Comment sauver les entreprises publiques ?

18/06/2022 mis à jour: 01:06
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L’actualité économique algérienne est rythmée par des mesures visant à améliorer l’environnement de l’investissement, mais aussi par les incessantes tentatives de sauvetage du secteur public marchand. 

Un secteur qui compte plus d’un millier d’entreprises publiques défaillantes, lesquelles emploient près d’un demi-million de personnes, qui se retrouvent en situation d’extrême vulnérabilité. Criblées de dettes et affaiblies par des années de mauvaise gestion, ces entreprises sont à l'agonie. 

Sur 51 entreprises publiques qui sont à l’arrêt en raison de difficultés financières, 15 sociétés reprendront leurs activités avant la fin de l'année en cours, grâce à des plans de redressement qui viennent d’être approuvés par le Conseil de participation de l'Etat. 

Les mécanismes de sauvetage mis en branle depuis les années 1990 avaient, jusque-là, tous pâti d’une erreur fondamentale de vision à long terme. Ce que porte ce nouveau «parachute de secours», c’est qu’il promet surtout d’inclure un audit financier, la nomination de nouveaux gestionnaires appelés à signer un contrat de performance et, enfin, la mobilisation de financements bancaires nécessaires au redémarrage des activités, dont notamment la prise en charge des arriérés de salaires des travailleurs. 

Ce renflouement de la trésorerie de ces entités publiques, prévu après un audit précis, doit définitivement permettre une gestion saine de ce secteur public marchand, car l’Etat ne doit plus continuer à dépenser à perte et sans compter l’argent du contribuable. 

Les banques publiques ne doivent plus prêter de l’argent qui ne sera jamais remboursé. Pour les experts, l’audit financier de ces entreprises en difficulté doit être accompagné d’une étude complète du marché et d’un contrôle technique pour s’enquérir précisément des capacités réelles de production. 

Ces trois études doivent être réalisées sereinement par des experts indépendants, qui doivent présenter leurs résultats au Conseil de participation de l'Etat, lequel pourra ainsi décider en ayant toutes les informations en main : soit restructurer, redéployer ou encore privatiser ces entreprises publiques. En cas de privatisation, le processus se fera par l’introduction en Bourse d’une partie du capital de ces entreprises étatiques. 

L’Etat doit privatiser en priorité là où des risques financiers existent pour les contribuables et où les tâches peuvent être mieux accomplies par des acteurs privés que par des entreprises publiques. Sous couvert d’une notion de service public rarement motivée politiquement et extrêmement large, le nécessaire développement économique de ces entités est entravé et retardé. 

Il est temps de s’armer de courage politique pour définir ce qui relève du service public, susceptible d’être subventionné le cas échéant, et ce qui ne l’est pas. 

Ce qui ne relève pas du service public devrait être soumis à la concurrence. Il est nécessaire de revoir de fond en comble le rôle que l’on veut voir jouer par le service public en entreprenant des réformes clairvoyantes. 

En fin de compte, il n’y a pas d’autre solution que de mener un débat sur le niveau du service public que nous voulons à l’avenir et sur qui doit le financer. 

La réforme du secteur public marchand, qui ne passe pas forcément par un sauvetage des infrastructures critiques, est moins coûteuse que ce qu’occasionneraient leur faillite et les effets négatifs sur l’économie nationale.

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