Lutter contre le trafic de drogue et faire face aux désastreuses conséquences sociales de sa consommation sont des priorités majeures qui doivent engager les efforts compris des autorités publiques et de la société.
Les campagnes de sensibilisation et d’alerte sur les impacts mortels du phénomène sur la cohésion de la communauté, la sécurité et la santé publiques, l’économie… n’en feront jamais assez.
Les saisies quasi quotidiennes de cannabis et de psychotropes, en des quantités en constant accroissement, indiquent sans doute une efficacité des dispositifs de lutte sécuritaire sur le terrain.
Il est aisé de constater en effet, et dans les grandes agglomérations urbaines notamment, un régulier déploiement policier spécialement orienté vers la lutte contre la consommation de drogue et le démantèlement des réseaux qui sous-traitent le trafic dans les quartiers. Les saisies opérées par les services de l’Anp aux frontières sont par ailleurs aussi régulières qu’importantes.
Mais les chiffres disent aussi une prospérité effrayante de ce sinistre négoce et une capacité des réseaux de trafic, souvent en bout de chaîne de puissants réseaux maffieux à l’international, à muter et résister aux efforts de lutte, malgré les sérieux coups portés.
L’on apprend donc que le cannabis marocain se risque beaucoup moins à prendre la frontière ouest, pour inonder le pays, mais descend plus au sud pour profiter des angles morts de certains no man’s land au Sahel, puis remonter vers l’Algérie.
Des «laboratoires» en Libye, Niger, Mali, s’impliquent également dans l’industrie de ces psychotropes détournés de leur vocation médicale, et ces mélanges explosifs qui finissent en produits prisés par les grands et petits barons locaux.
Ces derniers sont de plus en plus nombreux et de moins en moins visibles, tant ils se confondent dans la dense démographie juvénile des quartiers de nos cités. Dans celle des écoles et des universités aussi, comme nous l’apprennent des sondages de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONCDT).
Il suffit de prêter l’oreille, sinon, aux témoignages d’enseignants, notamment dans les établissements de certains quartiers «difficiles» de la capitale, pour se rendre compte des taux de pénétration effrayant du phénomène dans le milieu.
Les petits barons de la drogue ciblent des catégories de plus en plus jeunes et des lieux jusque-là symboliquement interdits. Une tendance qu’il faudra vite inverser.
C’est peut-être dans le secteur de l’enseignement, des bancs des écoles jusqu’aux universités, que réside l’une des clés maîtresse de la lutte contre le fléau. Près de 13 millions de jeunes Algériens sont inscrits au niveau des établissements scolaires et dans les universités, cette année.
Ils y vont tous les matins et y passent leurs journées. Quels autres lieux les rassemblent plus, de manière aussi régulière et aussi organisée ? Ce potentiel peut être capitalisé dans des stratégies de lutte continue et axée sur la prévention et, pourquoi pas, la prise en charge et l’orientation des cas de toxicomanie déclarés.
La tâche, bien entendue, ne devrait pas et ne pourrait pas d’ailleurs reposer sur les seuls personnels et moyens des deux secteurs, déjà demandant à être renforcés, notamment dans l’Education. Elle devrait engager la contribution solidaire d’autres départements selon un plan de lutte ciblé avec des objectifs sur le moyen et le long termes.