L’histoire des constructions illicites et des espaces annexés illégalement par les attributaires des lots de terrain remonte aux années fastes de l’agence foncière locale de Souk Ahras, qui prit depuis les années 1990 des allures de prébendes.
L’idée et les procédés seront savamment perpétués par les élus communaux du mandat 2012-2017, années des plus grandes affaires du foncier. Les cités Baoulou I et Baoulou II charrient encore des situations contentieuses, mais surtout des réflexes négatifs aussi graves que les piétinements répétés des espaces communaux et domaniaux.
Des habitants de la cité Baoulou I ont récemment pris attache avec El Watan pour dénoncer une récente prolifération des constructions illicites dans ce quartier où une véritable razzia sur les espaces publics est menée par des habitués des bidonvilles, selon nos interlocuteurs. «Depuis seulement un mois, ce sont plus d’une trentaine de bâtisses érigées avec des moyens humains et un équipement impressionnant.
Soit une moyenne d’une infraction par jour. L’acte le plus spectaculaire est visible du côté des logements AADL où une voie d’accès prévue dans le plan de masse vient d’être éliminée par l’effet desdites constructions», a dénoncé l’un d’eux.
Ils ont tous exprimé leur étonnement face aux comportements de ces constructeurs qui ne répondent guère au profil des personnes dans le besoin d’un logement. «Des bâtis d’un coût de plusieurs milliards de centimes, érigés, de surcroît, en moins d’une semaine, trahissent l’opulence de ces prédateurs du foncier», a lancé Abdelhamid N., un fonctionnaire outré par cette destruction programmée du tissu urbain de la ville de Souk Ahras.
Ces témoins oculaires dont les déclarations ont été vérifiées sur les lieux se démarquent de toute entité représentative et se disent animés dans leur démarche par une volonté de minimiser cette dilapidation des espaces publics. «Il y va de notre conscience collective et des impératifs d’une société qui doit s’impliquer dans toute opération de préservation des biens de la communauté», ont-il étayé.
Non loin des terrains mateco et au cœur même de cette cité, une autre construction illicite est présente tel un affront devant les passants et aucune partie n’a pu à ce jour œuvrer pour sa démolition. Son propriétaire serait un récidiviste notoirement connu pour ses accointances avec quelques exécutants.
Les opérations d’achat-vente sont monnaie courante du côté de la cité Baoulou I où les recycleurs du foncier ont établi leur circuit, courtiers et pourvoyeurs de fonds inclus. «Ce sont des constructions proposées à la vente au plus offrant et, croyez-moi, le marché est florissant par rapport aux prix habituels ; l’avantage dans ces transactions est que tout se passe dans l’informel sans charges financières, sans imposition, sans frais d’enregistrement ou de publication et plein d’autres détails que les tenants des affaires de ce genre savent mettre à profit», a fait savoir un témoin.
Lors d’une récente sortie, le wali de Souk Ahras a déclaré qu’aucun répit ne sera donné aux constructions illicites et que les opérations de démolition entamées depuis des mois seront maintenues. «Il est inadmissible de céder le terrain à cette catégorie de gens qui refuse de se conformer aux lois de la République et qui tente vainement d’imposer la politique du fait accompli devant les autorités locales.
Et là ce sont encore des constructeurs qui ne sont ni dans le besoin ni dans l’incapacité d’acquérir un bien immobilier avec leurs propres moyens», a-t-il indiqué avant d’instruire les instances communales et le chef de daira pour intensifier les mesures dissuasives.