Le nord du Mali risque l’enlisement. La reprise du conflit armé entre l’armée malienne et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), huit ans après l’Accord d’Alger de 2015, n’augure pas de jours meilleurs dans la région.
Et pour cause, chacun des belligérants ne jure que par la victoire par les armes. En effet, le gouvernement de transition, conduit par le colonel Assimi Goïta, qui a pris le pouvoir suite à un coup d’Etat, promet «le recouvrement de la souveraineté sur l’ensemble du territoire», alors que la CMA appelle à «la mobilisation pour défendre la patrie azawadienne».
Dans son discours à l’occasion du
62e anniversaire de l’indépendance du Mali (22 septembre 1960), Assimi Goïta annonce avoir signé «un décret sur la réserve des forces armées et de sécurité». Selon lui, «la nouvelle politique de défense intègre les citoyens dans un système plus adapté aux conditions d’un pays faisant face à des menaces
sécuritaires multiformes».
«C’est pourquoi le gouvernement malien a restauré et amélioré le service national des jeunes. Il a également pris un décret sur la réserve des forces armées et de sécurité. Aussi, la nouvelle Constitution prévoit la mobilisation, aux côtés des forces armées et de sécurité, de tous les citoyens âgés de 18 ans au moins pour la défense de la patrie», lance-t-il.
Le militaire au pouvoir au Mali affirme également que son «gouvernement veillera au redéploiement effectif des forces de défense et de sécurité ainsi qu’au retour des services sociaux de base sur l’ensemble du territoire national». «Après dix ans de présence des forces étrangères sur notre sol, nous avons compris que la logique était plutôt d’entretenir l’insécurité et de nous maintenir dans la dépendance. C’est la raison fondamentale pour laquelle le peuple malien a décidé de prendre en main sa sécurité», estime-t-il.
Pour sa part, la CMA appelle «tous les habitants de l’Azawad à se rendre sur le terrain pour contribuer à l’effort de guerre dans le but de défendre et protéger la patrie et ainsi reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien». Le 12 septembre, le CMA avait revendiqué la prise de la ville de Bourem (région de Gao / nord du Mali) «et des différents postes avancés des forces armées maliennes et Wagner» dans la ville.
Dans ce nouveau conflit, les deux parties misent aussi sur la communication moyennant les réseaux sociaux. Chacune fournit, à sa manière, des détails qui lui sont favorables concernant les accrochages. Ainsi, concernant la prise de la ville de Bourem, l’armée malienne «parle de la mort d’au moins 10 militaires et de l’élimination de 46 ‘‘terroristes’’, dont trois responsables, dans une attaque complexe aux véhicules pigés, menée mardi par plusieurs terroristes dans la localité de Bourem dans le nord du Mali».
La CMA, quant à elle, affirme la prise de contrôle de la ville de Bourem et l’élimination et la capture de dizaine d’officiers de l’armée malienne et Wagner. Jeudi dernier, des tirs d’obus ont ciblé la ville de Tombouctou, faisant deux morts et cinq blessés. La situation dans le nord du Mali va en s’aggravant, face à un silence intrigant de la communauté
internationale…