Commerce extérieur : Entre promotion des exportations et besoin de régulation

24/09/2024 mis à jour: 06:30
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La politique d’encouragement des exportations hors hydrocarbures semble avoir besoin de quelques ajustements à l’effet de ne pas déboucher sur des résultats contraires à ceux poursuivis. 

C’est du moins ce qui ressort du dernier Conseil des ministres où Abdelmadjid Tebboune a demandé, selon un communiqué rendu public, «la préparation d’un décret présidentiel réglementant le commerce extérieur, y compris les opérations d’exportation, qui nécessitent de minutieuses études de faisabilité financière et économique du marché national et international, afin que l’exportation ne devienne pas une malédiction et une source de pénurie et de déséquilibre du marché national». 


Visiblement, après avoir permis la facilitation de l’acte d’exporter, l’Exécutif se voit contraint d’affiner sa stratégie de façon à ce que cela ne soit pas fait au détriment de la satisfaction du marché intérieur. Il y est fait état de la nécessité d’effectuer de «minutieuses études de faisabilité financière et économique du marché national et international». En somme, l’Etat a tout simplement besoin d’assurer une de ses principales missions à savoir, la régulation. Le texte en question prévient en effet contre le risque de «la pénurie» et du «déséquilibre du marché». 

Des opérateurs économiques se seraient-ils déjà laissé tenter par un acte d’exportation lorsqu’il eut fallu alimenter le marché local ? La question se pose. Il s’agit là d’un des aspects importants de la régulation dont doit bien se doter l’Etat pour avoir une idée plus appropriée sur le marché de l’offre et de la demande. Des mécanismes sont en effet nécessaires pour réagir face à des situations de production différentes selon qu’elles soient en excès ou insuffisantes.


L’Exécutif, pour relever l’immense défi de la diversification de l’économie, s’est appuyé sur la politique de la promotion des exportations durant ces dernières années. En tout cas, la Banque d’Algérie a détaillé les exportations hors hydrocarbures dans son dernier rapport annuel de juin 2024 retraçant l’évolution économique et monétaire de 2023. «Les exportations de biens hors hydrocarbures affichent 5,058 milliards de dollars à fin décembre de l’année 2023 contre 5,978 milliards de dollars durant la même période de l’année écoulée, soit une baisse de 919 millions de dollars (- 15,4 %). Cette baisse en valeur intervient suite au recul des exportations de demi-produits et ce, en dépit de la hausse appréciable des exportations de biens alimentaires (+ 159 millions de dollars) et de l’électricité (+ 123 millions de dollars).»

Selon le rapport, la décomposition des exportations de biens par groupes de produits fait ressortir la prédominance de quatre groupes de produits au sein des exportations de biens hors hydrocarbures à savoir : les «demi-produits», les «biens alimentaires», «l’électricité», et les «produits bruts».

 Les exportations de demi-produits, qui représentent 78,6% des exportations de biens hors hydrocarbures, ont baissé de près de 21,8 %, passant de 5,086 milliards de dollars à fin décembre 2022 à 3,977 milliards de dollars à fin décembre 2023. A l’intérieur de ce groupe de produits, les exportations de fertilisants ont enregistré la plus importante baisse (-1,556 milliard de dollars) pour atteindre 1,687 milliard de dollars à fin décembre 2023 contre 3,243 milliards de dollars à fin 2022. 

Il y a lieu de rappeler que le prix du gaz naturel représente près de 80% du coût de fabrication des engrais azotés et que ce dernier a enregistré une baisse importante sur les marchés mondiaux au cours de l’année 2023. Par conséquent, les prix mondiaux des fertilisants ont été fortement impactés à la baisse durant cette période. 

Avec une part de 8,5% des exportations de biens hors hydrocarbures, les exportations de biens alimentaires ont progressé de près de 159 millions de dollars (+ 59,1%) passant de 269 millions de dollars à fin décembre 2022 à 428 millions de dollars à fin décembre 2023. L’essentiel de cette hausse s’explique par la progression des exportations du sucre de 154 millions de dollars (89 millions de dollars à fin décembre 2022 contre 243 millions de dollars à fin 2023).

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