«Devenir et être enseignant en Algérie», itinéraire de formation et expérience des premières années d’enseignement», est un ouvrage récemment publié par le Crasc d’Oran.
Coécrit par l’ancienne ministre de l’Education nationale et experte en sociologie de l’éducation, Dr Nouria Benghabrit-Remaoun, et l’enseignante chercheuse et spécialiste en sciences de l’éducation, Dr Zoubida Rabahi-Senouci, il s’articule autour de trois chapitres et concentre l’attention sur la nécessité de la prise en charge pédagogique de la formation de l’enseignant-stagiaire et du tuteur au niveau des établissements scolaires.
Partant d’une rétrospective chiffrée des dispositifs mis en place par l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, les auteures mettent en exergue la profondeur d’une investigation dans des écoles normales supérieures (ENS) et ENSET, à travers l’observation, l’analyse et les propositions.
Issu de la conduite de deux projets de recherche menés entre 2011 et 2019, cet ouvrage compile principalement une série d’enquêtes auprès de ces deux acteurs, ainsi que d’inspecteurs activant dans les trois paliers de l’éducation nationale, que sont le primaire, le moyen et le secondaire.
Une approche professionnalisante s’impose, car «l’enjeu aujourd’hui est de donner du contenu à la figure du professeur formateur en focalisant sur les tâches à réaliser et sur le changement de sa professionnalité», ce qui permet d’avoir un encadrement plus performant, en tout cas efficient des enseignants-stagiaires.
Les auteures avancent ainsi l’idée de «l’impossibilité d’une école de qualité sans une focalisation sur la formation des enseignants». «La maîtrise du métier dépend aussi de la compétence des personnes qui les aident à faire leurs premières expériences de la classe.
Pour cela, une nécessité s’impose ; celle de construire un profil d’enseignant-chercheur formateur au niveau des écoles normales et pas seulement celui d’enseignants chercheurs de type universitaire», argumentent les auteures. Traiter d’une problématique de l’enseignement en Algérie relève d’un défi multidimensionnel, non seulement didactique et pédagogique, mais également managérial et communicationnel.
Les points forts de l’expérience
La recherche euristique et les nombreuses références documentées que les auteures présentent sont autant de sources pertinentes pour les chercheurs et intervenants dans le domaine de l’éducation. Elle les dote également d’un résultat de «benchmarking » qui aide à positionner la formation des enseignants-stagiaires et des tuteurs, en référence à d’autres systèmes de formation de par le monde.
Aussi est-il rappelé qu’à «l’instar des autres systèmes d’éducation, où s’observe la tendance sur le plan pédagogique du paradigme de l’enseignement […] au paradigme de l’apprentissage, la réforme de 2003 met en avant le paradigme socio-constructiviste en passant d’une pédagogie par objectifs à une approche par compétences». La pierre angulaire de l’ouvrage se trouve dans les questionnements mêmes du «devenir enseignant» et d’«être enseignant» en Algérie.
A ce niveau, les deux chercheures exploitent les données ainsi que la vision des enquêtés pour mettre en lumière les points forts de l’expérience d’une part et ceux du diplôme d’autre part ; ceci tout en soulignant les écarts entre la théorie et la pratique de la classe.
L’ouvrage est en grande partie un document didactique au sens où il recense, analyse et propose des outils tendant vers une formation professionnalisante des enseignants-stagiaires et des tuteurs, surtout qu’il révèle que 93,4% des tuteurs déclarent «n’avoir jamais bénéficié d’une formation spécifique à la prise en charge des stagiaires».
S’il est évident que la formation est un processus confronté à une perpétuelle évolution amélioration, les auteures plaident pour une «approche prospective dans la gestion de la ressource humaine, à même d’anticiper et éviter de faire face aux situations d’urgence» aux conséquences souvent difficilement réparables.