La pensée africaine et l’affirmation de soi au XXIe siècle», intitulé du premier colloque marquant l’ouverture des activités de l’espace africain au 26e Salon international du livre d’Alger (SILA), a été animé, jeudi, à Alger, par un panel d’écrivains et universitaires africains, qui ont plaidé pour la richesse et la pluralité culturelle de l’Afrique, comme «facteur d’unité et de développement autonome».
Programmé dans le cadre du 26e SILA qui accueille l’Afrique en invité d’honneur, ce premier colloque, a révélé la richesse et la diversité culturelles de ce grand continent, berceau de l’humanité, portées, le temps d’une rencontre, avec toute la détermination morale et intellectuelle par le Djeli Ibrahima Soumano du Mali, la romancière Calixthe Beyala du Cameroun, la chercheure-sociologue sénégalaise, établie au Canada, LY-Tall Aoua Bocar, l’écrivain et ancien ministre béninois, Kakpo Mahougnon, le directeur de la librairie l’Harmattan-Guinée, Sansy Kaba Diakite et l’écrivain-universitaire, responsable du Pôle Afrique au 26e SILA, Benaouda Lebdai.
Les intervenants ont mis en avant la pensée africaine depuis sa genèse au XIXe siècle comme «projet fédérateur porté par le panafricanisme», rappelant le rôle de l’Algérie qui, selon eux, «a toujours tenu haut le flambeau de la résistance africaine». Premier à intervenir, le Djeli Ibrahima Soumano a souligné l’«importance de la tradition orale en Afrique et le rôle social du djeli ou du griot», garants de maintenir, entre autres, le «lien avec l’ancestralité», dont la noble mission est de «préserver la mémoire collective», un rôle de tout temps régi en hiérarchie sociétale intergénérationnelle qui a servi à consolider les liens et faire naître dans les esprits la notion du vivre-ensemble. De cette manière d’organiser la société qui se base sur la famille comme premier maillon d’une société unie qui aspire vers un avenir meilleur, les Africains doivent prendre conscience de l’«idée de la nation», l’objectif étant d’«arriver à construire les Etats-Unis africains», a affirmé Calixthe Beyala.
Lors de ce colloque, l’accent a également été mis sur la nécessité de poursuivre la dynamique de rapprochement entre les peuples du continent africain qui «reposent sur un même socle culturel», au regard des «nombreuses similitudes dans les contenus des discours», au-delà même de la différence des langues, ont encore expliqué les différents intervenants, citant pour exemple le griot, équivalent d’el goual dans les sociétés maghrébines.
Actuellement, la jeunesse est plus que jamais convaincue par l’idée de mettre en action la pensée africaine qui jouit de plusieurs socles communs, historique, architectural, culturel et humain, cette mise en action de la pensée africaine étant une alternative louable, capable d’aboutir le projet panafricain et arriver à l’affirmation de soi, sans pour autant exclure l’autre, ont martelé les conférencier. «L’homme est dans le nom qu’il porte et la langue est pour lui une archive culturelle intarissable», a estimé, pour sa part Kakpo Mahougnon, relevant que les différents parlers locaux recèlent les us et coutumes de leurs communautés linguistiques respectives, appelées à se retrouver pour constituer une seule et unique entité, «forte par ses racines et grande par ses ambitions légitimes», a-t-il ajouté.
Par sa singularité et ses aspects immatériels et exclusifs propre aux humanités de chaque peuple, «la culture a de tout temps été un facteur déterminant de la souveraineté des peuples et des nations», a-t-on estimé lors des débats qui ont suivi le colloque. Présente à ce colloque, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a rappelé que «l’Afrique, invité d’honneur du 26e SILA était une opportunité de plus pour célébrer la grandeur et la richesse patrimoniale et culturelle du continent africain, réitérant la volonté de l’Algérie à poursuivre ses efforts à aller de l’avant pour son unité et son développement». Des ambassadeurs et représentants de différentes missions diplomatiques africaines accréditées à Alger ont assisté à ce colloque qu’ils ont enrichi par leurs interventions durant le débat.
Le pavillon central du 26e SILA accueille l’espace africain qui abritera jusqu’au 2 novembre, d’autres rencontres avec des écrivains de divers pays africains ainsi que des colloques, notamment sur la communauté soufie algéro-africaine, le leader sud-africain Nelson Mandela (1918-2013) à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, et «L’héritage de Frantz Fanon (1925-1961) dans le monde». Le 26e SILA est ouvert au public tous les jours de 10h à 22h, jusqu’au 4 novembre au Palais des expositions à Alger.