Le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a qualifié d’«insupportable» le silence de la communauté internationale face à la tragédie que vit le peuple palestinien.
La 20e session de la réunion des ministres des Affaires étrangères africains et nordiques s’est achevée hier à Alger dans une ambiance qualifiée d’«harmonieuse et conviviale» par le ministre des Affaires étrangères (MAE), Ahmed Attaf. S’exprimant hier à la fin des travaux qui ont duré deux jours, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que «le message le plus important» qui s’est dégagé de cette réunion consultative entre les pays africains et ceux de l’Europe du Nord est celui de «la promotion du dialogue» et du «partenariat» dans un contexte tendu aussi bien au niveau international que régional.
«Il est extrêmement important que ce message soit émis par un rassemblement qui comprend des pays connus pour leur attachement aux principes et aux valeurs consacrés dans la Charte des Nations unies, et des pays entretenant des relations historiques de solidarité dont les racines remontent à l’époque des luttes contre le colonialisme et contre la discrimination raciale sur notre continent africain», a souligné M. Attaf, pour lequel, les travaux de cette réunion ont mis en lumière «les défis sans précédent» qui se posent à l’humanité, avec «un système international presque paralysé», des relations internationales «caractérisées par des troubles et de la polarisation» et une réalité continentale «alourdie par des crises multiples, des conflits et des menaces terroristes qui s’aggravent, notamment dans la région du Sahel».
«Un silence insupportable»
«Nos consultations ont abouti à la nécessité d’œuvrer pour transformer ces défis en opportunités de coopération et de partenariat, et utiliser l’énorme énergie des jeunes en Afrique d’une manière qui serve nos aspirations et objectifs communs dans les domaines de la paix, de la sécurité et du développement durable», a-t-il soutenu.
Le MAE a affirmé que les participants à cette réunion ont réitéré leur «engagement» en faveur d’«une action internationale multilatérale» et d’«un système international fondé sur des règles claires et équitables auxquelles sont tenues de se conformer toutes les nations de manière égale, en tant que pays ayant une voix entendue, une sécurité garantie, une souveraineté sauvegardée et des intérêts respectés».
«Il ne fait aucun doute que notre monde d’aujourd’hui a cruellement besoin de défendre ces valeurs, alors que nous assistons au retour à la logique de ''l’écrasante minorité aux dépens de la majorité opprimée'' et à la logique du deux poids deux mesures face aux crimes les plus odieux commis contre un peuple tout entier, comme le massacre qui a frappé notre peuple à Ghaza, dans un terrible silence international», a-t-il poursuivi tout en dénonçant le silence complice de la communauté internationale.
«C’est comme si la communauté internationale disait : silence, il y a un peuple qu’on tue ! Silence, il y a un peuple qu’on détruit ! Silence, il y a un peuple qu’on pousse à l’exil ! Silence, il y a un peuple qu’on extermine !», a-t-il enchaîné, considérant qu’un tel silence face à la tragédie que vit le peuple palestinien est «insupportable». Aussi, a-t-il ajouté, les violations du droit international, y compris dans son chapitre humanitaire «sont inacceptables» et «fermer les yeux sur le génocide complet qui a lieu à Ghaza ne peut pas servir la sécurité de la région ».
Sortir du conjoncturel
Revenant sur les travaux de la réunion ministérielle, le chef de la diplomatie algérienne a mis l’accent sur la nécessité de développer la coopération Afrique-Europe du Nord «pour former un modèle à suivre dans le cadre plus large du partenariat Nord-Sud, en soutenant le principe d’appropriation africaine et en accompagnant les objectifs et les priorités du continent, tels que définis dans l’ambitieux Agenda 2063.
Mais pas seulement. M. Attaf a relevé également l’importance d’appuyer les efforts visant à apporter des solutions africaines aux problèmes africains, à travers notamment des mécanismes d’aide plus adaptés aux exigences de la situation continentale en matière de maintien de la paix et de la sécurité.
Le chef de la diplomatie a en outre plaidé pour une coopération et une coordination durables entre l’Afrique et les pays nordiques. «La coopération et la coordination entre nos pays doivent aller au-delà du conjoncturel et ne doivent pas se limiter à cette réunion annuelle. Au contraire, les relations distinguées qui unissent nos pays doivent étendre leur impact constructif et positif aux forums internationaux, en particulier aux Nations unies, où nous pouvons travailler ensemble en tant que bloc homogène pour redonner leur place aux principes et objectifs consacrés dans le Charte des Nations unies», a-t-il appelé.
De son côté, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, a exprimé sa satisfaction des conclusions auxquelles a abouti cette réunion et réitéré la détermination des pays nordiques à renforcer leur coopération avec l’Afrique dans tous les domaines. Le chef de la diplomatie danois a par ailleurs dénoncé le bombardement des forces d’occupation israéliennes d’un hôpital à Ghaza, réaffirmant le soutien de son pays à une solution au conflit en Palestine à travers la création de deux Etats.
«Israël doit respecter le droit international et humanitaire. Nous vivons une période difficile et je suis touché par le bombardement qui a visé un hôpital à Ghaza. La situation des civils est extrêmement difficile et ils ont besoin d’aide», a-t-il déclaré, annonçant que son pays est sur le point de dégager une aide financière pour la prise en charge des blessés à Ghaza.