Le rideau est tombé sur les Journées internationales de la marionnette et le théâtre d’objets à Constantine, laissant derrière elles un écho vibrant et des souvenirs enchantés.
Cette première édition, rassemblant artistes et passionnés de cet art minutieux en provenance de divers horizons, a offert au public constantinois une immersion rêveuse au sein d’un univers animé par les fils et le bois. Le théâtre régional de Constantine Mohamed-Tahar Fergani, métamorphosé en écrin féerique, a accueilli durant cinq jours, du 19 au 23 décembre, des spectacles enchanteurs où les marionnettes, mues par des mains expertes, ont donné vie à des histoires aussi anciennes que l'humanité.
Les marionnettistes, véritables magiciens des fils, ont su captiver petits et grands, les transportant dans des univers fantastiques où l'impossible devenait réalité. La cérémonie de clôture, inaugurée lundi à 15 heures, a débuté par le spectacle Hikayat (contes NDLR), présenté par l’association Skemla Bou Ismail de Tipaza. Tantôt lyriques, tantôt empreints d’humour, ces récits ont brillamment exalté la richesse des cultures et des expressions artistiques, révélant la profondeur humaine et inculquant des valeurs avec une subtilité saisissante.
Au travers des personnages hybrides que sont les marionnettes, l’émerveillement s’est métamorphosé en réflexion. Une marionnette de grand-mère, figure de tendresse et gardienne de la terre, a invité à la contemplation, tandis que Mokrane, vieil homme solitaire, veillant sur une fleur symbolisant l’espoir, incarnait la mélancolie et l’attachement aux souvenirs.
Le passé magnifié
Sur fond de nostalgie, une vieille radio -relique des temps passés- a évoqué les liens indéfectibles entre les générations. Les ondes de cette radio ont aussi porté le message du soutien indéfectible de l’Algérie à la cause palestinienne, rappelant le discours historique de Yasser Arafat à Alger en 1988, annonçant la création de l’État palestinien. Mehdi Kasdi, président de l’association Skemla Bou Ismail, a précisé à El Watan : «Ce spectacle éducatif a su introduire ces thématiques complexes à travers des outils ludiques, permettant aux enfants de s’imprégner de ces messages avec profondeur.» Les représentations étaient d’une richesse saisissante, présentant trois techniques de marionnettes (table, à fils et à porter) dans une mise en scène symbolique équilibrée.
Les marionnettes du peintre et du violoniste ont souligné l’importance du développement du talent et de la créativité chez l’enfant, appelant également les parents à encourager cette quête artistique. «Même si l’enfant excelle dans ses études, il ne doit pas abandonner son talent, mais au contraire l’embrasser et le cultiver», a déclaré Kasdi.
Le passé de Constantine, magnifié avec poésie et simplicité, a été un autre temps fort de ces spectacles. «Cette ville n’appartient pas uniquement à ses habitants. Elle est un patrimoine commun, une partie de notre identité nationale tout comme Oran, Alger, Annaba ou autres», a affirmé notre interlocuteur.
Les musiques traditionnelles, notamment A Vava Inouva d’Idir, ont été chaleureusement applaudies, scellant ainsi une communion entre le public et la scène. D’après Mehdi Kasdi, ce spectacle est le fruit de huit mois de recherche minutieuse, réalisé par une équipe dévouée et exerçant depuis environ 10 ans, comprenant notamment Anis Ramdani, Khalil Sebti, Sali Rayen et Ayoub Missioui. En témoignage de cette excellence, le prix du meilleur marionnettiste a été décerné à Mehdi Kasdi.
La clôture de ces journées s’est achevée sur autres spectacles d’environ 10 minutes et des hommages vibrants rendus aux artistes, organisateurs et partenaires, récompensés par les regards illuminés et les sourires du public. Ainsi s’est refermé le premier chapitre de ce festival prometteur, augurant des éditions futures tout aussi lumineuses. «Car la magie de la marionnette, loin de s’éteindre, continue de raviver les âmes et d’enchanter les cœurs», indique une des spectatrices présentes sur place.
Constantine
De notre bureau Yousra Salem