A quoi servira la 28e édition de la Conférence sur les dérèglements climatiques qui vient de se tenir à Dubaï sous l’égide de l’ONU ? Quelle utilité ont ces grandes rencontres sur l’urgence climatique qui se déroulent chaque année depuis 1995 ? La COP28 s’est soldée par un nouveau projet d’accord signé par près de 200 pays.
Le texte appelle les pays à «abandonner les combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050 en accord avec les recommandations de la science».
Aucune clause contraignante pour une sortie des énergies fossiles n’a pas été intégrée dans ce projet d’accord qui n’est finalement qu’un appel à la sensibilisation sans plus. Cet appel, qui ne contient aucun engagement, reconnaît implicitement le gaz comme «un des carburants de transition qui peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique». Cette conférence onusienne intervient dans un contexte marqué par la forte dépendance du monde vis-à-vis du pétrole et du gaz. En guise de «bonne conscience», les conférenciers ont appelé à tripler les capacités d’énergies renouvelables d’ici à 2030.
L’accord final comprend, certes, un engagement de 700 millions de dollars pour aider les pays pauvres frappés par une catastrophe climatique, mais élude complètement le besoin de financements pour aider ces même pays à abandonner les énergies fossiles. Les nations en développement, toujours dépendantes des combustibles fossiles pour leur énergie, leurs revenus et leurs emplois, se retrouvent sans garanties concrètes d’un soutien financier nécessaire pour leur transition urgente et équitable vers les énergies renouvelables. Ainsi, l’égoïsme des pays développés a provoqué la colère des pays africains qui réclament un soutien financier nécessaire pour leur transition.
Cette déclaration a tout de même un côté mystérieux : hormis l’Union européenne, quel intérêt ont les initiateurs de l’accord qui sont les Etats-Unis et les Emirats arabes unis à abandonner le pétrole et le gaz ? La COP28 a été organisée par un pétro-Etat, les Emirats arabes unis, et dirigée par le patron de la compagnie pétrolière Adnoc. Les Emirats arabes unis, qui ont accueilli le sommet, possèdent la cinquième plus grande réserve de pétrole et de gaz au monde.
Le président de la COP28, le sultan émirati Al Jaber, s’est illustré par un double jeu : tout en saluant l’accord «sans précédent» à l’issue de cette COP28, dans le même temps, il a clairement signifié que sa compagnie pétrolière, Adnoc, poursuivra l’investissement record dans la production pétrolière et gazière en prévoyant d’investir 150 milliards de dollars sur sept ans. Finalement, l’accord adopté à la COP28 n’aura que peu d’impact sur l’industrie pétrolière. L’Arabie Saoudite a d’ailleurs prévenu que cet accord n’aura aucun impact sur ses exportations. Le texte n’impose rien aux pays producteurs en se contentant de les appeler à réduire leurs émissions en fonction de leurs moyens et de leurs intérêts.
L’OPEP a déjà mis en garde qu’«une pression disproportionnée contre les combustibles fossiles pourrait atteindre un point critique avec des conséquences irréversibles et qu’il serait inacceptable que des campagnes à motivation politique mettent en danger la prospérité et l’avenir des pays producteurs de pétrole».