L’équipe d’historiens algériens, conduite par Mohamed Lahcen Zeghidi, invite la partie française à transmettre au président Emmanuel Macron ses préoccupations en matière de restitution de biens culturels, archivistiques et autres.
L’Algérie soumet officiellement une liste de biens historiques, culturels et archivistiques devant être récupérés à la France officielle. La demande a été introduite par les membres algériens de la Commission mixte algéro-française sur l’Histoire et la Mémoire, à l’occasion de sa 5e rencontre tenue à Alger du 20 au 24 mai. «La partie algérienne présente une liste ouverte de biens historiques et symboliques de l'Algérie du XIXe siècle, conservés dans différentes institutions françaises, proposés à la restitution à l’Algérie sous forme de gestes symboliques», indique un communiqué de la Commission rendu public hier.
Selon la même source, l’équipe d’historiens algériens, conduite par Mohamed Lahcen Zeghidi, «invite la partie française à transmettre ses préoccupations en matière de restitution de biens culturels, archivistiques et autres». «La partie française accepte et s’engage à transmettre au président Emmanuel Macron la liste transmise par la partie algérienne afin que les biens qui peuvent retrouver leur terre d’origine puissent l’être le plus rapidement possible», lit-on dans ce communiqué, qui ne précise pas le nombre de biens réclamés par l’Algérie.
Lors de sa précédente rencontre tenue en France, la Commission, rappelons-le, avait cité « l’épée, le burnous, Le Coran, la tente et les canons de l’Emir Abdelkader, la tente d’Ahmed Bey ainsi que la clé et les étendards de Laghouat».
Toujours concernant leur mission, les membres de cette instance, selon le même communiqué, ont formulé «le vœu que le traitement du dossier mémoriel réponde aux aspirations des peuples algérien et français». Ils mettent l’accent, dans ce sens, «sur la nécessité de poursuivre les négociations dans le cadre du groupe de discussion mixte algéro-français sur la question des archives».
«Des actions tangibles»
A cet effet, précise la même source, la Commission mixte algéro-française «s’accorde pour poursuivre et parachever la chronologie relative aux domaines militaire, politique, économique, social, culturel et humain au cours du XIXe siècle».
«Elle salue la coopération en matière de restauration et de numérisation, d’échanges d’expériences, de bibliographie, d’échanges scientifiques (étudiants et chercheurs) et culturels, de valorisation de lieux de mémoire en Algérie et en France, de la numérisation des registres d’état civil et des registres des cimetières français en Algérie, des cimetières algériens du XIXe siècle en France, de création d’un portail numérique et d’organisation de rencontres scientifiques», souligne le communiqué.
Par ailleurs, la partie française, ajoute le document, «propose à la partie algérienne un préprogramme de rencontre scientifique, notamment consacrée aux archives pour l’année universitaire 2024-2025», considérant que «l’institutionnalisation de collaborations étroites sera très profitable, notamment à la jeunesse de nos deux pays».
Emettant le vœu de «donner corps à la Déclaration d’Alger d’août 2022 (entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, ndlr) et que les missions imparties à la Commission mixte se concrétisent», les historiens des deux pays mettent l’accent sur «la mise en œuvre d’actions tangibles». «Et cela pour concrétiser la volonté active et forte de prendre en compte toutes les dimensions de l’histoire de la période coloniale pour mieux aller de l’avant», a indiqué la Commission, qui tiendra sa prochaine rencontre en France au début du mois de juillet 2024.
Dans son message à l’occasion de la commémoration des massacres du 8 Mai 1945, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, avait affirmé que «le dossier de la mémoire est inaliénable et imprescriptible, et ne peut faire l’objet de concession ou de marchandage». «Il restera au centre de nos préoccupations jusqu’à ce qu’il jouisse d’un traitement objectif, audacieux, qui rende justice à la vérité historique», avait-il souligné.
Il avait insisté, dans le même cadre, «sur la crédibilité et le sérieux» qui sont, selon lui, «une revendication fondamentale en vue de parachever les mesures et les démarches inhérentes à ce dossier sensible et délicat et à ce qu’il représente pour le peuple algérien fier de son long parcours militant national et de sa lutte armée amère».