel d’actifs de 17 ressortissants et 78 organisations russes, ainsi que l’interdiction d’exporter des biens et services vers 80 entités russes, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Hirokazu Matsuno, cité par l’AFP. Les interdictions à l’export portent sur des produits destinés à des sociétés russes liées au complexe militaro-industriel du pays, ainsi que sur des services de construction et d’ingénierie.
Le Japon «condamne» l’intention de la Russie de déployer des armes nucléaires tactiques au Bélarus et appelle ces deux pays à «cesser de telles actions qui aggraveraient les tensions», a encore dit H. Matsuno. Moscou a commencé à transférer des ogives nucléaires au Bélarus, a affirmé jeudi Alexandre Loukachenko, le président de ce pays voisin de l’Union européenne (UE) et de l’Ukraine. Les mesures nipponnes interviennent après celles imposées par le G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) lors de son sommet tenu à Hiroshima du 19 au 21 mai.
Dans une déclaration commune publiée au premier jour de la rencontre, après une réunion consacrée à l’Ukraine, ces grandes puissances ont annoncé des mesures pour «priver la Russie des technologies, des équipements industriels et des services du G7 qui soutiennent son entreprise guerrière». Le même jour, les Etats-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie. «Les mesures prises aujourd’hui permettront de limiter la capacité» de Moscou «de poursuivre son invasion barbare (...) et à contourner les sanctions» déjà en place, a déclaré la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.
Et d’ajouter : «Nos efforts collectifs ont permis de priver la Russie d’éléments cruciaux dont elle a besoin pour équiper son armée, et de réduire de façon drastique les revenus dont dispose le Kremlin pour financer sa machine de guerre.» De par ces mesures, «plus de 300» personnes, entreprises, navires et avions, à travers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie, sont placées sur la liste noire des Etats-Unis, selon des communiqués du département du Trésor et du département d’Etat. Elles interdisent ainsi les exportations américaines vers 70 entités en Russie et dans d’autres pays. Washington se dit déterminé aussi à peser sur le secteur financier russe ainsi que sur la capacité de la Russie à produire de l’énergie à moyen et long terme, selon les communiqués. Les nouvelles mesures incluent des restrictions sur les exportations de biens essentiels pour la Russie sur le champ de bataille, comme les composants utilisés dans la fabrication des drones de reconnaissance russes, Orlan. Elles visent aussi des réseaux en Inde, en Finlande, en Estonie, au Liechtenstein et aux Pays-Bas.
Dans le secteur énergétique, les sanctions des Etats-Unis frappent 18 entités, y compris dans la construction navale et la recherche et l’exploration énergétique dans l’Arctique russe. Les Etats-Unis ciblent aussi les «liens de plus en plus étroits entre la Russie et l’Iran», sanctionnant par exemple la compagnie maritime Khazar Sea Shipping Lines. Selon Washington, la KSSL a effectué 60 passages dans des ports russes au cours de l’année écoulée. Les sanctions américaines ont pour effet de geler les éventuels avoirs aux Etats-Unis et interdisent en principe à toute personne ou entreprise de mener des échanges commerciaux avec les entités désignées. Le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) ont auparavant annoncé des restrictions à leurs importations de diamants russes, qui rapportent chaque année plusieurs milliards de dollars à Moscou.
«Pression»
Par ailleurs, le gouvernement allemand a demandé à l’émissaire chinois Li Hui de «faire pression» sur la Russie pour qu’elle retire ses troupes d’Ukraine, a indiqué hier un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. L’émissaire chinois, qui effectue une tournée européenne d’une semaine et était attendu hier à Moscou, a été reçu mercredi à Berlin par le secrétaire d’Etat Andreas Michaelis. «La Chine, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a la responsabilité particulière de jouer un rôle constructif en faveur de la paix et de la sécurité dans le monde», a estimé un porte-parole du ministère, Christian Wagner, lors d’une conférence de presse régulière, rappelant que Berlin «soutiendrait l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire» face à Moscou.
«L’Allemagne a également demandé à la Chine de faire pression sur la Russie pour qu’elle cesse immédiatement son attaque et se retire complètement d’Ukraine», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Selon lui, «la Chine devrait aussi user de son influence sur la Russie pour mettre un terme à sa rhétorique nucléaire irresponsable et empêcher toute escalade». «Le secrétaire d’Etat a exprimé l’attente que la Chine désigne et condamne clairement l’agression de la Russie et s’abstienne de la soutenir» par des livraisons d’armes, a dit C. Wagner. Li Hui, qui fut ambassadeur de Chine dans la capitale russe, effectue une tournée en Europe depuis une semaine. Il a passé deux jours à Kiev, un jour en Pologne et était mardi en France.
La Russie et la Chine entretiennent des relations étroites. Pékin n’a pas condamné l’offensive russe en Ukraine lancée le 24 février 2022.