Après s'être entretenu jeudi avec le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche, K. Starmer compte réunir à Londres des dirigeants de plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne, le Danemark, l'Italie et la Turquie.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a invité plus d'une douzaine de dirigeants européens à un sommet demain pour «faire avancer» leurs actions concernant l'Ukraine et la sécurité, a annoncé hier son bureau, cité par l’AFP. Ce même jour, après une réunion téléphonique dans la matinée avec les pays baltes, K. Starmer accueillera le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Downing Street.
«Le Premier ministre profitera du sommet pour faire avancer l'action européenne sur l'Ukraine, en montrant notre soutien collectif indéfectible à l'obtention d'une paix juste et durable, et d'un accord durable, qui garantisse la souveraineté et la sécurité futures de l'Ukraine», a indiqué son bureau.
Puis K. Starmer réunira dans l'après-midi, lors d'un sommet à Londres, des dirigeants de plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne, le Danemark, l'Italie et la Turquie. Après s'être entretenu jeudi avec le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, K. Starmer a également invité les dirigeants des Pays-Bas, de Norvège, de Pologne, d'Espagne, de Finlande, de Suède, de la République tchèque et de Roumanie à participer au sommet. Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, ainsi que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa, devraient également être présents.
Selon son bureau, la réunion prolongera les discussions de Paris accueillies par le président français Emmanuel Macron au début du mois et se concentrera sur «le renforcement de la position de l'Ukraine aujourd'hui, y compris un soutien militaire continu et une pression économique accrue sur la Russie». Les participants à la réunion souligneront à nouveau la nécessité d'un «accord solide et durable qui apporte une paix permanente» et discuteront des «prochaines étapes de la planification de garanties de sécurité solides».
Tout en insistant à nouveau sur le fait que l'Ukraine doit faire partie de toute négociation visant à mettre fin à la guerre qui dure depuis trois ans avec la Russie, K. Starmer reconnaîtra également «la nécessité pour l'Europe de jouer son rôle en matière de défense et d'intensifier ses efforts pour le bien de la sécurité collective».
Par ailleurs, le président chinois Xi Jinping a rencontré hier à Pékin le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Sergueï Choïgou, selon l'agence de presse officielle chinoise Xinhua. La visite de l'ex-ministre russe de la Défense fait suite à un entretien entre les présidents chinois et russe, au cours duquel le dirigeant chinois a salué les «efforts positifs de Moscou pour désamorcer» la crise ukrainienne. S'adressant à S. Choïgou, il a qualifié la Chine et la Russie de «voisins amicaux» et affirmé que les deux parties «maintiendraient une communication étroite à tous les niveaux», selon la même source.
Il a ajouté que les deux pays mettraient en œuvre cette année une «série de programmes importants» pour les relations Chine-Russie. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a également participé aux discussions. Moscou et Pékin ont renforcé leurs liens militaires et commerciaux depuis l’intervention russe en Ukraine il y a trois ans, bien que la Chine ait cherché à se présenter comme une partie neutre dans ce conflit.
Enjeux
L’initiative du Premier ministre britannique et la visite du secrétaire du Conseil de sécurité russe en Chine interviennent alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu hier à Washington où est prévu qu’il signe un accord sur les minerais avec son homologue américain.
Cet accord évoque l'accès des Etats-Unis aux ressources du sous-sol ukrainien, exigé par Donald Trump en compensation de l'aide militaire et financière versée depuis trois ans. Le document ne correspond toutefois pas aux exigences initiales du président américain, qui voulait la mention d'un montant de 500 milliards de dollars, disparu du texte final.
Il établit un fonds d'investissement commun dans les métaux, hydrocarbures et investissements. Le texte ne prévoit pas aussi de garanties de sécurité pures et dures pour l'Ukraine. Donald Trump a dit jeudi que cet accord fonctionnerait comme une sorte de «filet de sécurité». «Je ne pense pas que quiconque va chercher des ennuis si nous sommes (en Ukraine) avec beaucoup de travailleurs pour exploiter des minerais», a ajouté le président américain.
L'Ukraine concentrerait quelque 5% des ressources minières mondiales, mais celles que Donald Trump convoite sont pour la plupart inexploitées, difficiles à extraire, ou sous contrôle russe, car dans des territoires occupés. Les enjeux de la venue de Volodymyr Zelensky vont toutefois bien au-delà des terres rares dont le sol ukrainien regorge. L'Ukraine et l'Europe ont suivi avec inquiétude le rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui se sont longuement parlé le 12 février et qui ont lancé des négociations pour mettre fin à la guerre, avec l'objectif, pour le locataire de la Maison Blanche républicain, d'aller vite.
Le président américain a soutenu maintes fois qu'il a confiance en le président russe, malgré les avertissements répétés de Londres et Paris sur la fragilité de toute trêve qui ne serait pas accompagnée d'un solide dispositif de contrôle et de sécurité garanti par l'Amérique. Jeudi, il s'est dit convaincu que Vladimir Poutine «tiendrait parole» en cas de cessez-le-feu. Donald Trump refuse de considérer Moscou comme responsable de la guerre, et est allé jusqu'à faire porter la faute sur l'Ukraine.
Lors des discussions de jeudi à la Maison Blanche avec K. Starmer, D. Trump a refusé de prendre des engagements fermes sur les garanties de sécurité américaines que l'Europe souhaite obtenir. Il a déclaré qu'il y a eu «beaucoup de progrès» vers un accord pour mettre fin au conflit en Ukraine et que les négociations se trouvent à une étape cruciale. En parallèle, la Russie a réitéré que son annexion des territoires ukrainiens qu’elle occupe était «non négociable».
Ainsi, les demandes russes pour mettre un terme à l’offensive restent inchangées : l’Ukraine doit céder quatre régions partiellement occupées de l’est et du sud, en plus de la Crimée annexée en 2014, et renoncer à entrer dans l’Otan. «Les territoires qui sont devenus des sujets de la Fédération de Russie (…) font partie intégrante de notre pays. C’est absolument incontestable et non négociable», a soutenu jeudi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Chamboulement en 72 heures
Le même jour, des diplomates russes et américains se sont rencontrés à Istanbul. Cette réunion à huis clos de diplomates russes et américains est la deuxième rencontre entre représentants des Etats-Unis et de la Russie, après une première le 18 février en Arabie Saoudite qui fait suite à l'entretien au téléphone entre les présidents russe Vladimir Poutine et américain Donald Trump le 12 du même mois. «Nos diplomates s'efforcent de s'appuyer sur l'entente qui s'est dégagée au cours de la conversation téléphonique entre les deux présidents et sur les accords qui ont été conclus au cours des pourparlers à Ryadh», a expliqué Dmitri Peskov.
Il a toutefois dit ne pas s'attendre à des changements majeurs dans les relations avec Washington. «Personne ne s'attend à ce que les solutions soient faciles et rapides», a souligné Dmitri Peskov pendant son briefing quotidien. «Le président Trump parle en son nom et est prêt à écouter les autres. C'est très important», a-t-il toutefois relevé, saluant «la volonté politique des deux pays, la volonté d'écouter et d'entendre l'autre partie dans ce processus».
Le 12 février 2025, le secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth, a lancé le coup d’envoi des négociations de paix sur l’Ukraine. Ainsi, il cède aux deux principales exigences de Moscou : la non-adhésion de Kiev à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et l’entérinement des «nouvelles réalités territoriales», soit l’annexion russe de quatre régions ukrainiennes ainsi que de la Crimée.
Le lendemain, à l’issue d’une discussion téléphonique avec Vladimir Poutine, Donald Trump annonce son intention de rencontrer le dirigeant russe en Arabie Ssaoudite, sans les Ukrainiens ni les Européens, et son souhait de voir bientôt organiser des élections en Ukraine. Et, le 14 février, dans un discours prononcé à la conférence de Munich, le vice-président américain, plutôt que d’évoquer le dossier ukrainien, reproche aux dirigeants européens de ne pas respecter la liberté d’expression sur les réseaux sociaux ou en annulant les élections en Roumanie pour cause d’ingérences russes.
Après leurs entretiens en Arabie saoudite, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue américain, Marco Rubio, ont indiqué vouloir rétablir le fonctionnement normal des ambassades et des consulats, après de multiples expulsions de représentants dans les missions diplomatiques respectives des Etats-Unis et de la Russie depuis de nombreuses années. Aussi, Moscou et Washington ont dit travailler au rétablissement de leur coopération économique et énergétique, notamment dans l'Arctique, et dans le domaine spatial.
Danemark : Copenhague veut se doter d'un système de défense antiaérienne pour 2026
Le Danemark, qui a récemment accru ses dépenses militaires face à la menace croissante de la Russie, espère se doter d'un système de défense antiaérienne dès 2026, a annoncé hier son ministre de la Défense. «Cela peut être soit de la location, soit du leasing.
Cela peut également être un achat», a déclaré Troels Lund Poulsen au cours d'une conférence de presse. «Je considère réaliste de pouvoir conclure un accord avant l'été, afin que nous puissions mettre en service les premiers systèmes de défense antiaérienne terrestre dès 2026», a-t-il ajouté.
Il y a un an, le gouvernement a déjà dit vouloir acquérir un système permettant de défendre le Danemark contre les attaques aériennes, mais la situation actuelle l'a encouragé à hâter le processus et à trouver une solution, même intérimaire. «Il était initialement prévu que nous ayons un système en place dans les années 2030», a reconnu le ministre.
Selon lui, le Danemark va «gagner quelques années au minimum» en acquérant une défense antiaérienne terrestre provisoire. Quant à l'origine du matériel, rien n'a encore été décidé. «Nous explorons toutes les parties du monde pour voir ce qui peut nous parvenir dans un très court délai», a-t-il indiqué. R. I.