C’est dans une infinie tristesse qu’a été procédée l’inhumation des victimes des feux de forêt, un remake de l’année 2021 qui vit aussi des dizaines de personnes emportées par les brasiers.
De tels drames risquent de se reproduire chaque été dans un nouveau contexte planétaire d’installation d’épisodes caniculaires dépassant les 45 degrés. Rappelons-le, comme la terre se dérègle à grande vitesse du fait du dérèglement climatique, les éléments naturels, devenus instables et parfois violents, impactent sensiblement les populations.
Aucune région du monde n’est épargnée, certaines plus que d’autres, parmi elles le bassin méditerranéen, de par la proximité du désert saharien et la présence de plus en plus dense de l’anticyclone des Açores qui stoppe ou affaiblit les courants océaniques froids venus du Nord. Et les experts sont unanimes, l’Algérie, comme nombre de pays de la région, devra s’attendre à des apparitions régulières d’immenses incendies et de fortes inondations alimentées donc par les épisodes de canicule de plus en plus fréquents avec des niveaux de température jamais connus auparavant .
Le mois de juillet 2023 semble être un point de départ vers l’enfer. C’est assurément le plus grand défi qui attend l’Algérie déjà peu gâtée par la nature qui ne lui a offert qu’une minuscule bande côtière susceptible d’être mise en valeur pour l’agriculture et l’habitat. Tout le reste est constitué par un gigantesque désert et de larges plateaux semi-arides intermédiaires entre le Nord et le Sud.
En 2030, ce seront une cinquantaine de millions d’Algériens qui vivront dans ces zones mais la préférence des citoyens ira naturellement vers celles proches de la mer, plus clémentes que les autres, bien que soumises, elles aussi, aux aléas climatiques, notamment au niveau des contrées boisées.
Le phénomène des inondations les concernera aussi du fait de la forte concentration de l’habitat et du chaos urbanistique sédimenté au long des décennies passées. Les dégâts des eaux sont aussi ravageurs que ceux des feux. C’est le moment de tirer la sonnette d’alarme et d’aller vers la riposte.
La viabilité, voire la survie du pays, sont en jeu et les solutions ne peuvent intervenir que de la sphère politique décisionnelle. Certes, la lutte contre le réchauffement climatique concerne l’ensemble de la communauté internationale mais chaque Etat est tenu d’agir à son niveau, notamment l’Algérie, du fait de sa grande fragilité. Il n’est plus possible que ce soit une simple direction générale de la Protection civile qui ait la lourde charge de protéger les citoyens. Un grand ministère de souveraineté devra y être dédié, avec les mêmes moyens que le ministère de la Santé ou de l’Education, si ce n’est plus.
La dotation en avions spécialisés type canadair devra être conséquente et une nouvelle politique de préservation du patrimoine forestier devra voir le jour pour prendre en considération l’habitat intégré ou mitoyen.
Chaque début d’été, le débroussaillage devra être systématique comme le traçage de pistes coupe-feu. Le reboisement devra être de grande ampleur comme le fut le barrage vert des années 70, hélas vite abandonné. Les oueds ne devront plus être construisibles et attirer l’habitat précaire. Dans les ensembles urbains, les canaux d’évacuation d’eau des pluies devront être systématiquement traités afin de faciliter leur drainage.
Bien d’autres mesures sont susceptibles d’être prises à la faveur de larges concertations des professionnels et des experts. Celles-ci doivent être impulsées par les pouvoirs publics mais dans le cadre d’une nouvelle stratégie d’ensemble, extrêmement ambitieuse, englobant nécessairement les populations.