La Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) de Constantine a tiré la sonnette d’alarme sur les cas de fraude aux prestations de la Sécurité sociale, ainsi que sur leur impact financier et social.
C’est lors d’une conférence de presse animée, hier, au siège de la Caisse que la situation critique a été révélée. Les voyants virent à l’orange. Les facilitations d’accès aux prestations ont finalement ouvert le champ à de nombreux cas de fraude, exigeant de la CNAS de revoir ses méthodes de contrôle. L’usage frauduleux de la carte Chifa a été mis en avant.
Cette pièce purement personnelle est utilisée parfois par plusieurs individus, entraînant des conséquences fâcheuses à son propriétaire. «Je cite, par exemple, l’utilisation de la carte Chifa pour avoir de l’insuline, où nous avons enregistré 49 cas de fraude. Cette pièce est utilisée un peu partout et dans des wilayas limitrophes à Constantine. La CNAS a déposé plainte», a déclaré Hichem Messaadia, directeur par intérim de la CNAS de Constantine.
Selon Slimane Omrane, responsable du service contentieux, cet usage frauduleux peut se faire à titre individuel ou par des réseaux de trafic. «Ceci impacte financièrement la Caisse et la société, surtout que l’insuline est liée aujourd’hui à des affaires de drogue. Il s’agit d’une transgression de la loi, passible de prison et de lourdes amendes. C’est pourquoi en tant qu’administration nous sensibilisons les citoyens», a-t-il souligné.
Pour sa part, Redha Nouasria, sous-directeur du contrôle médical, estime que l’impact financier est inadmissible, au vu du nombre de diabétiques. «En 2023, nous avons recensé plus de 500 000 ordonnances médicales. La wilaya compte 170 000 malades chroniques. S’il y a une mauvaise utilisation, il y aura un déficit. Même les autres malades seront pénalisés», a-t-il conclu.
S’il n’y a pas de contrôle strict pour mettre un terme à cette fraude à l’échelle nationale, la CNAS risque de connaître des difficultés financières. Par les chiffres, la wilaya de Constantine compte à elle seule 522 établissements conventionnés, dont des pharmacies, des cliniques, des médecins et autres. Les conventionnés ont établi 1 809 983 factures.
Le chiffre de remboursement de ces factures enregistrées jusqu’au 31 octobre dernier dépasse 10 milliards de dinars, dont 9 milliards pour les pharmacies d’officine. «Nos dépenses, y compris ce qui a été cité et celles concernant tous les risques confondus, sont estimées à 1595 milliards de centimes. Sachant qu’il y a encore des instances à traiter. Pour les cotisations ouvrant droit aux prestations, nous avons un total de 16 milliards de dinars», a alerté Hichem Messaadia, estimant que la lutte contre la fraude évitera à la Caisse d’aller droit dans le mur.