Après nombre d’ONG et institutions régionales, à leur tête l’Union africaine (UA) qui se dit vivement interpellée par la multiplication, ces derniers jours, des accusations, via les réseaux sociaux, de maltraitances et de comportements discriminatoires, xénophobes et racistes dont ont été victimes plusieurs centaines d’Africains, pour la plupart des étudiants, qui, fuyant la guerre en Ukraine, tentaient de quitter les zones touchées par le conflit, de franchir les frontières vers les pays voisins, la Roumanie et la Pologne, notamment, et de chercher une assistance vitale, c’est au tour de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) d’exprimer sa préoccupation à l’égard de cette violation caractérisée du droit international.
Réagissant au «traitement différent inacceptable», «choquant», «raciste», dénoncé depuis maintes tribunes, l’organisation onusienne, qui veille à la protection des droits de tous les migrants dans le monde, se dit «alarmée par les informations crédibles et vérifiées faisant état de discrimination, de violence et de xénophobie à l’encontre de ressortissants de pays tiers qui tentent de fuir le conflit en Ukraine».
La discrimination fondée sur la race, l’ethnie, la nationalité ou le statut migratoire est inacceptable, insiste l’OIM, qui déplore de tels actes, appelant «les Etats à enquêter sur ces faits et à y remédier immédiatement», dans une déclaration de son directeur général, Antonio Vitorino, publiée sur son site internet le week-end dernier.
Et d’exhorter les Etats voisins à «veiller à ce que toutes les personnes fuyant l’Ukraine bénéficient d’un accès sans entrave au territoire, quel que soit leur statut et conformément au droit international humanitaire» et à assurer «une protection et une assistance immédiate de manière non discriminatoire et dans le respect des spécificités culturelles, conformément à l’impératif humanitaire, à toutes les personnes touchées par le conflit tout au long de leur parcours vers la sécurité».
Saluant, dans la foulée, la proposition de la Commission européenne qui consiste à activer la directive sur la protection temporaire pour aider les personnes fuyant l’Ukraine, l’OIM estime que les Etats membres sont, toutefois, tenus de «garantir l’inclusion des ressortissants de pays tiers dans ces mesures de protection». L’organisation basée à Genève réitérera sa détermination ainsi que sa disponibilité à aider «ses Etats membres et ses partenaires à fournir une réponse inclusive aux besoins humanitaires et à la crise en Ukraine, conformément aux pratiques internationalement reconnues, prises en compte dans les directives pour la protection des migrants dans les pays en proie à un conflit ou à une catastrophe naturelle».
Grâce à un processus consultatif large et inclusif tenu en 2015-2016, a été entreprise l’initiative Migrants dans les pays en crise (MICIC) dans le cadre de laquelle ont été élaborées des lignes directrices destinées à protéger les migrants dans les pays en situation de conflits ou de catastrophe naturelle.
Comprenant une dizaine de principes/préceptes fondamentaux et transversaux, ces lignes directrices proposent des conseils pratiques aux parties prenantes, tant au niveau local, national, régional qu’international sur la manière de se préparer et de répondre aux crises, tout en garantissant la protection des migrants, à tirer parti de leurs capacités et à aider les communautés à s’en remettre, et ce, à travers des actions concrètes post-crise.